L'infirmière libérale magazine n° 171 du 01/05/2002

 

Aspirations endotrachéales

Sur le terrain

Presque trois ans mois pour mois après la publication des textes habilitant les tierces personnes, sous réserve d'une formation spécifique, à réaliser des aspirations endotrachéales, les tutelles s'apprêtent à évaluer le dispositif mis en place. Publiés le 27 mai 1999, ce décret et son arrêté avaient suscité de vives polémiques au sein de la profession et des craintes pour la santé des patients. Force est de constater aujourd'hui que leur mise en place n'a pas conduit aux dérives augurées alors.

L'Association française contre les myopathies (AFM), qui a plaidé pour la sortie de ces textes, estime qu'environ 300 personnes ont suivi cette formation de cinq jours dans l'un des 20 Instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) du dispositif. Ce sont en majorité des auxiliaires de vie. Comme Thérèse Mirédin, « certifiée » en février 2002, elles sont aujourd'hui rassurées de pouvoir réaliser ce geste correctement. « Je réalise des aspirations endotrachéales tous les jours. Au début, c'est très troublant, car on a l'impression de faire mal aux malades. Heureusement, ils nous aident. À leur expression, je sais si je dois continuer à aspirer ou pas. C'est un geste que nous faisons avec la personne, en nous appuyant sur elle. Et puis nous sommes supervisées par une infirmière libérale qui vient tous les jours changer les canules », explique-t-elle. Une situation manifestement assez fréquente pour les personnes qui travaillent au sein d'associations.

Le risque est-il pour autant circonscrit ? « Nous n'avons eu aucun problème depuis 1999 », indique André Loubière, infirmier et directeur des actions médicales et sociales de l'AFM. « Ces textes sont essentiels. Les aspirations endotrachéales ainsi facilitées contribuent à augmenter l'espérance de vie des myopathes de 10 à 15 ans. Mais les patients deviennent dépendants de ce geste et les infirmiers libéraux ne peuvent être là tout le temps », poursuit-il. Un pré-bilan somme toute satisfaisant, même si André regrette aujourd'hui « que certaines régions ne soient pas en mesure de proposer cette formation et que son prix soit prohibitif pour les bénévoles ou les familles. »