Une chirurgie de l'espoir pour les enfants

Début décembre, "La Chaîne de l’espoir" réalisera sa 3000e intervention de chirurgie pédiatrique au sein d'un établissement de l'AP-HP. Celle-ci devrait permettre à Yah, une petite Malienne de 8 ans souffrant d’une insuffisance mitrale, de retrouver une vie normale.

Créée il y a 24 ans, l'association humanitaire œuvre à faciliter l’accès à la chirurgie aux enfants du monde entier, en les faisant venir en France pour l’intervention ou en allant les opérer dans leur pays. « Tout a commencé en 1988 quand j’ai voulu réunir quelques enthousiastes — médecins, chirurgiens, anesthésistes, infirmières — afin d’offrir le meilleur de la médecine aux enfants les plus pauvres de la planète », résume le Pr Alain Deloche, chirurgien cardiaque à l'Hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP) et fondateur de La Chaîne de l’espoir.

Depuis, une centaine d’enfants sont, chaque année, transférés en France pour y subir une intervention de chirurgie cardiaque (95 % des dossiers), de neurochirurgie ou de chirurgie réparatrice. La plupart sont pris en charge dans des établissements de l’AP-HP - qui siège au conseil d'administration de l’association - mais aussi dans des hôpitaux en province, voire dans des cliniques privées. Les enfants qui bénéficient de ce programme sont pris en charge intégralement, du départ de leur pays jusqu’au retour dans leur famille.

Missions de terrain

« Nous recevons des demandes très variées, comme ce bébé de 8 mois qui est né sans pavillons auriculaires, souligne Chantal Jacques, cadre de soin retraitée de l’ancien hôpital Broussais (AP-HP) et désormais bénévole à La Chaîne de l’espoir. Nous privilégions les enfants des pays qui n’ont pas les compétences techniques pour les opérer. » Chantal Jacques réceptionne les dossiers médicaux et accompagne les enfants en consultation. Elle a également participé à plusieurs missions de terrain, au Cambodge et au Sénégal.

Car l’action de La Chaîne n’a cessé de se développer avec la création d’établissements de soins pédiatriques au Cambodge, au Mozambique et en Afghanistan, la multiplication des missions de formation et de soin, et même la mise en place de programmes d’aide à la scolarisation. Chaque année, quelque 250 professionnels de santé français (médecins, chirurgiens, infirmiers ou techniciens hospitaliers) participent à ces missions. C'est le cas de Cécile Sigogneau, Iade à l'HEGP, qui a effectué sa première mission en 1997. « S’occuper des enfants, c’est difficile. C’est à la fois beaucoup de joie, de bonheur mais aussi de la tristesse quand on les perd », confie-t-elle.

« Un échange »

Selon les missions, les séjours des équipes s’étalent entre une et trois semaines. Les professionnels prennent le plus souvent sur leurs congés pour se rendre disponibles. Valérie Quesnel, infirmière de réanimation au CHU de Nancy, enchaîne les missions depuis 1993. « Je pars une à trois fois par an, explique-t-elle. Ces missions m’apportent de la joie, un équilibre. On rencontre plein de gens, on apprend beaucoup, c’est un échange. » Même si les journées sont très intensives, avec des gardes de 8 à 12 heures et d’importantes responsabilités. « Mais c’est une chance de participer à l’ouverture d’un nouveau service, comme le centre de cardiologie à Phnom Penh [NDLR : capitale du Cambodge], poursuit Valérie. On est responsable de la mise en route, autonome, et puis on est tellement impliqué qu’on ne compte pas ses heures. »

Sandra Mignot

La Chaîne de l’espoir a lancé, le 1er décembre, une nouvelle opération de collecte de dons intitulée 24 jours pour 24 enfants, soutenue par 24 personnalités médiatiques.