Prévenir les accidents de la vie courante - L'Infirmière Libérale Magazine n° 207 du 01/09/2005 | Espace Infirmier
 

L'infirmière libérale magazine n° 207 du 01/09/2005

 

Formation continue

Fiches techniques

- Les accidents de la vie courante (AcVC) constituent un problème de santé publique important, mais encore méconnu et sous-estimé, les AcVC étant trop souvent vécus comme des événements malheureux et imprévisibles, entièrement dus au hasard ou simplement à la malchance...

- Pourtant, des études épidémiologiques permettent désormais de mieux définir les risques d'AcVC et les circonstances de leur survenue, afin de proposer des mesures de prévention adaptées.

- La mortalité due aux AcVC est très élevée : près de 20 000 décès chaque année. Les principales causes de décès par AcVC sont : les chutes (54 %), les suffocations (18 %), les intoxications (4 %), les noyades (3 %) et les accidents causés par le feu (2 %). La mortalité par AcVC est très élevée chez les enfants et les personnes âgées de plus de 70 ans (notamment pour les chutes).

- La morbidité est également très importante, avec des conséquences invalidantes souvent graves (séquelles, déficiences, handicaps...) en particulier chez les enfants et les adolescents.

- Depuis 1986, la surveillance épidémiologique des AcVC est assurée par diverses enquêtes : enquête santé (Insee), enquête permanente des accidents de la vie courante (Epac-InVS), qui est l'extension française du recueil européen Ehlass (European home and leisure accident surveillance system). Par ailleurs, depuis 2000, l'enquête Santé et protection sociale (SPS-Irdes) s'intéresse également aux AcVC.

TYPOLOGIE DES TRAUMATISMES

- Les traumatismes sont classiquement répartis en deux groupes :

-> les traumatismes intentionnels (suicides et tentatives de suicide, agressions et violences, faits de guerre),

-> les traumatismes non intentionnels (accidents de la circulation, accidents du travail et AcVC).

TYPOLOGIE DES ACVC

- Les circonstances de survenue des AcVC présentent une grande diversité :

-> de lieux (maison, jardin, école, terrain de sport...) ;

-> d'activités (ménage, bricolage, jardinage, sport, loisirs...) ;

-> d'agents en cause (physique, chimique, électrique...) ;

-> de traumatismes (chute, suffocation, intoxication, noyade, brûlure...) ;

-> de personnes accidentées (du nouveau-né au vieillard).

- Les AcVC sont généralement répertoriés selon le lieu et l'activité :

-> accidents domestiques (maison, jardin, garage...) ;

-> accidents survenant dans les lieux publics (trottoirs, magasins...) ;

-> accidents scolaires (école, gymnase, trajet...) ;

-> accidents liés au sport ;

-> accidents liés aux jeux et aux loisirs.

N.B. : ces différentes catégories peuvent se recouper.

CARACTÉRISTIQUES DES ACVC

- Âge : la fréquence des AcVC est maximale chez les jeunes (de 10 à 19 ans), puis décroît avec l'âge (jusqu'à 70 ans environ) et augmente au-delà (notamment chez les femmes).

- Sexe : les AcVC concernent indifféremment les deux sexes. Néanmoins, les hommes sont davantage concernés par les accidents liés au sport et aux loisirs (jusqu'à 40-50 ans). Après 70 ans, les femmes sont surtout victimes d'accidents domestiques.

- Lieu : les AcVC surviennent principalement à la maison (accidents domestiques, 48 %).

- Activité : le sport (19 %) devance les jeux et loisirs (17 %).

- Lésions : contusions (39 %), plaies ouvertes (23 %), fractures (15 %), entorses (11 %).

- Parties lésées : membre supérieur (34 %), membre inférieur (27 %), tête (27 %), tronc (10 %).

- Prise en charge : consultation médicale unique (44 %), nécessité d'un suivi ambulatoire (45 %), hospitalisation (11 %) avec une durée moyenne de séjour égale à 5,5 jours.

CONSÉQUENCES DES ACVC

Selon le type d'accident

- Les accidents domestiques provoquent surtout des plaies et des brûlures (généralement peu médicalisées).

- Les accidents scolaires provoquent surtout des plaies et des entorses (avec un recours fréquent aux urgences hospitalières).

- Les accidents liés au sport provoquent surtout des entorses, des atteintes musculo- articulaires et des atteintes vertébrales (avec un recours plus fréquent au médecin traitant).

- Les accidents liés aux loisirs provoquent surtout des entorses et des traumatismes (avec un recours plus fréquent au médecin traitant).

