VIH, VHC: les infirmières paient le plus lourd tribut aux contaminations professionnelles | Espace Infirmier
 
VIH, VHC: les infirmières paient le plus lourd tribut aux contaminations professionnelles

12/01/2011

VIH, VHC: les infirmières paient le plus lourd tribut aux contaminations professionnelles

Si d’indéniables progrès ont été realisés dans la prévention des AES à l’origine des séroconversions chez des personnels de santé, les experts estiment que près de la moitié des séroconversions survenues entre 1983 et 2009 auraient pu être évitées.

Depuis la mise en place d’un système de surveillance nationale des contaminations professionnelles liées aux accidents d’exposition au sang (AES), on a recensé 49 cas de contamination à VIH, 65 à VHC et aucun à VHB, selon un bilan au 31 décembre 2009 mis en ligne par l’Institut de veille sanitaire (InVS) fin décembre 2010.

Pour le VIH, la surveillance initiée en 1991 distingue les séroconversions documentées (14) et les infections présumées (35), celles-ci étant plus nombreuses dans les premières années de la surveillance nationale par le Réseau national de santé publique (ex-InVS). “Le nombre de séroconversions VIH déclarées s’est espacé au cours du temps et la dernière date de l’année 2004 (1)”, sachant toutefois que d’autres contaminations peuvent encore être déclarées sur les années les plus récentes, notent les auteurs du bilan, Florence Lot de l’InVS et Dominique Abiteboul du Groupe d’étude sur le risque d’exposition des soignants (Geres) du service de santé au travail de l’hôpital Bichat (AP-HP).

Accidents percutanés, mais aussi projections
Une fois les données de la surveillance compilées et analysées, les resultats montrent que sur la période 1983-2009, les contaminations professionnelles à VIH ont concerné “une majorité de femmes, d’infirmières, exerçant en Ile-de-France et dans des spécialités diverses”. S’il apparaît que les AES à l’origine d’une contamination “sont essentiellement des accidents percutanés, de type piqûres et coupures”, quatre projections ont néanmoins été rapportées dont une “à l’origine d’une séroconversion documentée”, est-il precisé.

Les 14 séroconversions VIH documentées concernent des femmes et au total, 34 cas de contamination sur 49 concernent des femmes. En ce qui concerne la profession, il s’agit d’infirmières ou d’élèves infirmières dans 25 cas. Suivent les médecins non chirurgiens (6) le personnel de laboratoire et les dentistes/assistants dentaires (4 chacun). Agent hospitalier, chirurgien-aide opératoire, aide-soignant et secouriste comptent aussi parmi les professions représentées dans les 49 cas de contaminations professionnelles VIH recensés. L’Ile-de-France est la region d’exercice de ces professionnels la plus représentée, suivie de Provence-Alpes-Côte d’Azur et des départements français d’Amérique. Sept contaminations se sont produites dans des services de maladies infectieuses, six en médecine et six autres en réanimation. D’autres cas ont été recensés aux urgences, au bloc opératoire, en laboratoire, en cabinet dentaire et au domicile.

Près de la moitié des séroconversions était évitable
Avec 30 occurrences, la piqûre est de loin l’AES le plus frequent dans les modes de contamination professionnelles par VIH, dont 22 avec aiguille creuse. En ce qui concerne les tâches en cours au moment de l’AES, il s’agissait dans 15 cas sur 49 d’un prélèvement sanguin. Dans neuf cas, il s’agissait de tâches sans contact avec le malade (transport de déchets, rangement, nettoyage). Des AES sont également recensés comme étant survenus au cours d’un acte chirurgical ou dentaire, d’une perfusion, d’une tâche de laboratoire, d’une injection, d’une aide à la ponction pleurale ou de soins de nursing et d’hygiène. Au total, les experts estiment que 20 cas de contaminations étaient évitables par le simple “respect des precautions standards”

En ce qui concerne les contaminations professionnelles par le virus de l'hépatite C (VHC), dont la surveillance nationale a débuté en 1997, sur 65 séroconversions chez des personnels de santé, 50 sont survenues “au contact d’un patient source connu comme infecté par le VHC”. Là encore, “les femmes et en particluier les infirmières sont les premières concernées”, lit-on dans le document de l’InVS. Ces contaminations se produisent le plus souvent en chirurgie, hépato-gastro-entérologie, hémodialyse et nephrologie/urologie. Là encore on constate une preponderance de l’Ile-de-France, même si la répartition géographique des cas est plus dispersée que pour les infections professionnelles à VIH. Les piqûres, essentiellement avec aiguilles intra-veineuses “sont les accidents les plus à risque de séroconversion VHC". Notons que deux séroconversions sont survenues “suite à un contact sanguin sur peau lésée”. Près de la moitié de ces séroconversions (30) étaient évitables par le respect des precautions standard, estiment les auteurs.

Quant au virus de l'hépatite B (VHB), l’absence de déclaration de séroconversion depuis la mise en place de la surveillance nationale en 2005 “ne reflète sans doute pas la réalité”, préviennent les auteurs, dans la mesure où l’obligation de vaccination pour les soignants, en vigueur depuis 1991, n’est pas respectée à 100%, où cette vaccination admet des cas de non réponse et où le VHB est particulièrement transmissible.

Cécile Almendros

1 – Il s’agissait de la première séroconversion documentée déclarée suite à un contact cutanéo-muqueux, en France. Si le risque de séroconversion par ce biais est plus faible qu’après accident percutané, au moins neuf cas similaires ont été recensés en Allemagne et en Italie (deux chacun), ainsi qu’aux Etats-Unis (5), rappelle l’InVS.

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