Une bibliothèque pas comme les autres | Espace Infirmier
 
23/03/2009

Maladies mentale

Une bibliothèque pas comme les autres

Dans le cadre de la Semaine d'information sur la santé mentale, un collectif lorrain d'associations et de soignants organisait samedi 21 mars une « Bibliothèque des livres vivants ». Des rencontres entre des personnes atteintes de maladies psychiques et le grand public.

« Les dix premières secondes sont parfois un peu difficiles. Je demande à mon interlocuteur pourquoi il m'a choisi comme livre et la conversation commence. » Atteint de troubles bi-polaires, Alexandre participe à la « Bibliothèque des livres vivants » à la médiathèque de Nancy. Aux côtés de traumatisés crâniens, de victimes de TOC, de schizophrènes et de dépressifs, Alexandre dévoile quelques tranches et chapitres de sa vie à ceux qui veulent bien l'écouter lors d'une conversation en face à face.


« C'est la troisième fois que nous organisons cette opération. L'idée est de déstimagtiser les pathologies psychiques, faire en sorte que la société soit un peu moins excluante », explique Marie-Claude Barroche, présidente d'Espoir 54, l'une des associations du Collectif Santé Mentale de Lorraine (*) à l'initiative de cette bibliothèque d'un genre particulier.
« Les schizophrènes sont dangereux », « Les TOC'qués sont tyranniques », « Les maniaco-dépressifs sont paranos »... Trop méconnues, les maladies mentales véhiculent aujourd'hui encore des préjugés infondés.
« Emprunter » un être humain pour une « lecture » de vingt minutes après l'avoir sélectionné dans le « catalogue de livres vivants disponibles »... Si l'objectif est louable, le concept, importé du Danemark, peut surprendre, voire choquer. « On ne leur met pas des étiquettes sur le front, c'est simplement une manière de toucher le grand public », poursuit la présidente d'Espoir 54. « Pour les personnes qui témoignent, ces échanges sont même valorisants. »


Victime d'un traumatisme crânien à l'âge de 13 ans, Cyril, 34 ans aujourd'hui, tient à s'exprimer pour « casser l'image » liée à son handicap. Souffrant de troubles du comportement et de douleurs continuelles dans le dos, la jambe et la cheville, le jeune homme est atteint de symptômes qui ne sont pas forcément visibles. « Combien de fois, à l'école, j'ai entendu dire que j'étais fou ? Aujourd'hui encore, les gens ne comprennent pas mes problèmes. »


Les échanges s'avèrent aussi fructueux pour ceux qui viennent à la rencontre des « livres vivants ». Eve, étudiante, a choisi de rencontrer une personne schizophrène pour mieux comprendre cette maladie. « L'un de mes cousins en souffre mais je n'ai jamais osé lui en parler directement », explique la jeune femme. En un quart d'heure, Eve a pu poser en toute liberté et en toute franchise toutes les questions qui la tenaillaient et battre en brèche certaines idées reçues qu'elle avait sur la schizophrénie.

Aurélie VION

(*) Le collectif Santé Mentale de Lorraine est composé de six associations (l'Association des Familles de Traumatisés Crâniens de Lorraine, l'Association Française des Troubles Obsessionnels Compulsifs, Espoir 54, l'association Ensemble, France dépression Lorraine et l'Unafam), et du collège des psychologues du Centre psychothérapique de Nancy.

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