Suite à la récente agression d’un infirmier aux urgences de La Conception, l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille planche sur de nouvelles mesures pour protéger ses agents. La présence policière au sein des établissements de soin fait débat.
Le personnel de l’hôpital de La Conception (Assistance publique-Hôpitaux de Marseille) reste effaré par l’événement qui s’est produit dimanche 18 août, vers 5h50 aux urgences. Pour cause : l’infirmier d’accueil et d’orientation a subi un accès de violence de la part de trois jeunes venus se faire soigner après avoir mortellement agressé un jeune homme sur le Vieux-Port. Armé d’un couteau, l’un d’eux a blessé au bras le soignant, qui s’en sort avec quelques points de suture.
« Il a dix jours d’arrêt de travail, mais c’est surtout un gros coup psychologique », déplore Eric Audouy, vice-président de la Coordination nationale infirmière (CNI).
Des rondes 24/24
Le syndicaliste salue la réactivité de l'encadrement. La direction de l’AP-HM a, en effet, aussitôt pris différentes mesures, à commencer par la mobilisation 24/24 de ses équipes de gardiennage sur le site de l’incident. Par ailleurs, un comité d'hygiène et de sécurité des conditions de travail (CHSCT) extraordinaire s’est réuni lundi à La Conception. Un autre, au niveau central, se tiendra ce vendredi 23 août.
Des décisions qui répondent en partie aux requêtes émises par Force ouvrière dès lundi. Dans un communiqué, le syndicat réclamait « la réunion d'un CHSCT extraordinaire, un plan de prévention de la violence avec le renfort immédiat des rondes de sécurité dans les services d'accueil des urgences » et demandait à ce que la police « soit réellement sur le terrain, avec une présence policière accrue aux abords des services d'urgences (Hôpital Nord, hôpital de La Conception, hôpital de La Timone) ».
Ce dernier point a été débattu ce mercredi matin en préfecture de police, avec les différentes autorités concernées (AP-HM, préfecture, ARS, élus municipaux), suite à une demande du directeur général de l’AP-HM, soutenue par le Premier ministre, venu à Marseille ce mardi.
« Cela ne peut pas résoudre tous les problèmes »
Il a été décidé « la mise en œuvre d'un diagnostic dynamique de sécurité in situ des établissements et la réflexion à très court terme sur des dispositifs complémentaires techniques, tels que l'aménagement des locaux, la coordination pour une action conjuguée des moyens humains de la police nationale, de la police municipale et des services de sécurité de l'AP-HM, et la mise en commun des outils d'information », indique l’ARS. Un suivi du dispositif est prévu fin septembre.
Ceci étant, pour Eric Audouy, « la présence policière peut seulement avoir un effet dissuasif, mais cela ne peut pas résoudre tous les problèmes. Il faut aussi que les personnels soient formés à gérer l’agressivité et qu’ils soient en nombre suffisant pour accueillir les patients ». Reste que, face à la violence armée, « il est impossible d’être préparé, estime Bastien Ripert, chef de cabinet du directeur général de l’AP-HM. Ce n’est pas dans les compétences de l’hôpital. »
Pour FO comme pour la CNI, face à ces situations, les agents peuvent - et doivent - invoquer leur droit de retrait. Dimanche matin, le personnel des urgences de La Conception n’a pas choisi de l’exercer.
Marjolaine Dihl
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