Xavier Bertrand au Salon infirmier : pas d'opération séduction

13/10/2011

Xavier Bertrand au Salon infirmier : pas d'opération séduction

Arrivé en fin de journée, le ministre de la Santé s'est promené dans les allées du Salon pendant plus d'une demi-heure, échangeant de manière informelle avec les infirmières présentes. (AVEC VIDEO)

Annoncée dans un premier temps pour le début d’après-midi de la première journée du Salon infirmier (1), la traditionnelle visite du ministre de la Santé à ce rendez-vous annuel des professionnels infirmiers n’est finalement intervenue qu’en fin d’après-midi, vers 17h15, mercredi. « Ce fut difficile de trouver un moment dans la journée très chargée, mais c’était important pour moi de venir », s’est excusé Xavier Bertrand à son arrivée. Contrairement à l’habitude qu’avait prise ses prédécesseurs, il n’a pas fait de discours à l’adresse des infirmières, se contentant d’évoluer dans les allées quelque peu dépeuplées du pavillon n°3 du Parc des expositions, trois quarts d’heure après la fin des conférences du jour. La quarantaine de minutes que le ministre aura passée porte de Versailles sera donc passée largement inaperçue : de nombreux professionnels ont appris ce jeudi avec étonnement la discrète visite ministérielle de la veille. Echangeant de manière informelle et difficilement audible avec plusieurs professionnelles et avec des étudiantes, Xavier Bertrand ne s’est pas approché du stand de l’Ordre national des infirmiers…


 

Interrogé sur l’état des négociations relatives à la convention nationale des infirmières libérales, le ministre n’a visiblement pas souhaité se réjouir en public de l'avance prise par les Idel (2). Peut-être voulait-il éviter de froisser ainsi les retardataires : la convention médicale, publiée le 25 septembre au JO, est en stand-by à cause d’un désaccord persistant sur un avenant relatif au secteur optionnel ; celle des masseurs-kinésithérapeutes bloque également sur un projet d’avenant ; les dentistes espèrent débuter la négociation de la leur en novembre ; même cas de figure pour la convention pharmaceutique, arrivée à échéance en juillet et qui doit être renégociée prochainement. Surpris par notre question pour savoir s'il souhaitait ériger les infirmières en exemple, puisque le projet d'avenant n°3 à la convention est en attente de parution au J.O. (3), le ministre s'est montré plutôt mal à l'aise : «Pourquoi me poser cette question en ces termes ?» Réponse : «Parce que nous sommes au Salon infirmier, et que le dossier avance tout de même plus vite pour les infirmières que pour d'autres professions de santé...» Riposte du ministre : «Pourquoi voulez-vous que je me félicite ou que je félicite les infirmières ? L'avenant est signé, d'accord. Mais on ne peut pas pour autant parler de retard en ce qui concerne les autres professionnels. Ca n'est pas transposable. Les infirmières avaient fait des efforts au préalable en matière de démographie. C'est normal qu'on n'en soit pas au même stade partout. Ca ne veut rien dire.»

Les élections ? «Qu'on fasse notre boulot et on verra »

Un peu plus loin, le ministre demande combien gagne une infirmière en début de carrière à l'AP-HP. Réponse : 1600 euros. Le ministre reste imperturbable : c'est la troisième fois qu'il pose la question depuis son entrée au Salon, il commence probablement à s'y faire. «Vous avez des demandes de crèche importantes ?», demande-t-il. «Oui. On y répond», réagit Roselyne Vasseur, coordinatrice générale des soins de l'AP-HP . Le ministre poursuit en posant une question qu'il ne devinait pas si sensible : se tournant vers Annie Podeur, la directrice générale de l'offre de soins (DGOS), qui fait partie de la petite délégation l'entourant, il demande :«Quelle est la durée moyenne de carrière d'une infirmière ?». « Trente ans », répond Annie Podeur, ce que Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI CFE-CGC s’empresse de corriger : «Pour celles qui atteindraient la retraite, oui, mais en réalité c'est plutôt cinq ans après le diplôme.» Toute la question est de savoir si l’on parle de carrière à l'hôpital ou en dehors : en libéral, en établissement privé, etc. «Le problème c'est de devenir infirmière, mais aussi de le rester », juge alors Roselyne Vasseur. « On n'arrive même plus à trouver des directeurs de soins, le manque d'attractivité est important». Et d’insister sur l'enjeu de la formation, avec «un vrai L, un vrai M et un D en doctorat».

Roselyne Vasseur s’est même autorisée une suggestion au ministre: «Vous avez un problème avec les médecins ? Et bien, vous avez une solution devant vous : le corps infirmier. Education thérapeutique du patient, prévention, coordination, confiez-les nous ! » Le ministre la coupe : «Les réticences tendent à être levées», assure-t-il. «Oui, mais c'est dans les faits que ça ne change pas !», rétorque Roselyne Vasseur, avant de dégainer l’argument-massue : les infirmières sont aussi des électrices, il faut s'en occuper, observe la coordinatrice générale des soins en cette année pré-électorale... «Les élections ? Qu'on fasse notre boulot et on verra ce que feront les gens aux élections», élude Xavier Bertrand. Décidément, le ministre n’était pas cette année en mission séduction au Salon infirmier.

Candice Moors et Cécile Almendros
Vidéo : Nicolas Cochard

1 - Du 12 au 14 octobre au Parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris.

2 - Le 21 septembre, après plus de deux mois de tergiversation, Xavier Bertrand a approuvé le projet d’avenant n°3 de la convention nationale régissant les rapports entre les infirmières libérales et l’assurance maladie. Les syndicats et l'Assurance maladie avaient signé l'avenant dès le mois de juin.

3 - Peut-être à la mi-novembre... Affaire à suivre.

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