Studiooo
La première unité d'hospitalisation entièrement conçue pour accueillir les personnes atteintes de troubles du spectre autistique a été inaugurée au Centre hospitalier psychiatrique Le Vinatier, à Bron (Rhône), le 21 novembre dernier. Les nouveaux locaux de 1107 m2 modifient l’accompagnement offert aux patients. Le point avec Anne Duchamp, cadre supérieure de santé du pôle Hospitalo-Universitaire Autisme neurodéveloppement et inclusion sociale (ANIS).
COMMENT LA NOUVELLE UNITÉ A-T-ELLE ÉTÉ CONÇUE ?
L’unité a été construite(1) selon les principes neuro-architecturaux qui démontrent l’impact de notre environnement bâti sur nos émotions, donc nécessairement sur la prise en soin des patients, notamment ceux qui présentent des particularités sensorielles parfois invisibles.
Pour le bien-être des patients, nous avons sollicité des pairs-aidants, qui nous ont guidé dans nos choix. Les espaces ont été pensés pour minimiser les stimuli sensoriels perturbateurs, bruit et la lumière vive, pour davantage d’apaisement et de bien-être. Au sein de l’unité, nous avons créé 5 alcôves car ces patients ont souvent besoin de s’isoler tout en devant rester à proximité du personnel soignant. Nous disposons aussi d’espaces modulables avec des portes coulissantes pour adapter l’accompagnement selon les moments collectifs et individuels, d’une salle Snoezelen réaménagée avec du matériel adapté et d’une balnéothérapie.
Le bâtiment a aussi été conçu pour répondre aux besoins des professionnels de santé. Les espaces ont été pensés pour faciliter leur travail quotidien et améliorer leurs interactions avec les patients. Par exemple, le bureau infirmier est au cœur de l’unité et vitré, afin que les infirmières puissent avoir une vue sur l’ensemble des patients.
En termes de sécurité, de qualité des soins et de conditions de travail, cette nouvelle organisation apporte davantage de confort. L’implication des patients dans ce projet a été salutaire.
DANS QUEL CONTEXTE CETTE UNITÉ A-T-ELLE ÉTÉ PENSÉE ?
Ce projet intègre une réforme plus globale de la prise en charge que nous proposons aux patients atteints de troubles du spectre autistique. Avec le Pr Caroline Demily, cheffe du pôle ANIS, nous sommes arrivées au sein de la structure en 2019. À cette époque, l’unité disposait de 46 lits avec des patients hospitalisés au long cours, difficiles à faire sortir faute de places d’aval.
Le Pr Demily a affirmé que les troubles du neurodéveloppement devaient se prendre en charge in situ, c’est-à-dire au sein du lieu de vie de ces personnes donc en Maison d’accueil spécialisée ou encore en Foyer d’accueil médicalisé. Elle a souhaité transformer le modèle. Nous avons alors fermé 36 lits, pour n’en garder que 10 et ainsi renforcer la présence soignante au chevet des patients, limiter les contentions, et déployer notre offre sur l’extérieur avec des équipes mobiles pour l’accompagnement des patients au sein des structures médico-sociales. Nous disposons également d’un plateau de consultation d’urgence et d’un plateau de consultation expertale.
Désormais, lorsqu’une structure médico-sociale nous sollicite pour un patient, nous répondons dans les 72 heures. Si nous estimons qu’il faut évaluer davantage la situation, nous dépêchons l’équipe mobile sur place. Très souvent les troubles du comportement sont liés à une douleur somatique ou à un problème dans l’environnement de la personne. D’où l’intérêt de travailler avec les équipes des structures d’accueil. Si malgré l’intervention de l’équipe mobile et l’ajustement du traitement, rien ne change, le patient est hospitalisé dans notre unité pour une durée d’environ 6 semaines. Il va alors bénéficier d’une évaluation multidimensionnelle.
L’ENVIRONNEMENT A DONC TOUTE SON IMPORTANCE…
Effectivement ! En hospitalisation, nous prenons en charge des patients très complexes puisque nous intervenons en troisième ligne. L’environnement d’accueil est donc particulièrement précieux, car leur arrivée dans une unité est source d’inquiétude pour eux.
Avant les travaux, l’unité, qui datait de 1950, était carrelée et organisée autour de chambres qui disposaient de douche mais pas de toilette, et inversement. Elle ressemblait à un univers carcéral. La direction a donc acté sa reconstruction. Que ce soit l’architecte, la société de construction, les équipes techniques et les équipes de soin, nous avons tous travaillé de concert. Aujourd’hui, les soignants sont particulièrement fiers d’exercer au sein de cette unité. Une infirmière, présente depuis 20 ans, m’a confié pouvoir désormais partir en retraite sereinement car aujourd’hui, les patients bénéficient de conditions d’hospitalisation dignes, avec un environnement de travail ergonomique adapté à leurs troubles. Nous espérons que ce modèle inspirera les futures constructions hospitalières.
Propos recueillis par Laure Martin
(1) La réalisation de ce bâtiment s’inscrit dans le cadre du nouveau projet d’établissement CAP 2028, qui vise à renforcer la position de Le Vinatier comme référence nationale en psychiatrie et en recherche sur les troubles du neurodéveloppement. Elle répond également aux objectifs de la stratégie nationale « troubles du neurodéveloppement 2023-2027. »
Toutes nos formations de santé :
- Gestes et soins d’urgence
- Douleur
- Expertise soignante et relations dans le soin
- Management de la qualité et des risques
- Droit et éthique
- Gérontologie et gériatrie
- Santé mentale et handicap
- Santé, qualité de vie et des conditions de travail
- Incendie et sécurité au travail
Feuilleter le catalogue
Demander le catalogue en version pdf à contact@sauvgard.com