Associations dangereuses - L'Infirmière Libérale Magazine n° 180 du 01/03/2003 | Espace Infirmier
 

L'infirmière libérale magazine n° 180 du 01/03/2003

 

Médicaments

Sur le terrain

Sur 300 millions d'ordonnances, près de 0,02 % d'entre elles comportent au moins une association formellement contre-indiquée (AFCI), révèle une étude réalisée par l'Assurance maladie (Cnamts). Un pourcentage faible au premier abord, pourtant ces délivrances concerneraient 38 402 patients et 52 062 prescriptions. En ligne de mire : les médecins généralistes, représentant 88 % des prescripteurs. L'association contre-indiquée la plus courante est celle d'un anti-migraineux de la famille des triptans et d'un dérivé de l'ergot de seigle (25 836 ordonnances et 15 522 patients). La prise trop rapprochée de triptans et de dérivés de l'ergot de seigle expose, en effet, à un risque d'hypertension et de vasoconstriction artérielles. Vient ensuite l'association de la lévodopa ou d'agonistes dopaminergiques, et de neuroleptiques antiémétiques (8 994 délivrances, 4 653 patients). Dans le traitement de la maladie de Parkinson, la lévodopa est utilisée pour corriger les symptômes de tremblements, de rigidité et d'akinésie. Mais cette thérapeutique a de nombreux inconvénients, elle provoque en particulier des vomissements, qui sont corrigés avec des neuroleptiques antiémétiques qui eux-mêmes engendrent des complications motrices après quelques années de traitement. La combinaison des deux médicaments conduit en outre à une inefficacité sur les symptômes nerveux de la maladie. D'où la recommandation d'utiliser d'autres antiémétiques, tels que la dompéridone (conférence de consensus de mars 2000).

Autres associations, autres dangers. Le mélange d'un antibiotique de la famille des macrolides (érythromycine par exemple) à un dérivé de l'ergot de seigle (la dihydroergotamine dans la migraine) susceptible d'entraîner un risque de vasoconstriction artérielle avec crises hypertensives. Également contre-indiquée, la combinaison de cisapride et d'un macrolide ou encore celle de cisapride avec un antifongique azoté, pouvant renforcer le risque de tachycardie ventriculaire. Pour éviter de telles erreurs, la Cnamts préconise le dossier « patient », les logiciels de prescription ainsi que les conseils écrits aux patients.