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L’exécutif a présenté fin septembre un plan en 42 mesures pour s’attaquer aux violences subies au quotidien par les soignants. L’initiative, attendue de longue date, a été saluée par certains représentants du monde infirmier, mais elle en a laissé d’autres sur leur faim.
On peut dire qu’il s’est fait attendre ! Le « plan pour la sécurité des professionnels de santé » avait été annoncé pour le mois de juillet lorsqu’en juin, Nathalie Nion, cadre supérieure à l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) et le Dr Jean-Christophe Masseron, président de SOS Médecins France, avaient remis leur rapport listant 44 propositions « pour des soins en sécurité ». Las, l’été et un remaniement ministériel sont entre-temps passés par là. C’est finalement le 29 septembre dernier qu’Aurélien Rousseau, ministre de la Santé, et Agnès Firmin Le Bodo, ministre chargée de l’organisation territoriale des professionnels de santé, ont présenté leur feuille de route sur le sujet.
Celle-ci se décline en 42 mesures, parmi lesquelles on peut noter l’organisation d’une « campagne nationale de sensibilisation du grand public au respect dû aux soignants » et d’une « campagne de formation avec un tronc commun dédiée aux agents et à leurs encadrants », la création d’un « un délit d’outrage sur les professionnels de santé », une « aggravation des peines » encourues pour des faits de violence au sein des établissements, ou encore une réorganisation de la manière dont agents et établissements peuvent déposer plainte.
« Il n’est pas acceptable que celles et ceux qui nous soignent soient menacés dans l’exercice de leurs missions, a déclaré Aurélien Rousseau, cité dans un communiqué du ministère de la Santé. Les conséquences de ces violences sont majeures. C’est pourquoi nous avons fait de la sécurité des professionnels de santé un chantier prioritaire. » Agnès Firmin Le Bodo, dans le même communiqué, en a appelé à une « tolérance zéro » envers les violences, rappelant à la fois le « respect dû par les patients aux soignants » et le « devoir de ces derniers de signaler les violences ».
Nécessité absolueLes mesures gouvernementales ont été relativement bien accueillies par l’Ordre national des infirmiers (ONI). « Ce plan de sécurité pour les personnels soignants était devenu une nécessité absolue et particulièrement pour la profession infirmière – qui est souvent le premier et seul contact avec le patient – et qui est donc la plus exposée face aux violences », a notamment déclaré son président, Patrick Chamboredon, cité dans un communiqué. L’ONI rappelle notamment que lors d’une consultation organisée par ses soins auprès de plus de 30 000 infirmiers, 66 % des professionnels interrogés déclaraient avoir été victimes de violences dans leur exercice professionnel, et 73 % déclaraient en avoir été témoins.
Pour le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) en revanche, certaines mesures restent en travers de la gorge des soignants. Sur le réseau social X (ex-Twitter), l’organisation pointait notamment la mesure 3, celle qui entend « rappeler aux soignants que les principes de base de la politesse sont toujours à observer ». Le SNPI y voit une « insulte envers la bienveillance des soignants », voire une forme de « culpabilisation » visant à chercher ce qu’un soignant a pu faire pour susciter l'agression.
Reste que comme toujours, l’important n’est peut-être pas le plan, mais son application. « Je trouve que ce plan balaie assez largement les propositions que nous avions faites en juin, juge Nathalie Nion, co-autrice du rapport sur lequel se fonde l’initiative gouvernementale. Il faudra maintenant voir la façon dont il se décline. » La cadre supérieure note ainsi que le plan mentionne en toutes lettres que certaines mesures, comme les dispositifs d’alerte, doivent être financés. Reste à savoir comment les textes législatifs actuellement en discussion, à commencer par le Projet de loi de finance (PLF) et le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) mettront en musique ces bonnes intentions.