Gérer les oublis de prise

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L'infirmière libérale magazine n° 236 du 01/04/2008

Cahier de formation

savoir faire

Laure, Idel, se rend deux fois par semaine chez madame T., 75 ans, pour un prélèvement prescrit pour une surveillance d'INR. Cette patiente est sous AVK depuis peu de temps. Lorsque Laure arrive ce matin, madame T., un peu ennuyée, lui avoue qu'elle n'a pas osé déranger le médecin pour si peu, mais, voilà, elle vient de s'apercevoir qu'elle a oublié de prendre son comprimé de Préviscan® la veille au soir. Que doit-elle faire ? L'oubli datant de plus de 8 heures, madame T. ne doit pas prendre le comprimé oublié. En revanche, il faut accompagner le prélèvement d'une note précisant cet oubli, qui va conduire à faire baisser l'INR, et prévenir le médecin.

QUE FAIRE EN CAS D'OUBLI ?

30 % des patients déclarent oublier une prise de temps en temps. Il est indispensable que tous sachent que faire en cas d'oubli.

• Oubli de moins de 8 heures

Si l'oubli est remarqué dans les 8 heures qui suivent l'heure habituelle de la prise, la dose peut être rattrapée. Par exemple, lors d'une prise habituelle à 20 heures, le patient oublie. Mais en se couchant à 23 heures, il s'en rend compte, ou bien il se réveille à 2 heures du matin pour aller aux toilettes et se rend compte de son oubli : il prend alors le comprimé.

• Oubli de plus de 8 heures

Au-delà de 8 heures d'oubli, la prise doit être sautée. Il faut alors contacter le médecin qui recommandera en principe de faire un INR le lendemain. En aucun cas il ne doit doubler la dose pour rattraper un oubli.

• Si le patient ne sait plus

Si le patient ne sait plus s'il a pris son comprimé, il doit sauter la prise et contacter son médecin.

POSOLOGIE EN ALTERNANCE

• Nécessité d'ajuster les doses

La posologie des AVK étant ajustée au millimètre près, il arrive que les médecins prescrivent d'alterner un jour 1 cp et le lendemain 3/4 de comprimé. Environ 30 % des patients sont ainsi en posologie variable selon les jours.

• Comment réaliser l'alternance

En cas d'alternance, et pour éviter tout risque d'erreur, le patient doit reporter le nombre de comprimés à prendre sur un calendrier, et rayer les prises au fur et à mesure.

->La solution "jours pairs = telle dose", "jours impairs = telle dose" n'est pas bonne car au moment des changements de mois, tels que janvier/février, mars/avril, mai/juin..., deux jours de suite sont impairs et donc les prises ne sont plus alternées. L'INR, s'il est vérifié dans les jours qui suivent, sera faussé.

-> L'alternance est également possible un jour sur trois, notée par le médecin. Par exemple : Previscan®, 1, 1, 3/4. Il faut s'assurer que le patient a bien compris cette posologie (qui ne veut pas dire 1 comprimé matin, 1 à midi et 3/4 le soir !) et qu'il a inscrit les posologies à prendre sur un calendrier.

• Les posologies usuelles

Les posologies les plus souvent rencontrées pour Previscan® ou Sintrom® oscillent entre 3/4 de comprimé, et un comprimé et demi par jour pour un INR de 2 à 3. Toute posologie supérieure doit être bien vérifiée et confirmée par le pharmacien ou le médecin.

Dans de très rares cas, Sintrom®, peut être prescrit en deux prises par jour, par exemple 1/2 comprimé matin et soir. Cela doit alors être écrit en clair sur l'ordonnnance.

VRAI-FAUX

Les AVK doivent être pris le soir.

Vrai. Les AVK se prennent toujours le soir. Cela permet d'ajuster la posologie le soir même lorsqu'on a un résultat d'INR dans la journée. Si la prise a lieu le matin, un INR fait dans la journée ne permet d'ajuster la dose que le lendemain matin.

Question de patient

Mon médecin a marqué sur l'ordonnance : Préviscan®,1 cp, 3/4 cp. Dois-je prendre un comprimé le matin et 3/4 le soir ?

Non ! Il s'agit d'une habitude de prescription que l'on rencontre assez souvent, mais il s'agit de posologies à alterner un jour sur deux et en aucun cas de prises à cumuler dans la même journée.