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L’entreprise de solutions de télémédecine Toktokdoc mène, dans l’Est de la France, une expérimentation « article 51 »1 avec sa policlinique mobile. Cette offre de télémédecine, qui implique directement des infirmières, vise à réintroduire des soins dans les Établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).
Une dizaine d’infirmières participent à la « policlinique mobile » à Strasbourg, en Moselle et dans les Vosges. Dotées de plusieurs mallettes de matériels connectés, elles se rendent dans les Ehpad partenaires, identifiés dans le cadre de l’expérimentation. « Avec cette offre, nous cherchons à réintégrer le soin pour les résidents n’ayant plus accès à des spécialistes », explique Hélène Médic, l’une des infirmières mobiles de télémédecine, qui intervient auprès de 150 résidents au sein de deux Ehpad, dans les Vosges. Et d’ajouter : « Nous nous rendons sur place lorsque les équipes des Ehpad nous sollicitent expressément pour l’organisation d’une téléconsultation. Le reste du temps, nous sommes présentes sur site, afin d’analyser les dossiers des patients et assister aux transmissions des équipes, pour être vigilantes à d’éventuels problèmes de santé. » Lorsqu’elles l’estiment nécessaire, elles peuvent alors proposer aux médecins traitants des résidents d’effectuer une demande de téléconsultation ou de téléexpertise. L’avantage étant, pour les résidents, de ne pas avoir à se déplacer pour accéder à un spécialiste.
Une solution multipleL’expérimentation portée par Toktokdoc a pour intérêt de proposer une offre multiple aux Ehpad : une infirmière formée, du matériel connecté et un accès à des spécialistes partenaires disponibles dans des délais courts. « Pour enclencher une téléconsultation, nous demandons à notre secrétariat de prendre un rendez-vous auprès de médecins spécialistes, qui gardent des plages horaires libres pour la télémédecine dans le cadre de l’expérimentation », indique Hélène Médic. En parallèle, l’infirmière prépare la téléconsultation en s’imprégnant des informations du dossier patient et en l’interrogeant, afin de disposer de tous les éléments nécessaires pour répondre au spécialiste. A l’issue du rendez-vous, un compte-rendu est remis à l’équipe de l’Ehpad, au patient et à son médecin traitant, qui décide de mettre en œuvre ou non les suggestions du spécialiste.
Une formation dédiéeLes infirmières de télémédecine assistée ont bénéficié d’une formation pour exercer à la policlinique mobile notamment à la manipulation des objets connectés : dermatoscope, stéthoscope, échographe connecté, otoscope, spirométrie, audiométrie ou encore électrocardiographe. « Nous avons également été formées par des cardiologues à la réalisation d’échographies cardiaques », précise Hélène Médic. Elles l’ont aussi été pour la manipulation de la tablette, le remplissage du dossier de soins et le fonctionnement de la plateforme de Toktokdoc.
Cette expérimentation permet, selon l’infirmière, de passer davantage de temps avec les résidents, d’apprendre à les connaître et de les accompagner afin qu’ils ne soient plus les « oubliés du système de santé ». « C’est ce qui m’a intéressée dans ce projet, tout comme le fait de travailler en autonomie et en lien avec les médecins afin de répondre aux besoins », confie-t-elle.
Les différentes expérimentations « article 51 » étant en cours d’évaluation par les tutelles, le passage éventuel de la policlinique mobile dans le droit commun devrait être connu prochainement.
1. L’article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale de 2018 permet d’expérimenter de nouvelles organisations en santé reposant sur des modes de financement inédits à condition qu’elles contribuent à améliorer le parcours des patients, l’efficience du système de santé ou encore la pertinence de la prescription des produits de santé.