Les seringues - L'Infirmière Libérale Magazine n° 180 du 01/03/2003 | Espace Infirmier
 

L'infirmière libérale magazine n° 180 du 01/03/2003

 

Banc d'essai

Il est des instruments que l'on associe facilement à une fonction ou une profession. La seringue en est un bel exemple, les patients en font naturellement l'attribut de l'infirmier.

La seringue est un produit très peu différencié. Ses caractéristiques restent assez similaires d'un modèle à l'autre. Les nuances ont d'autant plus d'importance. Les critères de choix se feront en fonction de l'étanchéité, de la maniabilité ou de la facilité de lecture des graduations...

En tout état de cause elle demeure un outil important qui permet d'aller au-delà de la simple injection, de dépasser la peur, pour entrer en relation avec le malade.

LA SERINGUE A SON HISTOIRE

À l'origine, la seringue, ou plutôt le clystère, servait de lavement. Il s'agissait d'un remède dont l'objectif le plus ordinaire était de libérer le ventre : clystère laxatif, clystère rafraîchissant, etc.

Jusqu'au xvie siècle, la composition et l'administration d'un clystère revient à l'apothicaire, qui opère avec une vessie à tuyau de roseau rigide. Plus préoccupé d'épargner la pudeur de ses patientes que de gagner en efficacité, le médecin hollandais Reineir De Graaf, auteur du très sérieux De Clysteribus, « bricole » en 1668 une seringue à tige flexible qui permet aux dames de manier elles-mêmes l'appareil.

La première seringue portative vraiment pratique apparaît en 1713. C'est Anel, chirurgien major aux armées de Louis XIV, qui la met au point pour soigner un abbé du nom de Freshi qui souffrait d'une double fistule lacrymale. La seringue de Pravaz date de 1853. Comme celle d'Anel, elle était en métal. Le médecin londonien Fergusson est le premier à employer le verre, pour surveiller l'injection. Avec l'évolution technologique, le verre a été remplacé par des matériaux synthétiques et, actuellement, les seringues sont en polypropylène et polyéthylène.

MÉTHODOLOGIE DES ESSAIS

Les essais ont été réalisés avec les échantillons fournis (seringues de 5 ml et 10 ml) par les fabricants à différents infirmiers. Les résultats ont été reportés collégialement sur la grille d'observation.

LES SERINGUES DE SÉCURITÉ

Des blessures dues aux aiguilles peuvent avoir lieu à chaque étape d'un traitement. Pour limiter le nombre d'accidents d'exposition au sang (AES), des organisations ont choisi d'adopter des dispositifs médicaux de sécurité lors de gestes à risque, comme les prélèvements sanguins.

Aussi, c'est grâce à une demande de l'OMS en 1986, que de nombreux modèles de seringues autobloquantes ont été mis au point. Leur principe repose sur la neutralisation de l'aiguille dès l'injection terminée. L'utilisation unique de ce matériel permet d'éviter la transmission de germes pathogènes (HIV, Hépatites, etc.), notamment lors de campagnes de vaccinations dans les pays en voie de développement. Mais le développement, la diffusion et le prix de ces seringues en rendent l'accès difficile pour les soignants. Il faut cependant espérer que les soins ambulatoires pourront en bénéficier dans les prochaines années.

FAIRE UN CHOIX : QUESTION DE SENSATIONS

La réalisation de prélèvements et d'injections constituent pour certaines infirmières une part importante de leur activité, aussi il est nécessaire de « trouver la bonne seringue » pour réaliser ces soins. Le choix d'un type ou d'une gamme de seringues reste néanmoins assez difficile.

En effet, les seringues répondent à des normes très strictes (NF EN ISO 7 886-1) et seules l'utilisation ou la finalité du soin peuvent orienter un choix.

Parmi les différents fournisseurs, les gammes sont assez complètes (de 2 ml à 60 ml) et peuvent s'adapter à toutes les situations, même si les petits volumes sont à privilégier (jusqu'à 20 ml) pour les injections courantes réalisées au domicile.

Les seringues en trois pièces assurent cependant un confort optimal d'utilisation, grâce à la présence d'un joint siliconé sur le piston. Elles seront donc préférées si l'on veut associer la précision du geste à la souplesse lors de l'injection, leur surcoût relatif devenant un point annexe au regard du gain de qualité dans le soin.