YNeuder
Dans le gouvernement annoncé par François Bayrou le 23 décembre, la Santé revient à Yannick Neuder, jusqu’ici député (LR) de l’Isère. Mais rien ne dit que ce cardiologue saura mieux pousser les dossiers infirmiers que ses (nombreux) prédécesseurs récents.
Et de 7 ! En nommant Yannick Neuder au poste de ministre de la Santé, François Bayrou a fait de ce spécialiste des questions de santé chez Les Républicains le 7e occupant de l’avenue Duquesne depuis la réélection d’Emmanuel Macron (et le 4e pour la seule année 2024). Autant dire que ce cardiologue qui a fait carrière au CHU de Grenoble sait que ses fonctions peuvent prendre fin d’un moment à l’autre… et que rien ne lui garantit qu’il aura les moyens d’imprimer sa marque.
Député de l’Isère depuis 2022, le nouveau ministre avait pris son envol politique au Conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, où il a fait ses classes dans le sillage de Laurent Wauquiez. Il a progressivement pris du poids au Palais-Bourbon, portant plusieurs propositions de loi relative aux carrières médicales et devenant rapporteur du budget de la Sécurité sociale, le texte qui a fait chuter le gouvernement de Michel Barnier.
ÉQUILIBRES SUBTILS
L’arrivée avenue Duquesne de ce représentant de la droite est le fruit de subtils et instables équilibres politiques qui allient, dans la formation du gouvernement, changement et continuité. Il y a bel et bien du changement, puisque Geneviève Darrieussecq, dont beaucoup croyaient à la reconduction en tant que membre du Modem, le parti de François Bayrou, a finalement été remerciée. Mais il y a aussi de la continuité : comme sous le gouvernement d’Elisabeth Borne, la Santé se retrouve de nouveau sous la tutelle d’un grand ministère où se trouvent également le travail, la solidarité et la famille, portefeuille taille XXL de nouveau détenu par l’ex-LR Catherine Vautrin.
Autre invariant : l’absence de majorité parlementaire, qui ne manquera pas de handicaper l’action de Yannick Neuder au ministère de la Santé. Voilà qui questionne sérieusement sa capacité à faire voter le budget de la Sécurité sociale qu’il n’a pas su faire adopter en tant que rapporteur, mais aussi à faire avancer les nombreux dossiers infirmiers qu’il va trouver sur son bureau en arrivant. Et ceux-ci ne manquent pas, à commencer par la refondation de la profession et la loi infirmière dont on ne connaît toujours pas la teneur exacte, ou la loi sur les ratios qui doit être débattue courant janvier, pour n’en citer que deux.
« Le ministère de la Santé est le plus beau des ministères, celui du soin et de la protection des plus vulnérables », s’est félicité le nouveau ministre sur le réseau social X dès sa nomination, listant les « nombreux défis » qui l’attendent : « lutte contre la désertification médicale, vieillissement de la population, soutien à nos établissements et nos professions de santé, politique ambitieuse de prévention, souveraineté sanitaire ». Reste à savoir si la situation politique lui permettra de réaliser ses ambitions.
Adrien Renaud