Les applications de froid - L'Infirmière Libérale Magazine n° 197 du 01/10/2004 | Espace Infirmier
 

L'infirmière libérale magazine n° 197 du 01/10/2004

 

Formation continue

Fiches techniques

- Le froid est utilisé en secourisme, particulièrement en milieu sportif. Il a plusieurs effets :

-> antalgique (le froid calme la douleur) ;

-> anti-inflammatoire (le froid permet d'atténuer la formation d'hématome ou d'oedème) ;

-> hémostatique (le froid a une action vasoconstrictrice qui diminue le saignement).

- De plus, le froid a l'avantage d'être bien supporté, facile à appliquer, peu cher. De ce fait, ses applications sont très larges. Le froid n'a pas les inconvénients des pommades antalgiques (risque d'allergie) et anti-inflammatoires, qui nécessitent de préférence un avis médical.

LES DIFFÉRENTS SYSTÈMES CRYOGÈNES

- La vessie de glace

C'est le système le plus simple. Les glaçons sont conservés au réfrigérateur ou en glacière. Ils sont sortis au dernier moment et conditionnés dans la vessie au moment de l'application, avec un peu d'eau. On peut appliquer un linge mouillé sur les faces de la vessie pour faciliter le transfert thermique. Attention néanmoins au risque de gelure.

La vessie peut être fabriquée sur place avec des moyens rustiques : sac de supermarché, glaçons et linge mouillé, par exemple. Après utilisation, rincer la vessie, la sécher et appliquer du talc à l'intérieur avant de la ranger, pour éviter l'adhésion des faces internes de la poche.

- Les poches de gel cryogène

Ces poches (également appelés coussins thermiques, cryogels...) sont très pratiques dans la mesure où elles peuvent aisément être modelées sur le membre traumatisé. Elles doivent être refroidies pendant plusieurs heures au réfrigérateur ou au congélateur. Elles sont transportées sur place en glacière isotherme.

Ces poches sont disponibles en différentes tailles et sont réutilisables, moyennant l'observation des règles d'hygiène habituelles. De ce fait, leur coût (environ 10 Euro(s)) est supportable.

- Les poches de "froid instantané"

Elles contiennent un sel et de l'eau, séparés par une paroi interne. Le principe consiste à rompre la paroi interne en appuyant sur la poche, ce qui provoque la dissolution du sel. Cette réaction chimique est fortement endothermique, ce qui refroidit le liquide et permet de disposer d'une source de froid. L'inconvénient est que le système n'est pas réutilisable. Les poches les moins chères coûtent moins d'un euro pièce.

- Les bombes de "spray cryogène"

Ces "bombes de froid" ont un tel effet antalgique qu'elles peuvent masquer totalement la douleur causée par un traumatisme. De ce fait, le sportif reprend souvent son activité sans précaution et le risque d'aggravation d'une lésion est grand. De plus, les sprays cryogènes sont susceptibles de provoquer des gelures graves en cas d'application inadaptée. À utiliser avec discernement.

INDICATIONS

-> Contusion simple (coup direct sur le muscle).

-> Élongation (douleur importante en cours d'activité physique qui cède au repos).

-> Tendinite (douleur du tendon lors des mouvements actifs).

-> Entorse, luxation, douleur articulaire...

-> Hématome, oedème...

N.B. : dans le cas d'accidents musculaires ou ostéo-tendineux graves (douleur importante, même au repos), on peut appliquer du froid, mais en prenant soin de vérifier qu'il est bien supporté et en le plaçant à distance du traumatisme plutôt que directement dessus (claquages, déchirure ostéo-tendineuse ou musculaire, fracture fermée, entorse grave...). Une consultation spécialisée est requise.

CONTRE-INDICATIONS

En cas de contractures et de crampes, il ne faut pas appliquer de froid, mais, au contraire, réchauffer le muscle atteint (bain chaud, massage). De même, il ne faut pas appliquer de froid sur une peau lésée (plaie, fracture ouverte...).

TECHNIQUE GÉNÉRALE D'APPLICATION

- Pour être efficace, l'application de froid doit être réalisée immédiatement après le traumatisme. Cela nécessite parfois de négocier avec la victime l'arrêt de son activité sportive. Il est nécessaire de lui expliquer les bénéfices du froid : diminution de la douleur, de l'hématome et/ou de l'oedème...

