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L’annonce d’une cinquième vague et la mise en œuvre de la troisième dose de vaccination ont un impact direct chez les professionnels de santé pouvant vacciner la population. Parmi eux, les infirmières libérales, qui s’organisent.
Que ce soit au sein de leur cabinet ou dans les centres de vaccination, les infirmières libérales (Idels) sont les premières à se mettre en ordre de marche, malgré une logistique complexe, pour satisfaire à l’obligation vaccinale de la population. « De nombreux patients veulent se faire vacciner avant les fêtes de fin d’année, la demande est donc importante », observe John Pinte, président du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil).
Différents modèles d’organisation se déploient sur le territoire. Certaines Idels vaccinent dans les centres dédiés, d’autres au sein de leur cabinet, certaines au domicile des patients. « Beaucoup s’organisent avec les prises de rendez-vous en ligne afin d’ouvrir des créneaux », fait savoir Ghislaine Sicre, présidente de Convergence infirmière.
La problématique des dosesMais sur le terrain, les soignantes sont confrontées à une problématique : l’accès aux doses de vaccin, qui « demande une vraie organisation car lorsque nous les commandons à la pharmacie, nous pouvons parfois les recevoir 10 à 15 jours plus tard, pointe du doigt Ghislaine Sicre. Si entretemps les patients ont trouvé une dose ailleurs, ils annulent leur rendez-vous. » Un flacon de vaccin Pfizer permet de vacciner sept personnes, et celui de Moderna offre douze doses. Mais pour les rappels, une demi-dose suffit, ce qui implique de trouver 24 patients pour un flacon. « Il faut aussi organiser la logistique en fonction de l’âge des patients et des vaccins qui peuvent leur être administrés », ajoute John Pinte. Les Idels doivent donc, dans certains cas, s’arranger avec d’autres cabinets pour ne pas gâcher un flacon. « Certains ont d’ailleurs mis en place des groupes WhatsApp au sein d’une même ville pour pouvoir se donner des flacons si besoin », fait savoir Ghislaine Sicre. Et d’ajouter : « Ce serait plus simple pour notre organisation si nous pouvions détenir directement les doses. »
Une augmentation de cinq euros par vaccinationLe texte n’est pas encore paru au Journal officiel, mais le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé le 1er décembre, une majoration de rémunération de cinq euros par injection de rappel contre la Covid-19 pour les infirmières vaccinant à domicile, quel que soit le jour. « Cette augmentation est tout à fait légitime, car participer à la vaccination demande une grande organisation, rappelle Ghislaine Sicre. Outre les rendez-vous à fixer, il faut organiser le déplacement, détenir une mallette réfrigérée, un kit d’adrénaline en cas de problème. » Au domicile, les Idels doivent remplir un questionnaire afin de vérifier les antécédents du patient et son éligibilité à la vaccination, enregistrer les informations en lien avec l’injection sur l’outil numérique Vaccin covid, puis rester 15 minutes au domicile pour s’assurer que le patient tolère le vaccin. « C’est pour cette raison que je préfère vacciner lors de mes jours de repos car l’organisation est trop lourde pour l’intégrer à une tournée », reconnaît Ghislaine Sicre. « Il est aussi possible d’organiser les vaccinations au sein même des cabinets. De cette manière, les patients peuvent attendre 15 minutes dans la salle d’attente, permettant à l’Idel d’enchaîner les vaccinations », suggère John Pinte, avant de conclure : « Face à cette logistique, la revalorisation de l’acte permet d’inciter les Idels à proposer l’injection à domicile et encourage leur implication. »
Laure Martin
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