Lors d’un débat sur la politique vaccinale au Sénat, le 23 avril, la ministre de la Santé a évoqué la possibilité d’autoriser les infirmières à effectuer des vaccinations sans prescription « au sein d’une pharmacie ». Les réactions ne se sont pas fait attendre.
« Et pourquoi pas dans un cabinet vétérinaire ou chez le dentiste ? », ironise le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), dans un communiqué daté du 29 avril. S’il milite pour un élargissement du droit des soignantes à vacciner sans prescription médicale, le syndicat juge « inacceptable » la piste avancée par Marisol Touraine, mardi 23 avril, lors d’un débat au Sénat : permettre aux infirmières de vacciner « au sein d’une pharmacie ».
« Cette proposition sous-entend, au final, que les infirmières ne peuvent contribuer à la politique de santé publique qu’en étant placées sous la délégation de docteurs, qu’ils soient médecins ou pharmaciens. » Cela revient « à nier le rôle propre infirmier pourtant reconnu par la loi », affirme le syndicat.
Par ailleurs, le Sniil souligne qu’avec 57 100 cabinets (1), les infirmières libérales sont mieux placées que les pharmaciens - 22 635 officines - pour mener des actions de proximité. Le syndicat appelle donc la ministre de la Santé à engager de façon urgente une concertation avec « l’ensemble des professionnels de santé, médecins et non-médecins », comme promis lors de ce même débat au Sénat.
« Elargir un droit tout en le limitant »
L’Ordre national des infirmiers (ONI) défend, quant à lui, la préservation de l’indépendance des soignants. « N’autoriser les infirmiers à administrer des vaccins qu’au sein de structures telles que des pharmacies […] reviendrait à élargir un droit tout en le limitant », estime Didier Borniche, président de l’ONI, tout en se réjouissant que le sujet stratégique de la couverture vaccinale ait été entendu par Marisol Touraine.
Il soutient, cependant, que ces professionnels parfaitement compétents doivent pouvoir pratiquer leurs missions sur leur lieu d’exercice. « D’autant que tout lien de subordination ou de salariat entrerait en conflit avec l’indépendance du travail des infirmiers », tient à préciser Didier Borniche, qui sollicite également une réunion de travail avec le ministère.
Laure Martin
1- Selon les estimations du syndicat, basées sur les chiffres de l’ONI.