Les piqûres par animaux marins - L'Infirmière Libérale Magazine n° 184 du 01/07/2003 | Espace Infirmier
 

L'infirmière libérale magazine n° 184 du 01/07/2003

 

Soin spécifique

Formation continue

Fiches techniques

En vacances à La Rochelle, vous décidez d'aller vous baigner. Alors que vous avancez dans l'eau, vous ressentez soudain une vive douleur à la plante du pied. La douleur devient rapidement atroce...

À SAVOIR

> Vives

D'une taille de 10 à 35 cm, la vive (Trachinus Draco) est un poisson présent sur tout le pourtour du littoral français, où elle vit enfouie dans le sable, ne laissant dépasser que sa nageoire dorsale.

Lorsque le baigneur marche dessus, la nageoire se redresse et injecte un puissant venin, provoquant chez la victime une douleur atroce pouvant aller jusqu'à la syncope.

> Raies

De multiples espèces de raies possèdent, sur leur queue, un ou plusieurs aiguillons à l'origine de piqûres très douloureuses. Sur les côtes françaises, la raie pastenague (Dasyatis Pastinaca) est très répandue.

> Rascasses

Rascasses et poissons-pierre possèdent comme la vive des épines dorsales très vénéneuses. De plus, leur faculté de mimétisme rend leur détection très difficile. Les poissons-pierre de l'océan indo-pacifique sont responsables d'accidents mortels. Dans toutes ces envenimations, le sujet ressent une douleur intense, suivie de sensation de brûlures et d'engourdissement, pouvant aller jusqu'au choc anaphylactique avec collapsus.

> Méduses

Les méduses, groupe des Coelentérés, sont des animaux translucides nageant entre deux eaux et piquant par l'intermédiaire des cellules urticantes de leurs tentacules (les nématocystes). Certaines méduses tropicales sont extrêmement vénéneuses. Le contact avec celles du littoral français est généralement bénin mais peut aller parfois jusqu'à la syncope et provoquer la noyade.

> Les physalies

Les physalies, cousines géantes des méduses, sont un ensemble de micro-organismes évoluant dans les régions tropicales et restant en surface grâce à un flotteur. La plupart sont très urticantes et certaines, comme la « galère portugaise », peuvent provoquer des chocs anaphylactiques mortels. Le sujet ressent immédiatement après le contact, une douleur semblable à une décharge électrique, qui se transforme par la suite en sensation de brûlure. Secondairement apparaît un érythème qui suit le trajet de contact avec les tentacules de l'animal.

GESTES PRATIQUES

> Matériel

cigarette + feu

eau chaude

carte de crédit ou rasoir

> Piqûres de vives, raies, rascasses

Allongez la victime.

Retirez le ou les aiguillons de la plaie.

Ces venins étant thermolabiles (détruits à partir de 56°), approchez de la plaie le bout incandescent d'une cigarette, sans brûler la peau, pendant au moins 15 minutes.

Plus pratique, vous pouvez faire tremper la plaie dans de l'eau chaude (supérieure à 56°), non bouillante, pendant 15 minutes minimum.

Désinfectez à l'eau de Javel, diluée à 5 %, si aucun autre antiseptique n'est disponible.

S'il existe des signes de choc anaphylactique (malaise, pâleur, fréquence cardiaque augmentée, marbrures sur le corps), appelez les secours médicaux.

> Piqûres de méduses

Rincez la plaie avec de l'eau de mer (l'eau douce ferait éclater les cellules urticantes présentes sur la plaie et relarguer du venin) jusqu'à disparition des symptômes.

Les tentacules transparents restent souvent accrochés à la plaie. Retirez-les à la pince ou avec un gant.

Mettez du sable sur la plaie et laissez-le sécher.

Puis passez la tranche d'une carte de crédit, ou équivalent, sur le sable séché, afin d'enlever les cellules urticantes qui subsistent. Vous pouvez aussi épiler la zone concernée avec un rasoir et de la mousse à raser. L'acide acétique à 5 % (vinaigre) ou l'alcool à 70° ont une action apaisante et antiseptique.

Appliquez de la glace sur les plaies à titre antalgique.

À NOTER

Ne pas inciser la plaie, ni la sucer, ni la faire saigner.

Ne pas toucher les méduses échouées sur la plage dont les tentacules restent urticants.

L'efficacité de la chaleur à proximité de la plaie n'est valable que pour les envenimations peu profondes.

Plus le nombre de piqûres est grand, plus l'envenimation et l'état de choc deviennent majeurs.

Un laboratoire australien fabrique un sérum contre l'envenimation des poissons-pierre et celle des cuboméduses.