Les dispositifs médicaux - L'Infirmière Libérale Magazine n° 202 du 01/03/2005 | Espace Infirmier
 

L'infirmière libérale magazine n° 202 du 01/03/2005

 

Formation continue

Fiches techniques

Qu'appelle-t-on produit de santé ? Dispositif médical ? Médicament ? Ces notions peuvent paraître simples, élémentaires, familières, évidentes... or il n'en est rien. Les produits de santé (PS) et les dispositifs médicaux (DM) font au contraire l'objet de définitions précises. Complexes, ces définitions sont souvent résumées par défaut. Ainsi :

-> « Est DM tout ustensile capable d'influer l'état de santé d'un patient par des moyens qui ne sont principalement ni pharmacologiques, ni immunologiques » (Pr Thierry Petitclerc, médecin hospitalier) ;

-> « Est DM tout produit qui n'est pas d'origine humaine et est destiné à des fins médicales, à l'exception des médicaments » (Dr Jacques Callanquin, pharmacien d'officine).

- La normalisation garantit un certain niveau de sécurité et de qualité. C'est pourquoi les DM ont fait l'objet d'un important programme de normalisation, qui comporte environ 600 normes, tant françaises qu'internationales. Les directives européennes "nouvelle approche" fixent des exigences essentielles très générales, dont le respect se traduit par l'apposition du marquage CE sur les DM. Ceux-ci peuvent alors circuler librement dans toute l'Europe.

- Trois directives européennes concernent les DM :

-> directive 90/385/CEE sur les "dispositifs médicaux implantables actifs" ;

-> directive 93/42/CEE sur les "dispositifs médicaux" ;

-> directive 98/79/CEE sur les "dispositifs de diagnostic in vitro".

- Le Code de la Santé publique (CSP) classe les DM en fonction de leur destination et du risque lié. Le CSP établit quatre classes (I, IIa, IIb et III) applicables aussi bien aux DM invasifs que non invasifs : plus le DM est en contact avec le corps, plus le numéro de la classe est élevé. Si un DM comporte un accessoire (logiciel...), cet accessoire est considéré comme un DM (de même classe que le DM).

CLASSIFICATION PRATIQUE

En pratique, on peut considérer trois catégories de DM : les matériels de soins, les aides techniques... et les autres (matériels divers).

- Les DM de soins

Ces matériels sont habituellement répertoriés par voie d'administration ou par pathologie (système respiratoire, nutrition entérale et parentérale, perfusion...).

- Les aides techniques

Elles correspondent à « tout produit, instrument, équipement ou système technique utilisé par une personne handicapée, fabriqué spécialement ou existant sur le marché, destiné à prévenir, compenser, soulager ou neutraliser la déficience, l'incapacité ou le handicap » (norme ISO 9999). Autrement dit, il s'agit de matériel permettant la réalisation de certains actes de la vie quotidienne par des personnes atteintes d'un handicap. Il existe de nombreuses classifications des aides techniques, notamment selon les grandes fonctions (communication, hygiène, mobilité, tâches domestiques...), mais aucune n'est actuellement satisfaisante.

- Les matériels divers

Ce sont les différents produits n'appartenant pas aux deux catégories ci-dessus (accessoires de confort...).

PRISE EN CHARGE

- Pour être remboursés, les DM doivent être inscrits sur la Liste des produits et prestations remboursables (LPP ou LPPR, ex-Tips). Pour ce faire, deux organismes consultatifs interviennent successivement :

-> la Commission d'évaluation des produits et prestations (CEPP), qui émet un avis sur le service rendu ;

-> le Comité économique des produits de santé (CEPS), qui émet un avis sur le tarif de remboursement.

Chaque article inscrit sur la LPPR est codé selon un code numérique à sept caractères (minimum, parfois davantage). Le tarif LPPR correspond à une base de remboursement par l'Assurance maladie. Des dépassements sont parfois demandés.

- Le Gouvernement essaie actuellement de limiter l'inflation des dépenses dues aux DM, qui augmentent de 12 % par an et qui ont atteint 2,9 milliards d'euros en 2003 (soit 6,5 % des remboursements de l'Assurance maladie).

MATÉRIOVIGILANCE

- Elle est aux DM ce que la pharmacovigilance est aux médicaments. Obligatoire depuis 1994, la matériovigilance a pour objet la surveillance des incidents ou des risques d'incidents résultant de l'utilisation des dispositifs médicaux (DM) après leur mise sur le marché. La matériovigilance comporte :

-> le signalement et l'enregistrement des incidents ou des risques d'incidents ;

-> l'enregistrement, l'évaluation ainsi que l'exploitation de ces informations dans un but de prévention ;

-> la réalisation de toutes études ou travaux concernant la sécurité d'utilisation des DM ;

-> La réalisation et le suivi des actions correctrices décidées.

- La CNM (Commission nationale de matériovigilance) siège auprès de l'Afssaps. Ses avis sont consultatifs. Toutes les délibérations sont confidentielles.

- Tout professionnel de santé libéral ayant connaissance d'un incident ou d'un risque d'incident a le devoir de le signaler à l'Afssaps (en utilisant éventuellement l'imprimé Cerfa n° 10246*02).

NETTOYAGE ET DÉSINFECTION

En ce qui concerne les DM réutilisables (en location notamment), le nettoyage et la désinfection ne sont pas (pas encore...) réglementés de manière très précise (pas d'obligation de traçabilité). Par défaut, il convient de suivre les recommandations du fabricant (quand elles existent) ou les guides de "bonne pratique".

