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24/11/2022

Violences conjugales : un outil pour un repérage de premier recours

La Haute autorité de santé (HAS) encourage dans un nouvel outil les médecins généralistes à questionner systématiquement toutes leurs patientes sur la présence de violences conjugales. Pour appuyer la démarche, elle publie un nouvel outil, sous la forme d’un guide pratique qui tient en une page, diffusé à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Les infirmières peuvent également s’en saisir.

Intitulé « Outil d’aide au repérage des violences conjugales », ce guide est découpé en quatre axes : Pourquoi dépister ? Quand et comment dépister ? Que faire en cas de violences ? Des conseils concrets sur la façon d'aborder le sujet avec la patiente sont donnés : comment formuler les questions, rappeler à l’intéressée « qu’elle n’est pas seule, que les faits de violences sont punis par la loi et qu’elle peut porter plainte...» Le document incite également le praticien à proposer si besoin un deuxième rendez-vous pour en reparler, ou encore un accompagnement. À cette fin, une liste de numéros utiles est donnée (Samu, psychologue, 115, Violences Femmes info…) ainsi que d’autres sources à utiliser ou communiquer à la patiente.

UNE RECOMMANDATION PEU SUIVIE

Le contenu de ce guide, conçu avec l'appui de l'équipe sciences comportementales de la Direction interministérielle de la transformation publique (DITP), est le « fruit d'une expérimentation menée auprès de plus de 1 100 médecins généralistes volontaires » et a ainsi « été construit en tenant compte des freins associés à la mise en œuvre du repérage », précise la HAS dans son communiqué. L’objectif étant de permettre une meilleure appropriation d’une recommandation, déjà émise par la HAS dans le cadre de ses travaux sur le "repérage des femmes victimes de violences au sein du couple", publiés en 2019 (1). Celle-ci encourage les professionnels de santé à questionner systématiquement la patiente au cours d'une consultation, même en l'absence de signes d'alerte, sur la présence de violences conjugales. Recommandation peu appliquée. D’après une enquête barométrique menée par l'institut BVA pour la HAS (2), seules 3 % des femmes ayant consulté un médecin généraliste au cours des 18 derniers mois se rappellent avoir été interrogées sur ce sujet. Or, pas moins de 3 à 4 femmes sur 10 présentes venant consulter seraient victimes de violences conjugales et 1 victime sur 5 a vu en premier lieu un médecin à la suite d'un incident. Près d’une femme sur 10 ayant vécu en couple pendant l’année écoulée a été en situation de violences conjugales au cours des 12 derniers mois.

EXPÉRIMENTATION À SUIVRE

Accessible sur le site de la HAS, ce guide sera "largement diffusé" auprès des médecins généralistes ce vendredi, date de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. L’occasion pour la HAS de rappeler « la nécessité de normaliser le questionnement sur les violences conjugales par des professionnels de premier recours ». Elle prévoit de suivre les effets de la mise en place de cet outil sur l'application de cette recommandation en médecine générale en renouvelant l'enquête barométrique BVA à échéance régulière.

L’expérimentation, citée plus haut laisse présager des résultats significatifs. Deux supports élaborés avec les experts en sciences comportementales de la DITP ont été testés, une recommandation simplifiée, « avec un regroupement drastique d’informations très nombreuses et éparses », et un questionnaire de prévention. Une hausse du nombre de femmes questionnées de 76 % a été constatée dans le groupe de médecins ayant reçu ces deux outils, ce qui représente 2 femmes de plus questionnées chaque semaine (3). « Une augmentation encore relative mais encourageante, qui montre l'intérêt d'accompagner les médecins avec des outils adaptés », conclut la HAS.

Hélène Trappo

1- www.has-sante.fr/jcms/p_3104867/fr/reperage-des-femmes-victimes-de-violences-au-sein-du-couple

2 - Étude BVA pour la HAS, octobre 2022, sur un échantillon national représentatif en termes d'âge, CSP du foyer, région et taille d'agglomération, de 875 femmes ayant consulté un médecin généraliste (traitant ou non) au cours des derniers 18 mois au cabinet ou en téléconsultation.
3 - Pour en savoir plus consulter le site de la DITP

- Martin L., « Violences conjugales : l’ordre infirmier du Gers engagé au côté du Parquet », sur espaceinfirmier.fr le 18/05/2022

- Soubelet I « La Maison des femmes Marseille-Provence : un accueil inconditionnel », sur espaceinfirmier.fr le 13/12/2021

- De Vaumas E., « Les violences faites aux femmes au sein du couple », dans L'infirmièr.e n° 2, novembre 2020

- Gries L., « Violences faites aux femmes : l’Idel a un rôle à jouer », dans L'infirmière Libérale Magazine n° 362, septembre 2019

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