Selon l'âge

- Les enfants de moins de dix ans sont surtout concernés par les plaies et les brûlures.

- Les jeunes de 10 à 19 ans sont surtout victimes d'entorses et de fractures.

- Les adultes de 20 à 59 ans sont principalement concernés par les atteintes musculo-articulaires et vertébrales.

- Les personnes âgées de plus de 60 ans sont surtout victimes de traumatismes et de fractures.

PRINCIPAUX ACVC

- Les chutes sont la première cause de décès par AcVC, notamment chez les adultes de 15 à 64 ans, chez les personnes de plus de 65 ans et chez les jeunes enfants. Il existe une surmortalité masculine avant l'âge de 65 ans (sex ratio = 3,5), qui s'inverse ensuite.

- Les suffocations sont la deuxième cause de décès par AcVC, notamment chez les personnes âgées de plus de 65 ans (trois quarts des décès) et chez les enfants de moins d'un an.

- Les intoxications sont la troisième cause de décès par AcVC, notamment chez les personnes âgées de plus de 65 ans (deux tiers des décès) et chez les jeunes enfants (par ingestion de médicaments et de produits ménagers).

- Les noyades sont la quatrième cause de décès par AcVC, notamment chez les adultes de 15 à 64 ans et chez les enfants (piscines, baignoires). Tous âges confondus, il existe une surmortalité masculine (sex ratio = 3,2), qui est maximale entre 15 et 64 ans (sex ratio = 4,6).

- Les accidents causés par le feu sont la cinquième cause de décès par AcVC, notamment chez les adultes de 15 à 64 ans et chez les jeunes enfants. Tous âges confondus, il existe une surmortalité masculine (sex ratio = 1,5) par noyade, qui est maximale entre 15 et 64 ans (sex ratio = 2,3).

PRÉVENTION

- Les AcVC ne sont pas une fatalité.

- Ils peuvent être évités par un surcroît de vigilance, la mise en oeuvre de précautions élémentaires et la sensibilisation des principaux intéressés (enfants, parents, personnes âgées, professionnels de santé...).

- Les adultes doivent avoir une attitude et des comportements sécuritaires : ne pas créer de situation à risque, interdire, expliquer, faire preuve de pédagogie...

QUE FAIRE ?

À la maison

- Acheter des équipements normalisés (de marque NF).

- Utiliser des produits d'entretien dont les flacons sont munis de bouchons de sécurité.

- Ranger médicaments et produits toxiques dans des endroits inaccessibles (en hauteur).

- Ne pas transvaser les produits toxiques dans des récipients à usage alimentaire.

- Aménager le logement de manière fonctionnelle (sécurité électrique, appareils de cuisson, cheminée, bougies, barbecues...).

À l'extérieur

- Être vigilant en cas de situation à risque (baignade, sport, cueillette des champignons...).

- Penser à se protéger des éléments naturels (eau, feu, soleil, animaux...).

- Avoir à portée de la main un téléphone portable et les numéros d'appel des secours (urgences, Samu, centre antipoison...).

PROTÉGER LES ENFANTS

- Pour les jeunes enfants, l'intérieur de la maison est le principal lieu à risque (> 80 %). La tête est la partie du corps la plus souvent touchée (> 60 % avant l'âge de 5 ans).

- Éviter les situations à risque (chaise près d'une fenêtre ouverte, enfant laissé sans surveillance...).

- Surveiller les enfants lorsqu'ils sont dans des lieux ou des activités à risques (cuisine, baignoire, piscine, table à langer...) en désignant un seul adulte responsable.

- Vérifier la température du biberon (surtout s'il a été réchauffé au micro-onde) et de l'eau du bain.

- Consulter le dossier réalisé par l'Inpes, intitulé Avec l'enfant, vivons la sécurité (téléchargeable sur le site Internet http://www.inpes.sante.fr).

PROTÉGER LES PERSONNES ÂGÉES

- Proposer des travaux d'adaptation du logement (accessibilité, éclairage, sécurité...) en fonction des besoins et des souhaits de la personne.

- Consulter les fiches réalisées par l'Anah (téléchargeable sur le site Internet http://www.anah.fr rubrique "technique" puis "fiches techniques" et/ou "fiches habitat santé").

À LIRE

- Cnamts, Les accidents de la vie courante en 2002, in Point Stat, 2005, n° 41.

- Inpes, Accidents domestiques : quelques réflexes pour protéger les enfants, 2005.

- Thélot Bertrand, Les accidents de la vie courante, in BEH, 2004, n° 19-20.