Vers un observatoire des violences spécifique aux infirmières?

10/12/2010

Vers un observatoire des violences spécifique aux infirmières?

Constatant une préoccupation croissante des infirmières pour les problèmes de sécurité, notamment de la part des libérales, l'Ordre infirmier envisage de monter un observatoire des violences.

Cela fera bientôt quatre ans qu’Elisabeth Stibling, infirmière libérale de 46 ans était étranglée par un faux patient et son corps retrouvé dans le coffre de la voiture avec laquelle elle faisait sa tournée à Aubenas, en Ardèche. Interpellé par le problème des violences auxquelles peuvent être confrontées les infirmières dans le cadre de leur travail, l’Ordre national des infirmiers (ONI) a entamé une réflexion sur l’opportunité de mettre en place un observatoire des violences, a annoncé la présidente Dominique Le Bœuf mercredi en conférence de presse.

Lors de sa séance plénière du 7 décembre, le Conseil national de l’Ordre a « désigné un référent violence » en la personne du conseiller ordinal Emmanuel Boularand, infirmier de santé au travail élu à Paris, a indiqué Mme Le Boeuf. Depuis peu, l’ONI est invité aux réunions de l’Observatoire national des violences hospitalières qui se réunit à peu près tous les six mois. L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) possède aussi son propre observatoire des violences dont le rapport d’activité 2009 a pu mettre en évidence que « les professionnels de santé les plus exposés aux violences étaient les infirmières et les aides-soignants, alors que les médecins l'étaient dans une très faible proportion, bien plus loin », a rappelé Mme Le Bœuf.

Les libéraux très exposés

« L’Ordre des médecins en a un opérationnel aussi », a-t-elle ajouté, précisant que des discussions étaient en cours avec le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) pour savoir s’il est plus pertinent de monter un observatoire pour les infirmières ou bien s'il conviendrait que l’ONi « se coordonne avec les autres pour monter quelque chose de plus commun ».

Les préoccupations en matière de sécurité diffèrent sensiblement selon le mode d’exercice de la profession infirmière, a noté la présidente de l’Ordre. « Nos confrères libéraux sont très exposés parce qu’ils vont dans les domiciles. La question est donc de savoir comment on sécurise les déplacements, une discussion qu’on a eue déjà avec le ministère de l’Intérieur par exemple. » Et d’évoquer le problème des moments de tournées « plus complexes » comme « le soir, les week-ends ou jours de fêtes ». « Les infirmières aux urgences sont aussi très exposées; les infirmières en secteur psychiatrique le sont par nature », a-t-elle noté.

Le projet n’en est encore qu’à l’étape de la réflexion, mais le chantier est lancé s’est félicité Dominique Le Bœuf, qui attend beaucoup des échanges avec les représentants des observatoires qui existent déjà. « Il faut qu’on puisse avoir des données sur ces sujets toujours très sensibles, très passionnels et qui sont une préoccupation pour les jeunes générations. Cela peut être un facteur fort d’attractivité » à ne pas négliger à l’heure où des problèmes de démographie infirmière en libéral se posent dans de nombreuses régions.

Cécile Almendros

 

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