Poser une sonde urinaire | Espace Infirmier
 

L'infirmière libérale magazine n° 224 du 01/03/2007

 

Formation continue

Fiches techniques

PRINCIPE ET BUT

Recueillir, par une sonde reliée à un collecteur, les urines d'un patient qui présente des troubles de l'élimination (rétention ou incontinence).

MATÉRIEL

- Sonde à ballonnet.

- Compresses stériles.

- Champ stérile troué.

- Lubrifiant et gel anesthésiant (pour l'homme).

- Gants stériles.

- Seringues stériles.

- Eau stérile.

- Poche à urines stérile (cf. figure ci-dessous).

- Antiseptique type Betadine® gynécologique ou Dakin.

- À domicile, des sets de sondage urinaire à usage unique sont disponibles (inscrits à la LPPR). Ils permettent une sécurité des soins pour le patient et un confort de travail pour l'infirmière libérale.

- La pose de la sonde est impérativement précédée d'une toilette génito-urinaire.

- Mettre des gants à usage unique et réaliser la toilette avec du savon doux liquide ou du savon antiseptique type Betadine® et un gant de toilette jetable. Rincer abondamment et sécher avec une serviette jetable.

DÉROULEMENT DU SOIN

Toilette aseptique :

-> installer le patient en décubitus dorsal, jambes écartées et allongées pour les hommes, jambes écartées et fléchies pour les femmes ;

-> mettre des gants stériles ;

-> désinfecter la région autour du méat urétral puis le méat avec des compresses stériles imbibées d'antiseptique et en laisser une imprégnée, en attente, sur le méat.

- Pose de la sonde :

-> ôter les gants et se laver les mains ;

-> ouvrir l'ampoule d'eau distillée, en remplir une seringue pour gonfler le ballonnet de la sonde après la mise en place de celle-ci ;

-> préparer sur un champ stérile le matériel nécessaire au sondage : sonde, sac collecteur, compresses, lubrifiant, champ troué, seringue ;

-> enfiler les gants stériles ;

-> vérifier l'étanchéité du ballonnet avec une autre seringue stérile remplie d'air ;

-> connecter la sonde et le collecteur à urines ;

-> lubrifier la sonde pour faciliter le passage et ainsi éviter de traumatiser l'urètre ;

-> installer le champ stérile troué autour du méat.

- Pour l'homme :

-> lubrifier le méat et l'extrémité de l'urètre avec un gel anesthésiant à la Xylocaïne® ;

-> maintenir la verge verticalement pour faciliter le passage du sphincter strié et introduire lentement la sonde jusqu'au moment où l'on rencontre une résistance (sphincter strié). À ce moment, abaisser la verge pour effacer la courbure de l'urètre et poursuivre doucement la progression jusqu'au franchissement du col vésical : l'urine s'écoule alors ;

-> fixer la sonde sur l'abdomen afin de respecter le trajet physiologique et éviter ainsi une escarre de l'urètre. Selon les protocoles, la fixation peut également se faire sur la cuisse.

- Pour la femme :

-> introduire doucement la sonde et attendre que l'urine s'écoule ;

-> la sonde en place, gonfler le ballonnet avec 10 ml environ d'eau stérile et tirer doucement sur la sonde jusqu'à sensation d'une résistance ;

-> retirer le champ troué (le découper) ;

-> fixer la sonde sur la face interne de la cuisse ;

-> fixer en déclive la poche collectrice d'urines ;

-> retirer les gants.

SURVEILLANCE

- La diurèse : elle doit être proportionnelle aux apports quotidiens (de 1,5 à 2 l/j), pour éviter la stase urinaire et des problèmes infectieux.

- Le bon écoulement de l'urine : vérifier la position déclive de la poche et les pliures ou écrasements éventuels du tuyau du collecteur.

- Les urines : l'aspect, la couleur, révélateurs de complications.

- La température : révélateur des problèmes infectieux.

INCIDENTS

- Fuites urinaires : vérifier le calibre de la sonde (à adapter à chaque patient), le gonflement du ballonnet, la perméabilité de la sonde.

