Urgences : accorder « la même attention » à tous les patients

06/06/2012

Urgences : accorder « la même attention » à tous les patients

Prise en charge de patients détenus, refus de soin… des situations auxquelles sont confrontés quotidiennement les urgentistes, et qui ont été abordées lors du congrès des urgences, la semaine dernière, à Paris.

Dans le cadre du 6e congrès des urgences, qui s’est tenu à Paris du 29 mai au 1er juin, des paramédicaux sont intervenus pour aborder les aspects médico-légaux aux urgences. Premier point évoqué : la prise en charge des patients privés de liberté. « Les praticiens doivent soigner les maux liés à l’incarcération, ceux qu’elle aggrave et ceux qu’elle provoque », a expliqué Serge Despas, cadre de santé en unité carcérale, à Lyon. La coopération entre les professionnels est indispensable; ils doivent prendre en compte la particularité de cette population, qui ne connait pas nécessairement la notion de vivre ensemble. Le plus souvent, les personnes incarcérées souffrent d’un état de santé délabré: « Leur corps fait les frais de leur fragilité psychique », souligne Serge Despas. Elles cumulent généralement plusieurs pathologies et leur sens ainsi que leurs fonctions vitales peuvent être perturbés par ce qu’ils ont vécu en prison. « Ils ont fréquemment des pathologies digestives, des problèmes dentaires ou encore des conduites addictives », précise le cadre de santé.
Quel que soit le degré d’urgence, le personnel médical doit intervenir en toute sécurité, chercher à être le plus neutre possible et essayer de se tenir à l’écart de toutes informations présentes dans le dossier carcéral du patient. « Il se doit d’apporter la même attention, la même qualité des soins et la même confidentialité qu’à des patients non incarcérés », soutient-il. Les praticiens doivent également faire preuve d’une capacité d’adaptation, d’une maîtrise de soi et de la pratique ainsi que d‘une ouverture d’esprit.

Climat de confiance
Autre sujet abordé, celui du refus de soins des patients aux urgences. « Les professionnels de santé peuvent se retrouver face à des contradictions en raison de la loi », souligne Aurélien Landié, infirmier à Rodez. En effet, les professionnels de santé sont dans l’obligation, d’après le code de déontologie médicale, de donner des soins. Cependant, la loi Kouchner de 2002 relative aux droits des malades et la qualité du système de santé donne la possibilité aux patients de refuser les soins.  « Aucun soin ne peut être donné sans le consentement libre et éclairé du patient », précise Aurélien Landié. Concernant le mineur ou le majeur sous tutelle, si son tuteur refuse les soins mais que la vie du patient est en danger, les praticiens peuvent alors rechercher le consentement du patient. Le praticien se doit de respecter le refus de soins du patient, sauf en cas de risque vital absolu, si les soins sont nécessaires pour sauver la vie du patient ou en cas d’absence d’alternative thérapeutique. « Il est important de savoir pourquoi le patient refuse les soins, rapporte Aurélien Landié. Cela peut être lié à un problème d’information, à un mécanisme de défense face à la maladie ou encore à la peur de l’inconnu. »
Pour éviter ce refus, il est nécessaire de créer un climat de confiance aux urgences, qui commence dès l’accueil effectué par les agents administratifs. Face à un refus de soin, le changement de l’équipe de soins peut être envisagé, tout comme l’intervention d’une personne de confiance auprès du patient.

Laure Martin

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