06/01/2009

Une étude tire sur les rideaux

Selon une étude américaine, les rideaux contribuent au développement des infections nosocomiales.

À l’hôpital, les rideaux pourraient avoir une influence aussi forte qu’au théâtre : dans leurs drapés se tissent des intrigues ourdies par les entérocoques, staphylocoques ou même Clostridium difficile.

Une équipe du Veterans Affairs Medical Center de Cleveland, dans l’Ohio, a analysé des prélèvements effectués sur 50 rideaux situés dans sept services de son établissement (quatre médicaux, un autre spécialisé dans les lésions de la moelle épinière et deux unités de soins intensifs médicaux et chirurgicaux). Les rideaux étaient lavés tous les quatre mois ou en cas d’observation de souillures visibles.

Les résultats de l’étude (1) s’avèrent très inquiétants : 42 % de ces rideaux étaient contaminés par des entérocoques résistant à la vancomycine, 22 % par des staphylocoques dorés résistant à la méticilline et 4 % par des Clostridium difficile. En outre, ces agents pathogènes se retrouvaient facilement sur les mains.

Pour limiter les risques, l’équipe de Cleveland recommande bien sûr aux professionnels de santé de se laver les mains après avoir touché les rideaux. Elle préconise également une série de mesures centrées sur les tissus fautifs : améliorer le nettoyage des rideaux, augmenter leur fréquence, utiliser des rideaux imprégnés d’antimicrobiens ou des rideaux présentant des pièces de saisie en plastique pour l’ouverture et la fermeture, susceptibles d’être lavées plus facilement que le rideau entier.

D’autres chercheurs ont montré la plus grande efficacité des chiffons ou serpillières à ultramicrofibres pour retirer différents types d’agents pathogènes associés aux infections nosocomiales sur différentes surfaces. Vanya Gant et ses collègues de l’University College London Hospitals NHS Trust de Londres ont ainsi souligné l’intérêt des tissus en ultramicrofibres (2). Ces derniers sont conçus pour être utilisés avec de faibles volumes d’eau sans détergent ni addictif biocide. Les fibres chargées positivement retirent les particules à la fois par attraction statique et par capillarité ; elles protègent le tissu des petites abrasions invisibles à l’œil nu dans lesquelles peuvent se loger les bactéries.

Les chercheurs soulignent la plus grande efficacité de tels tissus par rapport à des tissus conventionnels, tous deux humidifiés avec de l’eau seulement, que les surfaces soient lisses ou rugueuses, et même dans des conditions expérimentales représentatives de salissures riches en protéines.
« Dans de nombreux cas, concluent les auteurs de l'étude, le passage d’un tissu en ultramicrofibres sur des surfaces ensemencées avec deux millions d’organismes avait pour résultat le retrait total de bactéries. »

Alain Tronchot (avec APM)

1- Étude citée dans Infection Control and Hospital Epidemiology, vol. 29, n° 11, pp. 1074.
2- Étude citée dans The Journal of Hospital Infection, vol. 70, n° 3, pp. 265-271.

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