Viiv Healthcare et Mathias Dameron
Le 9 septembre, Gareth Thomas, dieu gallois du ballon ovale, séropositif, s’est lancé, dans le cadre de la Coupe du monde de rugby, dans un tour de France en bus des fan zones des villes hôtes. L’idée de « Tackle HIV » : donner au grand public les outils pour lutter contre la stigmatisation autour du virus de l’immunodéficience humaine (VIH).
Paris, samedi 9 septembre 2023. Le thermomètre affiche 36 °C. Place de la Concorde, une silhouette imposante se détache. Le visage est connu. Il s’agit de Gareth Thomas, ancien capitaine du XV gallois. « Ce n’est pas un temps pour un Gallois », plaisante-t-il. Juste derrière lui, stationné quelques mètres à l’extérieur du Village Rugby, un bus à son effigie, estampillé d’un slogan : « Tackle HIV ».
« Plaquer le VIH », en Français, c’est le nom de la campagne itinérante portant sur la stigmatisation qui s’agrège à l’infection. Il en est le leader. L’initiative est née en 2020 de sa collaboration avec ViiV Healthcare, le seul laboratoire pharmaceutique dédié à 100 % au virus.
L’ignorance, vecteur de discriminationsÀ l’origine de ce partenariat, un constat : si, sur le plan clinique, il y a eu d’énormes avancées – les traitements permettent aux patients séropositifs de bien vivre et d’avoir une espérance de vie similaire aux séronégatifs –, les mentalités, elles, sont à la traîne. Le VIH est encore mal compris et les idées fausses perdurent, ce qui entraîne une stigmatisation, voire une autostigmatisation. Leur vie s’en retrouve affectée, sur tous les plans : sentimental, professionnel… L’ayant lui-même vécu après avoir été contraint de révéler sa séropositivité en 2019, Gareth Thomas a décidé d’agir contre la sérophobie. La méconnaissance, vecteur de stigmatisation, a aussi un impact sur le plan sanitaire : elle ouvre la porte aux refus de soins, aux changements de rendez-vous, aux comportements déplacés de certains professionnels de santé.
Elle entrave aussi les démarches de prévention, de dépistage. Parce que les gens appréhendent d’être vus, jugés, parce qu’ils ne se sentent pas exposés au risque de contracter le virus… Avec « Tackle HIV », l’ambition de l’ancien rugbyman est de corriger les fausses croyances. Et de contribuer ainsi à atteindre l’objectif de l’Onusida : mettre fin au VIH/sida en tant que menace de santé publique d’ici à 2030. Pour lui, ce serait la plus belle des victoires : « Je préférerais que l’on se souvienne de moi parce que j’ai pu améliorer ou sauver la vie de quelqu’un plutôt que parce que j’ai remporté un trophée qui rouillera dans un placard. »
Miser sur l’éducationL’idée est de miser sur l’éducation pour briser la stigmatisation qui se greffe à la séropositivité. Pour mieux se faire entendre, les partenaires ont tablé sur un dispositif original : un aller-vers, en bus, d’abord au Royaume-Uni en 2022. Et désormais dans l’Hexagone, avec des arrêts prévus dans les fans zones, auprès d’un public… qui n’est pas venu pour parler du VIH. Concrètement, pour mener à bien ce tour français, les équipes mobiles de « Tackle HIV » et de ViiV Healthcare ont fait appel à une association de terrain : Aides, qui a, chaque jour, fait venir deux personnes sur place, à l’image de Javier (salarié) et Pierre (volontaire), ce samedi 9 septembre. « C’était tout naturel, puisque nous luttons contre la sérophobie, contre les discriminations vis-à-vis des personnes vivant avec le VIH. C’est notre objet social », déclarait la veille Camille Spire, sa présidente.
Deux jours durant, ils ont écouté ceux venus les voir, ont échangé, tenté de balayer des a priori, appuyé sur la nécessité de se faire dépister, seule solution pour connaître son statut sérologique, invité à expérimenter ce que ressentent les personnes séropositives en enfilant un casque de réalité virtuelle… Mais aussi fait en sorte de véhiculer certains messages. Parmi ceux-ci : le fait qu’une personne séropositive ayant une charge virale indétectable grâce à son traitement ne transmet plus le VIH (indétectable = intransmissible ; i = i). Le bus poursuit son tour. Direction Toulouse – où Gareth Thomas a joué pendant trois ans – les 14-15-16 septembre. Puis Nice, les 20-21 septembre.