Depuis le 12 décembre 2016, le service de gynécologie à Bretonneau (Tours) est en grève. Les collègues ont envoyé une lettre ouverte à la Directrice Générale du CHU. Nous vous la livrons dans son intégralité...
Mesdames, Messieurs,
Nous nous souvenons encore de notre début de carrière, nous voulions être soignants pour prendre soin du corps et de l’âme, être au cœur de cette relation soignant-soigné si riche et si diversifiée ; pouvoir instaurer un climat de confiance et être acteur dans le “prendre soin” afin d’accompagner le patient et son entourage dans ce moment difficile.
Nous avons arpenté les couloirs de différents services avec la passion de notre métier et le souci de bien faire auprès nos patients pour qu’ils puissent mieux guérir, avec tout le respect, la bienveillance et l’humanité qu’ils méritent.
Malheureusement, nous avons vu nos conditions de travail se dégrader sans vraiment trop en parler afin de préserver nos patients d’une source de stress supplémentaire (étant une profession de silence) et tenant plus que tout à faire le maximum pour son bien-être, et coûte que coûte assurer une continuité dans la prise en charge avec la meilleure sécurité et qualité des soins.
Aujourd’hui, nous sommes lasses de venir remplacer sur nos jours de repos, nos familles sont lasses de nous voir souffrir et culpabiliser par manque de moyens et de temps avec un stress quasi-permanent.
Chaque jour dans notre service, il y a des dysfonctionnements liés au manque de personnels. Il y a des soignants auprès du malade mais il manque dans notre service une infirmière et une aide-soignante pour organiser le travail et la logistique en amont comme les différentes commandes : la commande des repas adaptés aux régimes des patients, les commandes de médicaments et de matériels nécessaires aux soins ainsi que leur péremptions, la vérification régulière du chariot d’urgences. La bonne gestion des entrées et des sorties, les surveillances des opérés du jour. N’ayant plus de moyens suffisants, dès l’entrée, l’accueil s’en trouve dégradé, certaines patientes attendent plusieurs heures avant de pouvoir accéder à leur chambre.
Une ASH, qui doit être à plusieurs endroits à faire plusieurs taches en même temps, accumule du retard qui se ressent dans la prise en charge du patient (une patiente à accompagner en examen, à installer dans sa chambre...). À cela s’ajoutent des difficultés de planning avec des rappels fréquents sur nos jours de repos et des changements réguliers au dernier moment. Sans oublier la désorganisation des consultations (pansement, urgences, orthogénie) où l’infirmière est supprimée afin de combler l’absentéisme dans le service, et donc une diminution de l’offre de présence de l’infirmière auprès des patientes de consultation.
Nous ne voulons plus nous sentir coupable de ne pas réussir à s’occuper de nos patients comme il le faudrait.
À ce jour, l’équipe de gynécologie hospitalisation complète, ambulatoire, des urgences gynécologiques, d’orthogénie et de consultations pansements et d’annonces est en grève depuis le lundi 12 décembre 2016.
On nous parle de chiffres et de rentabilité. Les décideurs nous envisagent comme une charge financière et non comme des acteurs de santé. La surcharge de travail ne laisse plus de place à la relation d’aide et la qualité de nos soins s’en trouve diminuée.
Il est important pour nous de tirer la sonnette d’alarme sur les conditions et le rythme de travail exigeant qui nous sont imposés avec le risque grandissant de faire des erreurs, de ne pas être à l’écoute de nos patientes et de passer à côté d’éléments importants pour leur prise en charge.
Les personnels des services de gynécologie