La MSA tire ses conclusions - L'Infirmière Libérale Magazine n° 189 du 01/01/2004 | Espace Infirmier
 

L'infirmière libérale magazine n° 189 du 01/01/2004

 

Réseaux gérontologiques

Sur le terrain

Il y a trois ans, la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole (MSA) mettait en place à titre expérimental des réseaux gérontologiques, en partenariat avec la Cnamts et la Canam. Leur but : privilégier le maintien à domicile des personnes âgées dépendantes grâce à un dispositif articulant les différents acteurs sanitaires (professionnels de santé, psychologues, hôpitaux de proximité, assistantes sociales). Mardi 2 décembre dernier, l'heure était au bilan pour les représentants des 19 sites concernés par l'opération.

Selon un rapport réalisé par la société "Ariane santé social", les résultats sont prometteurs : Avec 1200 bénéficaires, l'objectif de 1000 inclusions a été largement dépassé. Les personnes concernées relèvent à 49,6 % du régime agricole (contre 46,7 % du régime général et 3,7 % de celui des travailleurs indépendants). Elles ont en moyenne 82 ans et appartiennent à 63,5 % aux GIR 3 et 4. Parmi elles, 98 % considèrent que leur qualité de vie s'est trouvée améliorée par le réseau. Même satisfaction du côté des 628 professionnels de santé impliqués dans l'opération. « Nombre d'entre eux avaient émis quelques réserves au début, reconnaît Roger Pruvost, président de l'association de gestion du réseau gérontologique de Saint Pol sur Ternoise (62). Mais la dynamique du réseau a su les convaincre ».

Au coeur du dispositif : la communication entre les différents acteurs, dont le temps fort est la réunion de coordination. « Un temps difficile à mettre en place, vu les emplois du temps de chacun, mais indispensable à la bonne marche du réseau », souligne Joëlle Servins, secrétaire de l'association de Doué-la-Fontaine (49). Et d'insister, rapport à l'appui, sur l'importance du secrétariat, un maillon indispensable du réseau : « Une secrétaire d'association familiarisée avec le secteur médico-social et employée à temps plein est une clé du succès ». Autres points forts de l'organisation : la collaboration ville/hôpital, symbolisée par l'ouverture de l'hôpital de proximité au médecin généraliste ; l'articulation entre le sanitaire et le social, qui favorise une prise en charge globale de la personne.

Question finances, le réseau s'avère également intéressant. Un bilan tiré sur une période d'observation de neuf mois, effectué comparativement à un groupe témoin, est favorable au réseau : ses dépenses sont moindre. Surprise : l'économie ne réside pas dans une diminution du nombre de journées d'hospitalisation, mais dans le volume moindre de soins ambulatoires et dans la nature des hospitalisations. Elles sont plus fréquemment effectuées en moyen séjour, et donc moins onéreuses pour les adhérents au réseau. « Il faudra le confirmer par la suite, mais le réseau constitue un mode de prise en charge concurrentiel », conclut Thierry Boval, responsable de la mission d'évaluation.

L'expérience se poursuit donc : son agrément a été prorogé jusqu'au 31 décembre 2004 par la loi de financement de la Sécurité sociale 2003. Le temps d'améliorer quelques points, notamment la formation : « La gérontologie nous a été peu enseignée à l'université, constate le Dr Claude Besançon, médecin généraliste coordinateur du réseau de Baume-les-Dames (25). Il faut y remédier en créant des formations communes à tous, médecins, infirmières, aide-soignante ». Également en chantier : un meilleur partage de l'information entre les différents sites, ou encore l'amélioration de l'articulation entre les réseaux et les CLIC.