La noyade - L'Infirmière Libérale Magazine n° 184 du 01/07/2003 | Espace Infirmier
 

L'infirmière libérale magazine n° 184 du 01/07/2003

 

Soin spécifique

Formation continue

Fiches techniques

Un enfant glisse sur le bord d'une rivière et tombe à l'eau. Rapidement entraîné par le courant, il est repêché 10 minutes plus tard, inanimé. En plein pique-nique familial, vous êtes sur les lieux du drame...

À SAVOIR

C'est un accident fréquent.

On distingue la noyade primitive (épuisement suite à une nage, incarcération dans un véhicule, meurtre) et la noyade secondaire (choc thermodifférentiel ou hydrocution, malaise cardiaque, piqûre d'animaux vénéneux).

-> Quatre stades sont décrits :

Aquastress : aucune inhalation, la conscience est normale, c'est la classique "tasse". Reste sans conséquence.

Petite hypoxie : inhalation légère avec toux et encombrement bronchique. La conscience est normale. Nécessite une hospitalisation.

Grande hypoxie : inhalation importante avec gêne respiratoire et cyanose majeures, coma, collapsus. Appeler le Samu.

Anoxie : arrêt cardio-respiratoire. Appeler le Samu.

GESTES PRATIQUES

Portez secours au noyé sans prendre de risque extrême pour vous-même. Avant de plonger, prenez, si possible, un moyen de flottaison et ôtez chaussures et vêtements lourds.

-> Si la personne ne respire plus, vous pouvez tenter, dans l'eau, deux insufflations par bouche-à-bouche.

-> Si la victime est inconsciente

Libérez les voies aériennes

Vérifiez la ventilation.

-> Si arrêt cardio-respiratoire :

Débutez les manoeuvres de réanimation.

Déshabillez, séchez et réchauffez la victime (couverture).

-> Si la ventilation est satisfaisante,

Mettez la victime en position latérale de sécurité.

Mobilisez la victime dans le respect de l'axe tête-cou-tronc si la noyade est consécutive à une chute et mettez en place une minerve de fortune.

Appelez les secours médicaux.

Note : Chez les noyés, l'estomac est souvent gonflé d'eau. Donc, attention aux risques d'inhalation secondaire lors de la réanimation. Ne pas faire de manoeuvre de Heimlich.

-> Si la victime est inconsciente

Installez-la en position demi-assise.

Réchauffez-la et rassurez-la.

Pas d'hospitalisation en cas d'aquastress simple.

> Dans tous les cas, renseignez-vous sur les circonstances de l'accident (malaise associé), sur la durée d'immersion, la température de l'eau. Recherchez des traces de traumatisme (en particulier crânien).

À NOTER

L'hypothermie protège les tissus cérébraux contre l'anoxie. Ne pas hésiter à poursuivre longtemps la réanimation.

La réanimation est encore possible après 10 minutes d'immersion dans une eau à 25 °C, 30 minutes, voire plus, dans une eau inférieure à 15 °C.

L'idéal est de secourir le noyé dans la deuxième phase de la noyade, avant la reprise de ventilation provoquant l'inhalation (dans les trois minutes après la submersion).

La quantité d'eau présente dans les voies respiratoires est souvent faible et absorbée par la circulation. Il est donc inutile et dangereux de suspendre un enfant par les pieds afin de lui faire rejeter l'eau inhalée !

Le réchauffement ne doit pas être brutal (risque de fibrillation ventriculaire).

Dans 15 % des cas, il existe une noyade à poumons secs (pas d'inhalation).

LA NOYADE SE DÉROULE EN CINQ PHASES :

1. Agitation en surface et appel à l'aide.

2. Submersion : spasme laryngé avec apnée réflexe et syncope.

3. Reprise de la ventilation avec inondation alvéolaire (noyade).

4. Convulsions par anoxie cérébrale.

5. Arrêt cardio-respiratoire.