À qui regarde de loin, il est facile de donner des leçons, de critiquer l'engagement trop passionné ou, au contraire, la froideur et la brusquerie des professionnels du soin. En vérité, sans être sur le terrain, au cœur de la rencontre, il est bien difficile de juger un travail que l'on ne connaît pas (ou que l'on ne connaît plus). Prétendre qu'il est possible de trouver d'emblée une posture professionnelle maîtrisée est en fait une illusion.
Pour comprendre et chercher la distance juste, il est préférable de ne jamais oublier cette donnée toute simple : le soin met au contact deux corps vivants, qui perçoivent des sensations, qui ressentent des émotions, et qui pensent.
Car les enjeux profonds du soin, au-delà de son nécessaire aspect technique, sont liés à l'intersubjectivité de la rencontre. Entre plaisirs et déplaisirs, désir de réparation et culpabilité, engagement et souffrance éthique, évitement ou présence attentive, l'implication corporelle et affective donne son poids d'humanité au soin.
-> Pascal Prayez : « La juste distance est une juste présence ». Retrouvez une interview de l'auteur de ce livre en cliquant ici : interview