En 2008, c’est dans les services de psychiatrie qu’on a recensé le plus grand nombre d’actes de violence, selon l’Observatoire national des violences en milieu hospitalier (ONVH). Ils ont été le théâtre de plus de la moitié (52,61%) des 3.433 déclarations de faits de violence rapportés dans le bilan 2008 de l’ONVH. Si le nombre d’établissements psychiatriques ayant déclaré des événements violents en 2008 a été plus faible qu’en 2007, en revanche, le nombre de déclarations par établissement a « augmenté en moyenne de 80%, avec 38 fiches » contre 21 l’année précédente, note le rapport intitulé Bilan national des remontées des signalements d’actes de violence en milieu hospitalier.
En psychiatrie, les événements violents (dont 94% d’atteinte aux personnes) ont très majoritairement lieu en journée et les personnels en sont les principales victimes (94%). L’ONVH établit une « hausse des faits de violence » et constate un « abaissement du seuil de tolérance (à la violence) du personnel ».
Forte prépondérance des atteintes aux personnes
Après les services de psychiatrie, mais très loin derrière, arrivent en deuxième et troisième position les services d’urgence et ceux de médecine générale qui représentent respectivement 13,8% et 7,8% des déclarations d’événements violents en 2008. Aux urgences ce sont principalement les patients qui sont à l’origine des faits (64%), devant les visiteurs (10%) et les accompagnants (19%). Les violences y ont plutôt lieu en début de soirée et pendant la nuit.
Globalement, le nombre total de faits, déclarés en 2008 par 257 établissements, enregistre une hausse de 5,6% par rapport à 2007, note l’ONVH qui insiste sur la non exhaustivité de ce chiffre tant la politique de déclaration varie d’une région à l’autre et selon les établissements. «La violence s’est réellement installée au sein des établissements de santé», estime Fabienne Guerrieri, chargée de mission à la Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (Dhos) sur les questions de sécurité et auteure du rapport.
La typologie des événements déclarés révèle une très nette prépondérance des atteintes aux personnes (89,3% des signalements) et celles-ci ont augmenté de 5,7% entre 2007 et 2008. Les coups volontaires représentent 60% des atteintes aux personnes. Des déclarations d’incapacité temporaire de travail surviennent dans 11,9% des cas de violence contre les personnes.
Plus de huit victimes sur dix appartiennent au personnel
En ce qui concerne les victimes, on les trouve à 82% parmi les personnels de l’établissement concerné. Une victime sur dix est un patient et une sur 100 un agent de sécurité. Dans 43% des situations, le personnel intervient seul. Un renfort est nécessaire dans 11% des cas et les forces de l’ordre interviennent moins d’une fois sur dix (9% des cas).
Les atteintes aux biens (10,7% des signalements) sont en baisse de 5,7 points par rapport à 2007. Les vols sans effraction et autres dégradations légères concernent essentiellement quatre types de service : bureau des personnels, laboratoire, services techniques et vestiaires.
Pour la période 2006-2008, l’ONVH souligne l’importance de la formation du personnel à la prévention et à la gestion de la violence et considère le peu de plaintes déposées après des actes de violence -83% des actes déclarés ne donnent lieu à aucun dépôt de plainte- comme un « dysfonctionnement ». En psychiatrie par exemple, il faut des cas extrêmes pour que le personnel porte plainte et ceci afin de « ne pas altérer le lien de confiance construit avec le patient ou parce qu’il estime que la maladie explique l’acte », explique le rapport.
C’est pourquoi l’auteure recommande le développement de partenariats santé-sécurité au-delà des 500 déjà signés entre des établissements de santé et la police ou la gendarmerie nationale.