ÉLIMINATION DES DÉCHETS D'ACTIVITÉ DE SOINS

Les déchets d'activité de soins (DAS) sont composés de :

-> déchets d'activité de soins à risques infectieux (DASRI) qui doivent être éliminés par une société agréée,

-> déchets ménagers qui suivent la filière des ordures ménagères,

-> déchets spéciaux, qui doivent suivre des filières spécifiques (cf. ILM 192, pp. 20-25).

TYPOLOGIE DES PRODUITS DE SANTÉ

- On distingue plusieurs types de produits de santé :

-> les médicaments sont soumis à une "autorisation de mise sur le marché" (AMM) délivrée par l'Afssaps. Ils ne peuvent être vendus que dans un circuit de distribution sélectif doté de contraintes réglementaires très strictes,

-> les dispositifs médicaux (DM) couvrent une large gamme, du coton au scanner. Non soumis à AMM, ces produits ne peuvent être vendus que dans un circuit de distribution sélectif avec des contraintes réglementaires spécifiques,

-> les autres produits de santé (cosmétologie...) peuvent être vendus dans tous les circuits de distribution (spécifiques ou non).

LA CODIFICATION DES PRODUITS DE SANTÉ

- Objectif : identification

-> La codification permet l'identification d'un produit, quel qu'il soit, partout dans le monde.

-> Le GTIN (Global trade item number) est un "code article" (généralement un code EAN-UCC-13 de treize caractères) permettant d'identifier un produit de manière univoque, cohérente et non ambiguë.

-> Tous les produits de santé sont codifiés en France par le Club interpharmaceutique (Cip).

-> Le code CIP est un code national qui compte sept chiffres. À terme, il devrait être intégré au code international EAN-UCC-13.

-> Il ne faut pas confondre identification avec nomenclature ou classification. Identifier, c'est attribuer au produit une référence (code GTIN ou code LPPR), un numéro de lot, voire une date de péremption. Internationale, neutre et non significative, la codification est une obligation qui incombe à celui qui détient la marque commerciale du produit (fabricant ou fournisseur le plus généralement).

-> Le système de codification repose sur des numéros d'identification (GTIN), le plus souvent représentés sous forme d'un code à barres à lecture optique. Plusieurs systèmes de codification sont utilisés par les fabricants : EAN-UCC, HIBCC... Le système EAN-UCC est le plus utilisé en France et en Europe. Le système HIBCC vient des États-Unis.

- Plusieurs systèmes

Le système de codification varie selon le type de produit de santé :

-> les médicaments ont un code AMM (sept caractères) inclus dans le code EAN-UCC-13 (treize caractères),

-> les dispositifs médicaux (DM) ont un code ACL (délivré par l'Association de codification logistique). Le code LPPR est différent, ce qui pose des problèmes d'interface entre les systèmes actuellement utilisés.

LES TROIS MODES DE DISTRIBUTION DES PRODUITS DE SANTÉ

- En France, il existe trois modes de distribution des produits de santé :

-> l'établissement de santé,

-> l'officine,

-> la grande distribution.

- Certains produits de santé peuvent être présents dans plusieurs circuits de distribution, mais les contraintes réglementaires diffèrent d'un circuit à l'autre. Ainsi, en France, la grande distribution n'est pas autorisée à vendre des médicaments.

- Pour les médicaments, le circuit de distribution fait intervenir : le fabricant (laboratoire), le dépositaire (éventuellement) et/ou le grossiste-répartiteur (éventuellement). En bout de chaîne, on trouve l'officine ou l'établissement de santé. Pour les DM, le circuit de distribution est similaire.

UNE NORME POUR LES DM À DOMICILE

La norme expérimentale XP X 50-796 définit les engagements des services des prestataires assurant la mise à disposition des DM à domicile. Centrée sur le patient, cette norme définit un référentiel commun dont l'objectif est d'assurer un service de qualité adapté à sa situation particulière.

DM : SEPT MILLIONS DE BÉNÉFICIAIRES

D'après l'Appamed, sept millions de patients utilisent chaque année des dispositifs de soins médicaux, la plupart dans le traitement de pathologies lourdes, chroniques et/ou de longue durée.

DEUX SYNDICATS PROFESSIONNELS

- Les fabricants de DM sont regroupés en deux syndicats professionnels :

-> le Snitem (Syndicat national de l'industrie des technologies médicales), qui regroupe 200 entreprises du domaine des technologies médicales ;

-> l'Appamed (Syndicat de l'industrie des dispositifs de soins médicaux), qui regroupe 55 entreprises fabriquant principalement des produits de traitement des plaies, des produits de compression veineuse, des produits d'appareillage en rhumatologie, traumatologie et rééducation (incontinence, stomies...), ainsi que du matériel d'auto-injection pour diabétiques.

SITES INTERNET

- Banques de données

-> EuroPharmat : http://www.euro-pharmat.com (banque de données sur les DM).

-> Hosmat : http://www.hosmat.com (banque de données sur les DM et les vigilances sanitaires).

-> Canwell : http://www.can-well.com (site dédié à l'enregistrement et au suivi des dates de péremption du matériel médical).

À LIRE

- Callanquin Jacques, Le matériel de maintien à domicile, Éd. Masson, 3e édition, 2004.

- Lecomte Dominique, Aides techniques aux personnes handicapées, Éd. La documentation française, 2003.

- Sales François, De la normalisation à la matériovigilance, in HMH, 2003, n° 58, pp. 8-14.