La gale norvégienne se rencontre essentiellement chez les sujets immunodéprimés et fragilisés. Elle est plus rare, mais plus contagieuse que la gale classique. Toutes deux sont dues à un sarcopte. Ce parasite mesure de 0,3 à 0,4 mm et passe environ un mois à creuser un sillon à la surface de la peau où la femelle dépose ses oeufs, qui se transforment en nymphes. Ce sont en fait les excréments du parasite qui provoquent les démangeaisons.
Le premier cas de cette épidémie a été diagnostiqué le 22 août chez un jeune patient hospitalisé depuis plusieurs années au service. Le diagnostic a pris du temps : « Il avait déjà eu des problèmes de dermatose provoquant des démangeaisons, précise le docteur Djéa Saravane, président du Comité de lutte contre les infections nosocomiales (Clin) de l’établissement. Un dermatologue l'avait examiné en mai, il avait déjà des plaques, mais ce n’était pas la gale. Comme ça s’est aggravé en août, que le prurit était de plus en plus intense, un nouvel examen a été fait en centre hospitalier. » Une gale norvégienne est diagnostiquée.
Une cellule de crise est mise en place au sein de l'établissement. Celle-ci regroupe une douzaine de personnes représentant le Clin, la direction des soins, la direction administrative et la médecine du travail. En effet, l'épidémie s’étend et touche douze membres du personnel et un enfant d’un an. Sa mère, agent de service, l’avait placé dans la crèche de l'établissement.
Le protocole prévu par le Clin suivant les recommandations du ministère de la Santé est mis en place. Le service des Peupliers, où se trouvait le patient source, est fermé pendant vingt-quatre heures, la crèche pendant quarante-huit heures. Désinfection de fond en comble : toutes les personnes touchées ont été traitées, mais d'autres ayant été en contact avec elles ont aussi dû prendre un traitement préventif. Au total, 123 personnes ont pris des comprimés de Stromectol®. Literie et linge sont lavés à 60°C, température à laquelle ne résistent pas les parasites.
Deux semaines plus tard, nouveaux tests pour repérer si le protocole est venu à bout du sarcopte : « Il n’y avait pas de positivité, que ce soit au scotch-test pour détecter les oeufs, ou à celui à l’encre de Chine. L’épidémie a été jugulée rapidement », se réjouit le docteur Saravane. Il est alors temps d’en chercher la cause : « Ici, c’est un peu compliqué car c’est sur une personne qui n’est jamais sortie de l'établissement. L’enquête continue, notamment pour savoir qui lui a rendu visite ou encore sur les personnes vacataires qui viennent la nuit. » Pour le reste, la cellule de crise a été dissoute lundi. « On n’a jamais eu peur, rassure le docteur Saravane. Il vaut mieux une épidémie de gale que de tuberculose ou de méningite. »
Laurent Guenneugues