Gaëlle Cannat, présidente du collectif Infirmiers libéraux en colère
Un nouveau collectif a vu le jour courant janvier. Et son nom ne laisse place à aucune ambiguïté : les infirmiers libéraux en colère. Leurs revendications, nombreuses, signent principalement un ras-le-bol prégnant au sein de la profession.
Le mouvement est né dans le sud de la France, du côté de Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône). Pourquoi maintenant ? Les principaux concernés ne peuvent pas vraiment l’expliquer. Plusieurs constats sont toutefois à l’origine de cette grogne des infirmiers libéraux (Idels), au premier rang desquels, l’impression d’être des laissés-pour-compte. « Nous avons eu le sentiment d’avoir été un maillon essentiel pendant la crise sanitaire, et depuis, plus rien, regrette Gaëlle Cannat, la présidente du collectif au national, Idel depuis cinq ans à Eguilles (Bouches-du-Rhône). Les hôpitaux ont eu un Ségur, et nous ? » Et de poursuivre : « Nous avons obtenu des actes supplémentaires pendant la crise sanitaire, et nous pensions que post-crise, notre situation allait changer, mais en réalité pas du tout. »
RETRAITE, COTATION DES ACTES... DE NOMBREUSES REVENDICATIONSS’il y a encore quelques semaines, ils étaient une cinquantaine d’Idels à se rassembler localement pour partager leurs revendications, depuis, le mouvement a pris une ampleur nationale. Aujourd’hui, ils sont plus de 5000, exerçant dans toute la France, à avoir intégré ce collectif asyndical, conduisant à la mise en place d’une organisation régionale pour plus de lisibilité et de fluidité.
Les Idels du collectif ont d’abord commencé par recenser leurs revendications, et elles sont nombreuses. Ils se retrouvent notamment autour des mesures de la réforme de la retraite. « Nous allons majoritairement être à taux plein à 67 ans, et dans notre métier nous n’avons aucune pénibilité reconnue, pointe Gaëlle Cannat. En fin de carrière, nous ferons donc les toilettes à des patients guère plus âgés que nous. Ce n’est pas possible. »
Parmi les autres points d’échauffement : l’absence de revalorisation, depuis de nombreuses années, du montant des indemnités kilométriques et des actes en AMI, le montant du forfait lourd pour le Bilan de soins infirmiers (BSI) non adapté à la prise en charge proposée, l’absence d’inscription au sein de la Nomenclature générale des actes professionnels (NGAP) d’actes réalisés par les Idels ou encore la mesure de la loi de financement pour la sécurité sociale 2023 permettant de fixer des indus par extrapolation.
ACTIONS FORTES AU SOMMETCes revendications relèvent principalement de missions syndicales. « Nous le savons, et c’est pour cette raison que nous nous rapprochons des syndicats représentatifs de la profession, afin qu’ils portent nos demandes », explique Gaëlle Cannat. Pour se faire entendre, le collectif a également saturé la boîte aux lettres du président de la République en envoyant des feuilles de soins sur lesquelles sont inscrites leurs revendications. Des courriers explicatifs ont par ailleurs été adressés aux députés et aux sénateurs afin de les interpeler. Un prochain courrier sera cette fois-ci adressé aux maires pour les informer des difficultés vécues par les Idels. « Nous allons décider d’autres modes d’actions dans les prochaines semaines. Tout ce que nous souhaitons, c’est faire avancer les choses pour notre profession en libéral », conclut Gaëlle Cannat.
Laure Martin
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