La secrétaire d’Etat à la Santé approuve les conclusions d’un rapport de l’Igas sur la réforme de la formation des cadres de santé.
C’était l’événement de ces conférences d’études des cadres de santé : Nora Berra, secrétaire d’Etat chargée de la Santé auprès du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé, a présenté en avant-première les conclusions du rapport –consultatif- de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) relatif à la rénovation de la formation des cadres hospitaliers, le 21 janvier à Montpellier (1).
De ce rapport, qui synthétise les travaux de la mission menée par Michel Yahiel et Céline Mounier, nous retiendrons son plaidoyer en faveur d’une mastérisation de la formation des cadres de santé, dans le contexte de la loi Hôpital, patients, santé, territoires. Un objectif qui pourrait être atteint grâce à des partenariats spécifiques avec l’Université, suggère le rapport, qui envisage également des liens avec l’Ecole des hautes études en santé publique.
« Je voudrais vous dire avec force que votre formation actuelle est de bonne qualité, a déclaré Nora Berra. J’en veux pour preuve les compétences déployées par les jeunes cadres de santé. Mais il faut le dire, elle est aussi perfectible : beaucoup de cadres déplorent, par exemple, manquer d’outils lors de leur prise de poste. Cette formation ne peut plus être pensée à l’écart du monde universitaire. »
Master 1 ou 2 pour les "managers" infirmiers
Pour les cadres, Master 1 et pour les cadres supérieurs, Master 2, est-il ainsi proposé dans le document. Rappelons que les cadres de santé et cadres supérieurs de santé hospitaliers représentaient en 2007 plus de 26.000 agents titulaires et non-titulaires sur emplois permanents. « Il faut que les cadres de santé puissent suivre une formation reconnue par l’Université. Comment pourrait-on envisager que les infirmiers soient reconnus au grade Licence, et que leurs managers soient à l’écart de ce mouvement ? Ce n’est pas possible », a jugé la secrétaire d’Etat, sans préciser les conséquences pratiques et salariales que cela engendrerait.
En ce qui concerne la question des évolutions de carrière et des passerelles vers d’autres secteurs d’activité, il semblerait que la situation soit en voie d’amélioration, le rapport de l’Igas ayant mis en lumière la nécessité pour les cadres de l’Hôpital de parvenir à envisager des parcours de carrière dans des domaines extérieurs à la santé. Sujet sur lequel insiste également la secrétaire d’Etat : « C’est essentiel que les cadres et cadres supérieurs de santé continuent à être soignants. C’est primordial aussi qu’ils puissent, s’ils le souhaitent, accéder à d’autres milieux professionnels grâce à la reconnaissance universitaire de leur formation. »
Incertitudes sur le calendrier
Le calendrier proposé par la mission de l’Igas fixe à 2013 la soumission de l'accès au corps des cadres de santé à la détention d’un diplôme reconnu par l'équivalence de 60 crédits ECTS (système européen de transfert et d'accumulation de crédits). Le recrutement comme cadre supérieur de santé serait, lui, conditionné par l'obtention d'un master complet à partir de 2014. Le rapport préconise une première évaluation de ces réformes en 2018, délai que Nora Berra a d’ores et déjà repoussé, arguant d’un retard prévisible, dû à la procédure de renouvellement d’autorisation des Instituts de formation des cadres de santé (IFCS), actuellement en cours.
Après son intervention, Nora Berra a participé à une table ronde à huis clos avec quelques décideurs du monde des cadres de santé présents à Montpellier le 21. Lors du point presse qui a suivi, elle a balayé d’un revers de main une question relative à la crainte des professionnels de l’Hôpital public de voir celui-ci de plus en plus soumis aux techniques et critères de gestion inspirés du modèle de l'entreprise privée : « Parmi les gens que je viens de rencontrer, personne ne m’a soumis un tel problème » a-t-elle affirmé. Vraiment ?
Laure de Montalembert
1 – Les 15e Journées nationales d’études des cadres de santé s'y tenaient.