La bronchiolite - L'Infirmière Libérale Magazine n° 189 du 01/01/2004 | Espace Infirmier
 

L'infirmière libérale magazine n° 189 du 01/01/2004

 

Formation continue

Fiches techniques

DÉFINITION

La bronchiolite est une bronchographie obstructive virale qui affecte chaque hiver près d'un nourrisson sur trois (460 000 cas par an). Le pic de fréquence est généralement observé entre 2 et 8 mois. Les formes graves sont plus fréquentes chez l'enfant de moins de six semaines, chez le prématuré et chez les nouveau-nés présentant un problème de santé. Les épidémies surviennent généralement d'octobre à mars, avec souvent un pic en janvier.

La bronchiolite débute par un simple rhume et une toux qui se transforment en gêne respiratoire, souvent accompagnée d'une difficulté à s'alimenter. Cette maladie est le plus souvent bénigne, mais elle peut parfois être grave (en moyenne 10 décès par an). Normalement, l'enfant guérit au bout de 5 à 10 jours, une toux résiduelle pouvant persister pendant deux à trois semaines. Cette maladie est très contagieuse, mais quelques précautions simples peuvent en réduire considérablement les risques.

GARE AU VRS

Le virus respiratoire syncytial (VRS) est le plus souvent en cause dans les bronchiolites. Ce pneumovirus est un virus enveloppé à ARN de la famille des Paramyxoviridae. Il existe deux sous-groupes de VRS (A et B), dont la répartition diffère selon les années et les régions. Le sous-groupe A est plus fréquent chez le tout-petit et son tableau clinique est plus grave.

Le tropisme du VRS est respiratoire. Il se transmet soit directement par des sécrétions contaminées (salive, éternuements, toux), soit indirectement par les mains ou du matériel souillé. Le virus peut subsister jusqu'à six heures sur une surface inerte et, à partir de ces supports, se transmettre par manuportage.

Le rhume d'un plus grand (enfant, adulte) peut être à l'origine de la bronchiolite du plus petit. L'incubation dure de 2 à 8 jours. L'immunité acquise est incomplète et de courte durée. Une rechute est donc toujours possible.

ASTHME ET BRONCHIOLITE

La bronchiolite aiguë a des manifestations très semblables à l'asthme. On les confond parfois. Pour autant, il existe des relations entre la survenue d'une bronchiolite aiguë et la persistance de signes bronchiques chroniques obstructifs.

20 à 30 % des nourrissons ayant eu une première bronchiolite deviennent des "bébés siffleurs" : Après trois semaines, il persiste une respiration bruyante particulière qui s'exacerbe lors des infections virales, et peut s'exprimer par une nouvelle bronchiolite sifflante. Lorsque les épisodes aigus sifflants se répètent plus de trois fois dans une année chez le bébé de moins de deux ans, on parle alors d'asthme du nourrisson. Au total, entre 25 et 30 % des bébés ayant eu une bronchiolite aiguë au cours de leur trois premières années développeront un asthme ou une bronchite chronique.

Cependant, le passage à l'asthme paroxystique typique de l'enfant est moins fréquent, et la relation avec l'infection première à VRS moins établie. Il semblerait que ce soit la préexistence de facteurs de prédisposition qui déterminent d'abord l'expression obstructive d'une infection à VRS et la persistance des symptômes. Des études récentes montrent que ce passage concerne environ 20 à 25 % des nourrissons atteints, et que l'atopie est le principal facteur de risque d'une telle évolution.

CONSEILS DE PRÉVENTION

-> Se laver systématiquement les mains au savon et à l'eau avant de s'occuper d'un bébé.

-> En automne et en hiver, éviter autant que possible que les bébés fréquentent des lieux enfumés ou qu'ils soient en contact avec des personnes enrhumées (galeries commerciales, transports en commun, hôpitaux...).

-> Ne pas échanger (au sein d'une fratrie, par exemple) les tétines, biberons, sucettes ou couverts sans les nettoyer soigneusement.

-> Lorsque l'on est enrhumé, ne pas embrasser l'enfant sur le visage et porter un masque en papier pour les soins courants (tétée, biberon, toilette...).

-> Si l'enfant est enrhumé, désencombrer son nez avec du sérum physiologique.

-> Aérer la chambre de l'enfant correctement au moins une fois par jour. Maintenir une température ambiante de 19 °C.

SI L'ENFANT EST MALADE

-> En présence de signes de bronchiolite (gêne respiratoire et difficulté à s'alimenter), consulter un médecin (généraliste ou pédiatre "de ville") ;

-> suivre les prescriptions du médecin (le plus souvent, séances de kinésithérapie respiratoire à domicile) ;

-> continuer à coucher l'enfant sur le dos en mettant un petit coussin sous son matelas pour le surélever (position proclive à 30 °) ;

-> désencombrer régulièrement le nez de l'enfant avec du sérum physiologique, particulièrement avant les biberons et les repas, en utilisant des mouchoirs jetables ;

-> ne pas trop couvrir l'enfant ;

-> donner régulièrement à boire et à manger (si nécessaire, fractionner ou épaissir les repas)

-> continuer à aérer la chambre de l'enfant correctement chaque jour ;

-> éviter d'exposer l'enfant à la fumée du tabac.

L'hospitalisation n'est que rarement justifiée ;

L'enfant peut retourner à la crèche dès que les symptômes ont disparu.

CRITÈRES D'HOSPITALISATION

-> liés au terrain (âge < 6 semaines, prématurité, problème de santé...) ;

-> importance de la détresse respiratoire (fréquence > 60/mn, apnée...) ;

-> apparition de signes d'aggravation (difficulté à boire, refus d'alimentation, vomissements, diarrhée, hyperthermie...) ;

-> Conditions socio-économiques défavorables.

Pour éviter les co-infections virales (rotavirus, calicivirus...), la durée d'hospitalisation doit être la plus brève possible.

ÉDUCATION POUR LA SANTÉ

Un dépliant d'information est disponible chez les pédiatres, les généralistes, dans les services de PMI et les crèches. Il peut aussi être commandé à l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES, 42, boulevard de la Libération, 93203 Saint-Denis cedex).

Téléphone : 01 49 33 22 22. Télécopie : 01 49 33 23 90. E. mail : inpes@inpes.sante.fr

DES BÉBÉS À RISQUE ?

Certains bébés sont plus à risque que d'autres dans le cas de la bronchiolite. On peut retenir parmi les facteurs de risque :

-> anomalies respiratoires préexisantes (étroitesse des voies aériennes inférieures, dysplasie broncho-pulmonaires...) ;

-> prématurité : chez les bébés très prématurés (moins de trois semaines de gestation), l'incidence des sifflements récidivants est cinq fois plus élevée que chez les nouveau-nés à terme ;

-> antécédents d'asthme ;

-> facteurs génétiques : déséquilibre du rapport des populations lymphocitaires Th1/Th2 à la naissance ;

-> facteurs environnementaux favorisant des récidives: mode de garde en collectivité, résidence en zone urbaine... ;

-> le tabagisme des parents, surtout celui de la mère, est associé à une incidence accrue de formes graves de bronchiolite.

Documents de référence

- Anaes, Prise en charge de la bronchiolite du nourrisson, Conférence de consensus du 21 septembre 2000 Sur internet : http://www.anaes.fr

- Inpes, La bronchiolite, 2003 Sur internet : http://www.inpes.sante.fr