Une Idel en recherche de médecins pour sa maison de santé

« En me lançant dans ce projet, je n’en avais pas mesuré les difficultés, je le reconnais, lance Myriam Scarpino en guise d’introduction. Faire adhérer les médecins… » Car c’est là que le bât blesse. Pour le moment, aucun médecin généraliste n’a accepté de rejoindre la structure. Or, pour devenir une Maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) et bénéficier de financements dédiés versés par l’Assurance maladie dans le cadre de la signature d’un Accord conventionnel interprofessionnel (ACI), la présence de deux d’entre eux est exigée.

Actuellement, une ostéopathe, une psychologue-psychothérapeute et quatre infirmières libérales de deux cabinets différents, exercent dans la structure. Une dentiste devrait également les rejoindre ; pour le moment, elle est en phase d’étude pour l’organisation de son cabinet et le respect des obligations réglementaires. Côté médecin, « nous avons eu des pistes notamment avec des jeunes médecins assurant des remplacements sur le territoire, explique Myriam Scarpino. Ils adhèrent à l’idée de la maison de santé, mais ne souhaitent pas s’installer seuls. Ils veulent un sénior pour les encadrer. » Or, les médecins séniors, déjà installés, ne veulent pas déménager. Sauf peut-être un, qui pourrait se laisser séduire. « Il exerce à six kilomètres de chez nous, et à 62 ans, à l’approche de la retraite, il craint de ne pas trouver de repreneur pour sa patientèle, d’autant plus qu’il exerce dans un local qui n’est pas aux normes, rapporte l’Idel. Nous l’avons informé que sa présence au sein de la structure permettrait d’attirer des jeunes médecins et d’envisager, à termes, une reprise de sa patientèle. Rejoindre la maison de santé implique de nombreux changements pour lui, mais il sait que nous sommes prêts à l’accompagner. » La présence d’un médecin permettrait aussi aux Idel, de mettre en place une permanence quotidienne au sein de la structure afin d’assurer les prises de sang, le retrait des points de suture, etc.

En parallèle de ses propres recherches et démarchages pour trouver des médecins, Myriam Scarpino a sollicité l’Agence régionale de santé (ARS), la Caisse primaire d’assurance maladie (Cpam), une association territoriale promotrice de l’exercice coordonné ou encore la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Porte de France, en cours de construction. « Nous ne recevons pas encore d’aide concrète de leur part, justement parce qu’il manque le socle à notre projet pour devenir MSP, à savoir deux médecins, insiste-t-elle. J’ai parfois l’impression d’être seule à me battre. Mais l’ARS m’a assurée qu’elle pourra nous accompagner dès lors que des médecins rejoindront la structure. »

A partir du 1^er juin, Myriam Scarpino et son mari vont commencer à payer les premières mensualités de leurs prêts. Car c’est sur leurs fonds propres qu’ils ont emprunté 1.2 million d’euros pour construire le bâtiment. « A l’origine, nous avions 1 million d’euros à rembourser, mais avec la flambée des prix des matériaux, nous avons dû souscrire un nouvel emprunt », précise-t-elle avant d’ajouter : « J’ai confiance ! Nous avons des pistes qui s’ouvrent. Et puis jusqu’à présent, la maison de santé était en construction, il était donc difficile de faire adhérer des professionnels de santé n’arrivant pas à se projeter. Ce n’est plus le cas désormais ! »

Propos recueillis par Laure Martin

Contact : Myriam Scarpino / 06 73 14 96 06 

Pour en savoir plus : voir le n° 36 de l’Infirmière  - rubrique J’exerce en libéral : MSP, les étapes clefs pour se lancer.