Le soutien de la ministre de la Santé à la proposition de loi rendant facultative l'inscription des infirmiers salariés à l'Ordre infirmier a suscité mercredi et jeudi des réactions vives et contrastées.
Dans un communiqué, l'Ordre des infirmiers estime que «les attaques dont il fait l'objet sont sans fondement» et contredit, point par point, les déclarations faites par la ministre mercredi à l'Assemblée nationale concernant par exemple les doublons des instances encadrant les infirmiers et le montant des cotisations à l'Ordre. « Non, le Haut Conseil des professions paramédicales n'a pas en charge les affaires disciplinaires. Non, aucun Ordre ne saurait assurer ses missions légales avec une "cotisation symbolique de 20 euros par an”. (...) Oui, l'Ordre a décidé cette année de moduler sa cotisation comme la loi HPST [hôpital, patients, santé et territoires] le lui permet», a indiqué l'instance. L'Ordre défend son indépendance et indique qu'il «n'a pas à “obéir aux conseils” qui méprisent cette loi et cette indépendance» et qu'il va poursuivre son «action pour que la voix des infirmiers soit entendue et respectée».
La Fédération nationale des infirmiers (FNI) s'est également élevée contre cette prise de position ministérielle. Favorable à l'Ordre infirmier, la fédération accuse le gouvernement de vouloir supprimer l'Ordre pour les salariés afin de placer ces professionnels «à ses ordres». «L'indépendance d'un Ordre professionnel (...) peut à juste titre être perçue comme une contrainte et un empêcheur de pensée unique au moment où, pour des raisons économiques, on aurait tendance à vouloir faire “n'importe quoi” à “n'importe qui”», affirme la fédération. La FNI dénonce aussi «la discrimination intolérable» dont sont victimes les infirmières libérales dans ce dossier.
Une «victoire» pour les anti-ordre
La CGT et la CFTC ont au contraire accueilli favorablement l'annonce de la ministre. «C'est une première victoire à mettre à l'actif de la mobilisation des infirmier(e)s et des organisations syndicales. Depuis deux ans, 90% de ces professionnels refusaient d'adhérer et de payer une “taxe” pour cette structure chargée “d'encadrer et de moraliser la profession” qui est déjà réglementée et inscrite dans le Code de la santé publique», a déclaré mercredi la fédération CGT santé-action sociale dans un communiqué de presse. Elle demande que cette mesure concernant les infirmiers salariés soit étendue aux infirmières libérales et aux autres professionnels de santé. Elle demande aux directions d'établissement et aux élus ordinaux de «cesser immédiatement toutes pressions» concernant les inscriptions à l'Ordre.
La CFTC estime qu'avec ce soutien, la ministre de la Santé s'est engagée «enfin dans la seule voie raisonnable qui doit rassurer les infirmiers sur la pratique de leur exercice». Quant au Syndicat de masseurs-kinésithérapeutes libéraux et salariés Alizé, il a publié mercredi un communiqué de presse pour réclamer que la mesure s'applique aussi aux kinésithérapeutes et aux pédicures-podologues.
(APM)