Titre de l'image

22/10/2024

UNE SAGE-FEMME À L’ORIGINE DU GYNÉCOBUS

Laure Fabre est sage-femme depuis 2007. Elle débute sa carrière à l’hôpital de la Conception à Marseille et la poursuit en HAD périnatalité en Bretagne ; de retour dans le Sud de la France, elle exerce en libéral dans le Var. Elle est aujourd'hui à l’origine du Gynécobus qui est rattaché au CHI Brignoles-Le Luc en Provence. Une initiative d'accès aux soins et prévention gynécologiques particulièrement réussie !

NL10-24_LaureFabre.jpg

Comment est né ce projet précurseur du Gynécobus ?
En 2018, j’ai été conviée par la Communauté de communes Provence Verdon à une réunion de bilan de territoire. J’ai fait remonter une problématique d’accès aux soins et de prévention pour la santé des femmes sur cette zone géographique (pas de gynécologue à proximité, durée d’attente pour obtenir un rendez-vous, personnes éloignées ou sorties des parcours de soin, vulnérabilités multiples…). Pour y répondre, deux options étaient envisageables : équiper toutes les communes d’une consultation avec une salle ou « aller vers » les patientes grâce à un dispositif mobile de prévention gynécologique avec imagerie intégrée. C’est cette deuxième option qui a été retenue.

Dès le début, ma démarche a été soutenue par le gynécologue Gérard Grelet et ensemble nous avons créé l’association Santé pour tous et l’action Santé pour elles. En 2019, l’ARS PACA a proposé de rattacher le Gynécobus au Centre Hospitalier Intercommunal Brignoles-Le Luc (CHIBLL) en tant qu’unité de fonctionnement. Ce rattachement a permis d’avoir un soutien méthodologique, un réseau d’aval, le laboratoire pour l’analyse des prélèvements. Une fois passée la phase de recherche des financements*, le projet est entré en action.

Quelles sont les modalités de fonctionnement du Gynécobus ?
Au départ, le projet couvrait les territoires des deux intercommunalités : l’agglomération Provence Verte et la Communauté de communes Provence Verdon. Cela représentait 42 communes et un bassin de vie de 130 000 personnes.

À compter du 1er novembre prochain, nous interviendrons aussi sur la Communauté de communes de Cœur du Var, soit 53 communes au total et un bassin de vie de 150 000 personnes. Les patientes sont accueillies de 9h à 17h les lundis, mercredis, jeudis et vendredis sur deux communes différentes par jour, une le matin et une l’après-midi, et ce après avoir pris rendez-vous au préalable sur Doctolib.

La patiente est accueillie par l’assistante, un dossier est ouvert et la consultation se déroule à l’intérieur du Gynécobus, toujours en binôme, sage-femme et gynécologue. Le bus est équipé comme un cabinet médical, avec une salle de consultation, le matériel nécessaire aux examens (frottis, échographie pelvienne, prélèvements…). Il permet de réaliser un examen complet de prévention, une consultation de contraception et de répondre à toute demande ou interrogation spécifique (ménopause…) des patientes. Tous les professionnels viennent sur la base du volontariat à raison de 2 fois par mois et cela 3 ou 4 fois par an. Rien n’est imposé. Une quarantaine de professionnels participent au projet aujourd’hui.

Quels sont les facteurs de réussite de cette démarche ?
Dès le départ, j’ai eu le soutien des élus locaux et des professionnels de santé et j’ai pu afficher un engagement d’une douzaine de professionnels. Les réticences de certains à mener une consultation gynécologique de manière « publique » sur une place de village ont vite été dissipées. En 2023, nous avons effectué une enquête et le taux de satisfaction des patientes était de 100 %. Sur le plan professionnel, la consultation en binôme permet d’apprendre sur les pratiques des autres et de se remettre en question. Ce projet permet d’avoir un parcours de soins très raccourci et donne la possibilité au gynécologue d’intervenir tout de suite pour un avis simple ou plus complexe.

Le Gynécobus est un outil qui permet des soins de 1er recours en intégrant toutes les vulnérabilités et redonne du sens à la prévention. C’est un dispositif basé sur un système de valeurs : rendre concret « l’aller vers », se sentir utile et participer à la réduction des inégalités d’accès au dépistage et à la prévention en gynécologie. Dans le cadre du Gynécobus, nous travaillons de plus en plus avec les professionnels locaux (médecin généraliste, sage-femme, mais aussi infirmier et kinésithérapeute) afin de pouvoir bien et mieux informer leurs patientes. D’ici quelques semaines, nous allons organiser un dépistage du cancer colorectal. Une étape de plus en matière de prévention.

Propos recueillis par Isabel Soubelet

* Le projet est financé à hauteur de 302 000 euros par de nombreux acteurs : les fonds régionaux et européens (Leader – Gal), l’État, le Fonds national d'aménagement et de développement du territoire (Préfecture du Var), l’ARS PACA, la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Conseil Département du Var, l’agglomération Provence Verte, la Communauté de communes Provence Verdon et la MSA.

À découvrir

Toutes nos formations pour les professionnels de santé.

- Gestes & soins d'urgence
- Douleurs
- Management
- Droit & éthique
- SST
- Santé mentale & handicap


Télécharger le catalogue
Feuilleter le catalogue