La pompe à insuline - L'Infirmière Libérale Magazine n° 236 du 01/04/2008 | Espace Infirmier
 

L'infirmière libérale magazine n° 236 du 01/04/2008

 

Cahier de formation

le point sur

Aujourd'hui, environ 15 000 patients diabétiques insulinodépendants bénéficient d'un traitement par pompe à insuline. Malgré son intérêt médical et pratique, cette thérapie reste sous-utilisée.

C'EST POUR QUI ?

• Indications

Sont éligibles à ce traitement :

->les patients qui, en dépit d'un traitement intensif bien adapté ont un équilibre glycémique instable voire, insatisfaisant ;

->les patients dont le mode de vie ou les besoins en insuline nécessitent une insulinothérapie flexible ;

->autres : infections chroniques, neuropathies douloureuses, intolérance aux injections.

Le préalable indispensable est que le candidat ait une insulinothérapie par injection optimisée et bien conduite.

• Intérêt médical et pratique

->La pompe à insuline constitue une alternative aux multiples injections quotidiennes réalisées avec stylos ou seringues.

->L'injection continue est plus physiologique et les modulations du traitement plus fines.

->Elle favorise l'atteinte d'un meilleur contrôle glycémique (source AFD) comparée à l'insulinothérapie conventionnelle.

->Elle simplifie la prise en charge quotidienne du traitement (liberté des horaires, souplesse des rythmes, adaptations nécessitées par les activités sportives et la composition en sucres des repas...) et améliore la qualité de vie de certains patients.

• Limites du dispositif

->La pompe n'est pas un pancréas artificiel. Elle n'adapte pas automatiquement son débit aux variations de la glycémie. D'où l'importance de l'autosurveillance glycémique.

->Elle nécessite une hospitalisation pour former le patient à son utilisation.

->L'aspect technique peut constituer un frein pour certains patients.

->Le port de la pompe 24h/24h. Il est néanmoins possible de s'en séparer (pour prendre une douche ou se baigner, par exemple) mais pas au-delà d'une heure ou deux.

->Difficile de porter des vêtements moulants l'été.

QUEL EST LE PRINCIPE ?

• Le matériel

La pompe à insuline est un appareil de la taille d'un bipeur. Il fonctionne à piles (batterie) et est composé de trois éléments principaux :

->un boîtier contenant un réservoir rempli d'insuline ultra rapide uniquement (Novarapid® ou Humalog®) ;

->des composants électroniques qui permettent de contrôler de façon exacte la quantité d'insuline administrée par la pompe ;

->un dispositif de perfusion constitué d'une fine tubulure reliée au réservoir par une connexion et se terminant par une aiguille ou une canule souple maintenue sur la peau par un adhésif de sécurité résistant à l'eau ;

->les cinq fabricants sont Animas Novalab, Medtronic, Roche Diagnotsics, Smith Medical.

• Le choix du cathéter

-> La plupart des cathéters sont facilement déconnectables, ce qui permet de se libérer de la pompe. Attention ! Pas plus de 2 heures en raison des problèmes de réserve d'insuline.

-> Cathéter en Teflon ou cathéter métallique ? C'est très individuel. L'avantage du Teflon est un changement moins fréquent (tous les trois à cinq jours contre tous les deux jours pour la métallique). L'inconvénient est qu'il se plie plus facilement, donc moins bien adapté aux sportifs.

• Le principe "basal, bolus"

Portée en permanence sur soi, la pompe délivre l'insuline selon deux modalités :

->en continu 24h/24, 7 jours sur 7, en faible quantité pour couvrir les besoins vitaux (débit basal). Ce débit maintient le taux de glycémie dans les objectifs fixés entre les repas et durant la nuit ;

->à la demande pour couvrir les besoins additionnels (besoins alimentaires ou correction de glycémie). Au moment des repas ou lorsqu'un "rattrapage" est nécessaire, le patient programme la pompe pour qu'elle délivre un "bolus", c'est-à-dire une dose plus importante calculée en fonction de la quantité de glucides ingérée ou de la baisse de la glycémie souhaitée.

Comment ça marche ?

• Comment se porte la pompe ?

D'une manière générale, la PAI se porte au niveau de la région abdominale à l'aide d'un support permettant de la fixer à la ceinture. Toutefois, selon les modèles, différents accessoires permettent de la placer à d'autres endroits du corps en fonction de ce qui convient le mieux au patient : sur la cuisse, sur le côté ou l'avant du soutien-gorge, en bandoulière, en brassard.

• Utilisation

->La pompe est programmée par l'utilisateur en fonction des objectifs glycémiques fixés avec le médecin.

->Les débits de base sont programmés à l'avance et les bolus réglés à chaque repas.

->La programmation s'effectue à l'aide des touches situées sur le devant de l'appareil. Certains modèles de pompe sont équipés de télécommande pour plus de discrétion.

->La dose d'insuline se programme en général par incréments de une en une unité. Pour les enfants, il existe des pompes dont l'incrément est plus faibles (0,5 voire 0,025 unité).

QUELLE SURVEILLANCE ?

• En cas de problème

->Un malade n'est "lâché" à domicile avec une pompe uniquement lorsqu'il est considéré comme autonome par l'établissement spécialisé qui lui a prescrit la pompe, sur conseil d'un diabétologue.

->Tous les centres de formation pour traitement par pompe ont une garde 24 heures sur 24. Il y a toujours un médecin d'astreinte téléphonique.

• L'autosurveillance glycémique

Elle est donc indispensable. Les recommandations de bonnes pratiques (Alfediam Paramedical mars 2007) conseillent de réaliser au minimum trois contrôles de la glycémie par jour afin de détecter le plus tôt possible d'éventuels accidents hyperglycémiques (cétose) consécutifs à des excès ou à un dysfonctionnement de la pompe (système bouché, par exemple).

Questions de patient

Que faire en cas de dysfonctionnement de la pompe ?

Dans cette éventualité, les personnes munies d'une pompe doivent impérativement avoir à portée de mains une trousse d'urgence comprenant un stylo d'insuline rapide pour adopter un schéma de remplacement préalablement mis au point avec le diabétologue.

La pompe nécessite-t-elle un entretien spécifique ?

Non, ces appareils sont conçus pour durer. La plupart des utilisateurs les portent dans un étui afin de mieux les protéger contre les chocs, la transpiration et la poussière.

Combien ça coûte ?

• Les coûts indiqués (TTC) correspondent au montant du remboursement (prix maximum de vente) :

→ achat de la pompe à insuline = 2 980,38 Euro(s)

→ location de la pompe à insuline = 8,88 Euro(s) par jour

→ consommables : 1 réservoir + 1 cathéter = 24,54 Euro(s) par remplacement

→ forfait de formation technique initial = 403 Euro(s)

→ forfait mensuel (fournitures et livraison des accessoires, des consommables, astreinte 24/24, 7j/7) = 59,5 Euro(s)

• Depuis 2000, le coût de la thérapie est pris en charge à 100 % par l'Assurance maladie au titre des affections de longue durée.

(Source : AFD janvier 2008)