Bras de fer entre gouvernement et infirmiers

Rien ne va plus dans le Royaume de Belgique. Une loi publiée le 1er septembre 2001 au Moniteur (le Journal officiel national) permet de déléguer des actes jusque-là infirmiers à des aides-soignants. Une loi qui met le feu aux poudres.

La situation de la Belgique est paradoxale. Elle est confrontée à une pénurie alors qu'elle compte près de 110 000 infirmiers diplômés, soit 10 infirmiers pour 1 000 habitants contre 5,2 en France. Mais seuls 70 000 exercent, dont 40 % à temps partiel (y compris parmi les infirmiers indépendants, nom des infirmiers libéraux en Belgique). « Pour nous, il n'y a pas de pénurie. Mais la profession est si dure et mal rémunérée que les infirmiers la désertent. Et, au lieu de revaloriser notre métier, le gouvernement vient de lui porter un coup fatal en le déqualifiant », explique Michel Dumont, président de l'Union des infirmières indépendantes (Ufii), membre de la Fnib*, l'une des associations les plus actives dans ce mouvement. Pour la ministre Magda Aelvoet, il s'agit surtout d'harmoniser la formation d'aides-soignants et de « réduire la charge de travail des personnels soignants » pour faire face à la pénurie. Pas de remplacer les infirmiers par des aides-soignants. Un arrêté Royal devrait définir la liste des actes concernés. Des propos rassurants qui ne contentent cependant pas l'Ufii et la Fnib. « Les indépendants n'ont pas été revalorisés depuis deux ans. Aujourd'hui, non seulement le gouvernement finance les structures de soins à domicile, mais il leur donne la possibilité d'engager des personnels sous-qualifiés, encadrés par des infirmiers, pour faire les soins. Nous le soupçonnons de vouloir démanteler notre profession au profit de ces grosses structures », s'indigne Michel Dumont. Les pétitions, les arrêts de travail, la table ronde organisée dans la rue à Bruxelles, la mobilisation massive du 27 mars 2001 n'ont rien changé pour l'heure. Les aides-soignants sont appelés à la rescousse. Mais d'autres actions sont prévues en juin prochain.