Les patients se rebiffent - L'Infirmière Libérale Magazine n° 234 du 01/02/2008 | Espace Infirmier
 

L'infirmière libérale magazine n° 234 du 01/02/2008

 

Franchises médicales

Actualités

L'Événement

Un patient a arrêté son traitement depuis septembre et vient de rendre publique son action : les franchises ne sont pas satisfaisantes. Depuis, trois autres malades lui ont emboîté le pas afin de protester également contre le dispositif.

« Coupables d'être malades » ? Les franchises médicales, en vigueur depuis le 1er janvier, n'ont pas fini de provoquer la colère des patients. Les dérogations accordées aux femmes enceintes, aux mineurs et aux bénéficiaires de la CMU ne suffisent pas à calmer les personnes ayant recours à des soins fréquents.

En cause, notamment, les effets de seuil. Des malades vivent en effet en situation de précarité sans être affiliés à la CMU, comme certains handicapés. L'allocation pour adultes handicapés, fixée à 621,27 euros, dépasse ainsi de 15 euros le revenu maximum pour être affilié à la CMU complémentaire, relève la Fédération des associations pour adultes et jeunes handicapés (Apajh). Conséquence : les franchises vont marginaliser « encore un peu plus » les handicapés.

Grève des soins

Autre épine dans le pied de Roselyne Bachelot : Bruno-Pascal Chevalier, un travailleur social séropositif, âgé de 45 ans, a annoncé qu'il avait arrêté son traitement pour protester contre les franchises. Contaminé depuis deux ans par le virus du sida, il a entamé depuis septembre une « grève des soins », attendant le mois de janvier pour rendre son action publique. « Je voulais être certain de ma décision, en mesurer tout l'enjeu, avant de la rendre publique », a indiqué Bruno-Pascal Chevalier.

Une décision d'autant plus grave que d'autres malades lui ont emboîté le pas. « Je leur écris à chaque fois "ne faites pas ça". Je veux juste que les patients qui renoncent à se soigner par souci d'économie prennent la parole. Ce que je fais au grand jour, plein de gens le font silencieusement. » Trois autres malades chroniques, un diabétique et deux insuffisants rénaux, ont également annoncé qu'ils arrêtaient leur traitement.

Reçu au ministère de la Santé « de manière officieuse », Bruno-Pascal Chevalier n'a rien obtenu de Roselyne Bachelot. « Elle m'a simplement écouté, m'a dit que je devais reprendre mon traitement. Je pense qu'elle voulait me tester, voir s'il y avait du monde derrière moi. » Lors de ses voeux à la presse, le 18 janvier, la ministre s'est posée en « défenseur de la démocratie ». « On n'a pas le droit de jouer avec sa santé », a déclaré Roselyne Bachelot, qui ne veut toutefois « pas juger » les grévistes.

« Acte courageux »

Nicolas Sarkozy, de son côté, s'est contenté de défendre les franchises, estimant qu'elles représentaient « une somme qui reste modique », et indiquant, contrairement au texte de loi voté, que les franchises seraient remboursables par les mutuelles dans le cadre des contrats responsables.

Bruno-Pascal Chevalier affirme avoir reçu de nombreux soutiens du monde politique et associatif, notamment de la mairie de Morsang-sur-Orge (Essonne), dont il est un employé. Marie-Georges Buffet, secrétaire nationale du PCF, a salué « un acte courageux ».

Les franchises, notamment destinées à financer le plan Alzheimer, sont de 50 centimes par boîte de médicaments et par acte paramédical, et de 2 euros par transport sanitaire. Leur plafond est fixé à 50 euros par an et par patient. Elles s'ajoutent au forfait de 1 euro par consultation, également plafonné à 50 euros par an.