La conception du soin qui prévaut au XXe siècle trouve son origine dans un modèle centré sur le curatif (Cure) qui tend à s’opposer aux situations qui requièrent un investissement relationnel étalé dans le temps (Care).
Or, sous-estimer le travail de Care, du «prendre soin», revient à mettre en péril les possibilités curatives. Ce processus entretient malaise et désaffection chez les professionnels de santé et déficit de confiance du côté des patients.
Cet ouvrage montre, à partir de l’étude de la professionnalisation des infirmières, comment les modèles de formation et de division du travail des soignants, qui se sont édifiés tout au long du XXe siècle, ont généré ces situations contreproductives.
La révision des parcours de formation, fréquemment débattue mais artificiellement résolue par les réformes de la fin de la première décennie des années 2000, s’appuie toujours sur les mêmes modèles professionnels et perpétue, de ce fait, les obstacles à la prise en compte des besoins croissants d’accompagnement des patients atteints de maladies chroniques.
À l’heure où les réseaux de soin se développent, y compris sur Internet, où l’autonomie est devenue valeur suprême, dans quelle mesure les soignants vont-ils se saisir du malaise qu’ils traversent, pour construire, avec les patients, une nouvelle culture du soin ?
Par son exploration des problématiques du soin et des logiques d’acteurs, cet ouvrage devient indispensable pour comprendre les enjeux des professions paramédicales et envisager des stratégies d’avenir.