Michelle Bargin, infirmière libérale à Voiron, vient d’être nommée chevalier de la Légion d’honneur, au Journal officiel du 31 décembre, au titre de ses « 40 ans d’activités professionnelles et sociales ».
Arborer une petite rosette au revers de sa parka… Michelle Bargin n’en avait jamais vraiment rêvé et pourtant, elle est depuis quelques heures chevalier de la Légion d’honneur de la "promo" du 31 décembre 2010, dont les noms ont été publiés au JO. « Je savais bien qu’un médecin l’avait demandée pour moi, mais c’était il y a six mois et depuis je n’y ai plus pensé. Je trouve ça tellement inattendu ! ».
C’est ce même médecin et ancien député d’Isère (UMP), Michel Hannoun, qui l’a appelée hier pour le lui annoncer*. Pour autant, elle n’a pas interrompu sa tournée, ni même fanfaronné auprès des patients. « Honnêtement, je n’ai pas eu le temps de réaliser. Je n’ai pas pris de repos depuis douze jours pour que les collègues du cabinet, où nous exerçons normalement à cinq, puissent profiter des fêtes. C’est une période assez remplie sans ça ! ».
A 60 ans, « j'ai du temps pour les malades »
Etonnée, Michelle l’est en toute sincérité. « Pour moi, ce genre de distinction récompense plutôt un acte héroïque, alors que moi je fais des choses toutes simples. J’ai juste essayé de mener ma vie d’infirmière le mieux possible, en me laissant conduire par le cœur. » Diplômée en 1970, elle a exercé en clinique avant de s’installer, en 1974 à Voiron, dans l'Isère. « Ce qui est passionnant dans le libéral, c’est que j’ai soigné les parents, les bébés devenus de beaux jeunes gens : c’est enrichissant. On partage une partie de leur vie, et ils nous donnent leur confiance ».
A 60 ans tout rond, elle avoue « consacrer de plus en plus de temps au travail » et ne s’apprête pas à raccrocher la blouse. « J’ai moins de contraintes, j’ai élevé mes trois enfants, j’ai du temps pour les malades », se justifie-t-elle. Avec un fils médecin, un autre opticien et une fille coiffeuse, elle se félicite d’avoir réussi à leur transmettre l’ouverture aux autres. « Ils m’ont toujours vue passionnée par mon métier et je pense qu’eux le sont aussi. »
Fondatrice d'une association pour le don de moelle
Cette professionnelle s’est distinguée dans la région en se spécialisant très tôt dans les soins de chimiothérapie. « Je me sens à l’aise quand les patients ont besoin de présence et d’écoute. L’alimentation parentérale, par exemple, exige beaucoup de temps. Nous sommes deux dans le cabinet à nous y consacrer. » Il y a vingt ans, elle a fondé une association pour le don de la moëlle osseuse, Admo 38, en relation avec le centre de transfusion de Grenoble. Elle se charge des prises de sang des éventuels donneurs qu’elle apporte au centre, « ce qui a contribué au développement du registre de donneurs : les gens ne sont pas toujours prêts à faire 40 kilomètre juste pour faire une prise de sang et en venant directement à eux dès qu’ils se sentent prêts, on perd moins de temps et on gagne des vies ». Son rêve : créer d’autres antennes d’Admo dans d’autres départements. La médiatisation liée à cette rosette pourra peut-être y contribuer…
Candice Moors
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* Selon le Code de 1962 qui a réformé l'attribution de La Légion d'honneur créée par Napoléon Bonaparte en 1802, on ne demande pas à être nommé chevalier de la Légion d'honneur. Le dossier doit passer à travers plusieurs filtres : proposition à la préfecture (sauf exception, il faut justifier d'au moins vingt ans de services publics ou d'activité professionnelle), avant transmission aux ministères concernés. Le ministre réalise alors son choix en fonction de la qualité des dossiers et adresse ses propositions à la Grande Chancellerie qui les étudie à son tour, avant de les transmettre au président de la République. Une fois la décoration décrochée - et sachant que l'on ne devient vraiment titulaire qu'une fois les insignes reçus -, il faut encore être décoré. Cette cérémonie s'apparente à un adoubement républicain.