- Impossibilité de faire progresser la sonde chez l'homme : ceci est dû à la contraction réflexe du sphincter strié. Ne jamais forcer en raison du risque de perforation de l'urètre et attendre le relâchement du spasme pour poursuivre.

- Sonde posée dans le vagin car le repérage du méat est parfois difficile : la retirer et recommencer avec une autre sonde.

- L'infection : elle est caractérisée par des brûlures, une sensation de gêne, des envies fréquentes d'uriner, des urines foncées parfois malodorantes, des douleurs pelviennes. C'est souvent la température qui permet de déceler l'infection, qui est confirmée par un ECBU.

CONSIGNES ET CONSEILS PRATIQUES

- Une toilette intime au savon liquide doux doit être réalisée deux-trois fois par jour ou plus si le patient est souillé. La désinfection au Dakin® de la sonde après la toilette n'est pas nécessaire.

- Le système sonde/collecteur doit être maintenu clos : lors de la pose, lors des prélèvements d'urines effectués sur le site prévu à cet effet à l'aide d'une seringue et d'une aiguille stérile, lors de la vidange de la poche effectuée à partir du robinet, et lors de l'ablation de la sonde.

- Il est nécessaire chez l'homme de recalotter le gland après la toilette pour éviter un oedème compressif douloureux.

- Il faut toujours dégonfler le ballonnet en retirant l'eau à l'aide d'une seringue lors de l'ablation de la sonde.

- Avant le retrait de la sonde, il ne faut pas effectuer d'épreuves de clampage qui favorisent l'atonie musculaire.

- Il est nécessaire de choisir le lubrifiant en fonction du type de sonde (latex, latex siliconé ou silicone), la vaseline détériorant le latex.

- Le changement de sonde est à effectuer :

-> 1 fois par mois pour une sonde en silicone ;

-> tous les 3 à 5 jours pour une sonde en latex ;

-> tous les 2 à 10 jours pour une sonde en latex siliconé.

- Ne pas utiliser de sérum physiologique pour gonfler le ballonnet car il peut le détériorer.

- En ce qui concerne les prélèvements urinaires :

-> ECBU : prélever un échantillon des urines avec une seringue stérile au niveau du site de ponction situé à l'extrémité du tuyau du collecteur, après avoir clampé celui-ci. On désinfecte au préalable le site avec une compresse imbibée de Betadine® laissée en contact pendant une minute (le prélèvement peut également être réalisé avec le système Vacutainer) ;

-> ionogramme urinaire : prélever les urines dans la poche par le dispositif de vidange ou dans le bocal.

- En ce qui concerne la vidange du collecteur à urines, elle est à effectuer aseptiquement par le robinet inférieur :

-> mettre des gants à usage unique ;

-> désinfecter l'embout de vidange avec une compresse bétadinée ;

-> vidanger les urines dans le flacon de recueil après ouverture du clamp, sans toucher aux bords du bocal ;

-> réinsérer l'embout avec la compresse bétadinée dans le site de protection ;

-> se laver les mains.

ÉVALUATION DE LA QUALITÉ DU SOIN

- La procédure de pose et les règles d'asepsie sont scrupuleusement respectées.

- La sonde est posée sans occasionner de douleur chez le patient ; elle est raccordée au collecteur d'urine.

- Les urines s'écoulent normalement.

À SAVOIR

- La pose et le retrait d'une sonde urinaire sont des actes de soins infirmiers réalisés sur prescription médicale (art. 4311-7).

- Le premier sondage vésical chez l'homme en cas de rétention est un acte médical (art. R. 4311-10).

- Le change d'une sonde vésicale, ainsi que la surveillance de l'élimination urinaire, est un acte de soin infirmier relevant du rôle propre de l'infirmière (art. R. 4311-5).

- Changement de sonde urinaire à demeure chez la femme : AMI 3.

- Changement de sonde urinaire à demeure chez l'homme : AMI 4.