Prévention des chutes chez les personnes âgées à domicile - L'Infirmière Libérale Magazine n° 207 du 01/09/2005 | Espace Infirmier
 

L'infirmière libérale magazine n° 207 du 01/09/2005

 

Formation continue

Fiches techniques

- L'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes), en partenariat avec la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts), vient de publier le premier référentiel francophone de bonnes pratiques pour la prévention des chutes chez les personnes âgées vivant à domicile*.

- Ce référentiel a pour objectif de favoriser la mise en oeuvre d'interventions ou de programmes de prévention des chutes, dans le but de maintenir ou d'améliorer l'autonomie des personnes âgées vivant à domicile. Il propose une démarche d'identification des risques, ainsi que des stratégies d'intervention concrètes et pratiques.

ÉVITER LES CHUTES

- Environ un tiers des personnes âgées de 65 ans et plus, vivant à domicile, chutent chaque année. Or, les chutes peuvent avoir des conséquences physiques et psychologiques importantes : diminution de la mobilité, perte de confiance en soi, limitation des activités quotidiennes (qui accélère le déclin des capacités fonctionnelles), voire hospitalisation (notamment pour fracture de la hanche). Les chutes constituent la principale cause de décès par traumatisme (environ 9 000 décès en 1999).

- Depuis plusieurs années, des programmes de prévention des chutes chez les personnes âgées ont été lancés en France (par exemple, le programme Équilibre initié par la Cram Bourgogne/Franche-Comté) comme à l'étranger (programme Pied au Québec). De plus en plus d'acteurs de terrain s'investissent dans la réalisation de programmes de prévention des chutes.

- Néanmoins, il reste difficile à ce jour d'évaluer l'efficacité de ces programmes en terme de réduction des chutes accidentelles. Lorsqu'ils existent, les référentiels de bonnes pratiques sont la plupart du temps rédigés en langue anglaise. De plus, les recommandations proposées sont rarement détaillées et fournissent assez peu d'éléments pratiques pour mettre en oeuvre un programme de prévention des chutes. D'où l'intérêt de ce premier référentiel francophone, qui s'adresse aux intervenants de terrain (éducateurs, kinésithérapeutes, médecins, infirmiers...), aux formateurs et aux responsables de programmes de santé publique.

- Les recommandations proposées se fondent sur des niveaux d'évidence scientifique ou, pour les thématiques sur lesquelles les études manquent à ce jour, sur un consensus du groupe de travail. Le référentiel propose une démarche systématique en trois temps : connaître les facteurs de risque, identifier le risque de chute et prévenir les chutes.

CONNAÎTRE LES FACTEURS DE RISQUE

- Les principaux facteurs de risque de chute sont :

-> les facteurs socio-démographiques ;

-> les facteurs liés à l'état de santé de la personne âgée (troubles de l'équilibre et de la marche, pathologies chroniques et aiguës...) ;

-> les facteurs comportementaux (prise de médicaments, dénutrition, consommation d'alcool, prise de risque, peur de chuter, sédentarité...) ;

-> les facteurs environnementaux (dangers du domicile et de l'extérieur).

IDENTIFIER LE RISQUE DE CHUTE

- La prévention des chutes sera d'autant plus efficace qu'elle adaptera le contenu de l'intervention aux risques présentés par la personne âgée. La phase de repérage permet aux professionnels d'ajuster leurs interventions au profil de risque de la personne et d'accroître leur possibilité d'avoir un effet mesurable sur la réduction des chutes. Les deux tests de dépistage proposés par le référentiel permettent d'évaluer le niveau de risque de chute (élevé, moyen ou faible) d'une personne âgée. Ils devraient être effectués au moins une fois par an.

LE DÉPISTAGE

- Histoire de chute antérieure

-> La recherche d'une chute antérieure est effectuée par un interrogatoire simple : « Êtes-vous tombé(e) durant la dernière année ? Combien de fois ? » Une personne ayant déjà chuté présente en effet un risque significativement plus élevé de chuter à nouveau qu'une personne ne rapportant pas d'histoire de chute antérieure.

- Lever et marcher chronométré

-> Ce test d'équilibre (timed up and go ou TUG) est lui aussi très simple. Muni d'une montre indiquant les secondes (ou d'un chronomètre), on demande à la personne de se lever de sa chaise, sans se tenir à une table, de parcourir trois mètres, de se tourner et de revenir s'asseoir. Les personnes âgées vivant à domicile et n'ayant pas de troubles de l'équilibre ou de la marche réalisent cet exercice en moins de 14 secondes. Un temps supérieur à 14 secondes témoigne d'une mobilité diminuée et d'un risque de chute.

-> Selon le résultat, on orientera la personne vers le programme le plus adapté. Si la personne âgée présente un niveau de risque élevé, une évaluation plus approfondie est alors recommandée. Le référentiel présente les différents outils d'évaluation qui peuvent être utilisés.

L'ÉVALUATION APPROFONDIE

- Pour les personnes ayant déjà chuté durant la dernière année et ayant réalisé le "lever et marcher chronométré" en plus de 14 secondes, une évaluation plus approfondie est recommandée. Cette évaluation nécessite la participation de plusieurs intervenants (médecin, infirmière, aide-soignante, kinésithérapeute, aide à domicile ou aide-ménagère) au domicile de la personne.

- Il convient de vérifier de façon prioritaire :

-> les troubles de l'équilibre et de la marche,

-> les médicaments,

-> les dangers du domicile,

-> les pathologies chroniques et aiguës.

- Cette évaluation portera également sur :

-> la prise de risque,

-> la peur de chuter,

-> la dénutrition,

-> la consommation abusive d'alcool.

PRÉVENIR LE RISQUE DE CHUTE

- Selon le niveau de risque des personnes, différents types d'intervention peuvent être proposés. Pour des personnes à risque élevé, il est recommandé d'agir sur les différents facteurs de risque repérés, au moyen d'une intervention multifactorielle personnalisée qui fait intervenir plusieurs acteurs (médecin, infirmière, évaluateur au domicile, kinésithérapeute).

- En France, plusieurs Centres hospitaliers universitaires (CHU) ont créé des consultations pluridisciplinaires de la chute (Lille, Nîmes, Saint-Étienne...). Lors de ces consultations, différents types d'intervenants (gériatre, neurologue, rééducateur fonctionnel) effectuent une évaluation initiale des facteurs de risque de chute. Les résultats de cette évaluation et des propositions d'intervention sont adressés au médecin traitant. Une visite de contrôle est programmée à six mois. Ce type de consultation a prouvé son efficacité pour réduire l'incidence des chutes. Dans tous les cas, le suivi des personnes âgées participant à un programme de prévention des chutes est un facteur important de réussite.

*Bourdessol Hélène et coll., Prévention des chutes chez les personnes âgées à domicile, Éd. Inpes, 2005, 156 pages, 11,50 euros. Le référentiel peut être commandé directement auprès de l'Inpes (tél : 01 49 33 23 71 ; fax : 01 49 33 22 91 ; courrier : Inpes, Service diffusion - 42 bd de la Libération - 93203 Saint-Denis cedex - Email : edif@inpes.sante.fr).

QU'EST-CE QU'UNE CHUTE ?

- La chute correspond à l'action de tomber au sol, indépendamment de sa volonté. Elle est associée à des déficiences sensorielles, neuromusculaires et ostéo-articulaires.

- La chute est un événement multifactoriel qui nécessite une approche globale de la personne âgée.