- L'application de froid doit durer 20 minutes. Moins longue, elle est moins efficace. Plus longue, elle peut avoir des effets indésirables et ne doit donc pas être prolongée.

- Il faut toujours placer entre la source de froid et le membre traumatisé une compresse humide ou un linge mouillé d'eau (pour faciliter et uniformiser les échanges thermiques).

- Il faut périodiquement vérifier l'état de l'installation et s'assurer que le froid est bien supporté (possibilité très rare d'allergie au froid). Un changement d'aspect de la peau doit faire suspecter un refroidissement trop intense (risque de gelure).

- Il est également préférable de surélever les membres refroidis.

- En cas de traumatisme grave, une consultation médicale est requise.

- La reprise de l'activité sportive doit faire l'objet d'un nouvel échauffement.

TYPOLOGIE DES LÉSIONS MUSCULAIRES

- Les lésions musculaires surviennent généralement à la suite d'un choc direct ou d'un mouvement forcé. Elles touchent le plus souvent le membre inférieur (mollet, cuisse...). La douleur peut survenir de manière très intense, provoquant l'immobilisation totale. Le muscle est alors très douloureux (au repos et à la palpation), son volume souvent augmenté.

-> La courbature est une sensation d'endolorissement et de fatigue musculaires. La douleur survient après un effort inhabituel, sans autre signe, sans conséquence.

-> La contracture est une contraction musculaire durable, douloureuse à la palpation, peu douloureuse à l'effort, qui s'aggrave en cas de poursuite de l'effort.

-> L'élongation provoque une douleur intense en cours d'effort, qui correspond à une lésion musculaire. Un avis médical est nécessaire.

-> La déchirure (claquage) est la rupture de fibres musculaires, due à un effort trop intense. La douleur est aiguë : sensation de coup de poignard provoquant l'arrêt immédiat de l'activité. Un avis médical est nécessaire, l'hospitalisation parfois conseillée.

-> La désinsertion correspond à la rupture d'un point d'attache musculo-tendineux ou ostéo-ligamentaire. L'hospitalisation est requise pour bilan et traitement chirurgical.

N.B. : il n'y a pas de corrélation systématique entre la douleur et les dégâts anatomiques.

FROID OU CHAUD ?

- Le froid (cryothérapie) est utilisé dans certaines pathologies ostéo-articulaires aiguës (contusion, élongation, tendinite, entorse...).

- En cas de contracture (torticolis, crampe...), il faut au contraire réchauffer le muscle atteint : massage, enveloppement dans une serviette chaude, bain chaud, lampe à infra-rouge...

- Le chaud (thermothérapie) est également indiqué dans les pathologies ostéo-articulaires chroniques, notamment arthrosiques.

- La thermothérapie assure une vasodilatation locale. Elle a une action antalgique et décontracturante.

GÉRER LA DOULEUR ASSOCIÉE À UN TRAUMATISME

- La douleur post-traumatique est un "signe d'appel" qui a plusieurs composantes : sensorielle, émotionnelle, cognitive et comportementale. Même si vous ne disposez pas de médicaments antalgiques, vous pouvez intervenir efficacement pour soulager la victime :

-> ne pas laisser la victime seule, prostrée dans sa douleur ;

-> ne pas minimiser la douleur, mais ne pas en exagérer l'importance non plus ;

-> rester auprès de la victime, présent, à son écoute (empathie) ;

-> demander à la victime de bien localiser et de réussir à décrire sa douleur ;

-> faire les gestes requis par la situation (premiers secours), qui peuvent s'avérer antalgiques ;

-> installer la victime en position antalgique ;

-> oser faire diversion en parlant de sujets divers avec la victime, et ce, de manière naturelle ;

-> utiliser éventuellement des techniques de contre-stimulation (tenir la main, massage doux, application locale de froid...) ou des techniques de relaxation ;

-> si besoin, administration d'antalgiques per os ;

-> application d'anti-inflammatoires locaux ;

-> surveillance et évacuation médicalisée.