Foyer dans une collectivité de personnes âgées - L'Infirmière Libérale Magazine n° 241 du 01/10/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 241 du 01/10/2008

 

Cahier de formation

Savoir faire

Venue faire une prise de sang à madame Péchue, 92 ans, pensionnaire des «Joyeux Pinsons», une résidence pour personnes âgées dépendantes, vous la trouvez au lit, alors que, d'habitude, elle est toujours levée. Plusieurs de ses voisines d'étage ont elles aussi, depuis peu, du mal à se lever. Que faire ?

Faites la prise de sang puis prévenez l'infirmière de l'établissement. Chez les personnes âgées, la grippe se manifeste fréquemment par l'apparition d'une incapacité à se lever. En collectivité, un ou deux cas de grippe dégénèrent très vite en épidémie nosocomiale qui s'étend rapidement à tout l'établissement. Ce type d'épidémie est difficile à enrayer et peut causer de nombreux cas de décès quand elle est détectée avec retard.

COMMENT L'ÉVITER ?

Devoir moral

Les soignants et tous ceux qui travaillent dans une collectivité de personnes âgées ont le devoir moral d'être vaccinés contre la grippe.

Expérimentation

La preuve en a été apportée par des hôpitaux écossais qui ont sélectionné une série de services hébergeant des personnes âgées puis tiré au sort deux groupes de services.

→ Dans l'un, une promotion intensive de la vaccination antigrippale a été menée auprès des soignants. Dans l'autre groupe, aucune campagne n'a été menée. Pendant l'épidémie de grippe qui a suivi, en surveillant la mortalité chez les personnes âgées hébergées, il a été constaté que, dans les services à forte couverture vaccinale des soignants, la mortalité des personnes âgées était significativement inférieure à celle observée dans les autres services, et ce, que les personnes âgées soient ou non vaccinées contre la grippe.

→ Ces résultats ont démontré que les soignants qui ne se vaccinent pas contre la grippe mettent en péril la vie des résidents dont ils s'occupent.

COMMENT PEUT-ON LE DÉTECTER ?

Établissements propices

→ Les Établissements d'hébergement des personnes âgées (EHPA) sont particulièrement propices à la diffusion de la grippe aux personnes âgées dont le système immunitaire peut être défaillant.

→ Dès que plusieurs cas d'infections respiratoires surviennent dans un EHPA, il faut en chercher immédiatement la cause, surtout si le nombre de cas est encore très faible et se limite à deux ou trois malades.

Recherche de diagnostic

→ La grippe est le premier diagnostic à rechercher à l'aide de Tests rapides de surveillance (TRS) car une épidémie nosocomiale due à la grippe justifie l'usage immédiat des antiviraux spécifiques de la grippe, en complément des autres mesures barrières (masques, hygiène des mains, isolement).

→ Les TRS peuvent être pratiqués au lit du malade.

Plusieurs types de TRS grippe

→ Ces TRS sont très utiles dans les réseaux d'alerte et lors des épidémies nosocomiales dans les collectivités de personnes âgées. Les Groupes régionaux d'observation de la grippe (Grog) les utilisent abondamment.

→ En revanche, leur sensibilité est médiocre : les faux négatifs ne sont pas rares ; un TRS négatif ne permet pas d'éliminer définitivement le diagnostic de grippe. A fortiori, si le prélèvement est mal fait, le résultat est forcément négatif.

QUE FAIRE SI CELA SE PRODUIT ?

D'une façon générale, l'apparition de plusieurs cas d'infection respiratoire chez les résidents d'une collectivité de personnes âgées impose de réagir le plus vite possible.

Alerter la Ddass

Il est utile d'alerter la Ddass pour lui permettre de superviser les investigations virologiques faites par l'établissement, en liaison avec l'Institut de veille sanitaire.

Mise en place de mesures barrières

Il est nécessaire de mettre en place immédiatement des mesures barrières afin d'enrayer l'épidémie et de préserver la vie des résidents. Ces mesures peuvent être :

→ isolement des malades ;

→ port du masque anti-projection par les malades pour limiter la transmission des virus respiratoires ;

→ port du masque FFP2 par l'ensemble du personnel, ce qui constitue une excellente façon de freiner la diffusion de l'agent infectieux au sein de l'établissement ;

→ interdiction temporaire des visites extérieures, même si cela n'est pas toujours facile à faire admettre aux visiteurs ;

→ information interne rappelant qu'en milieu gérontologique, un soignant malade est un soignant dangereux pour ceux qu'il soigne. Il est plus raisonnable qu'il reste à l'écart tant qu'il est contagieux ;

→ usage des antiviraux quand cela est possible. Veiller à ce que les mesures barrières, antiviraux inclus, soient comprises par tout le personnel et utilisées sans perdre de temps dans tout l'établissement.

En ce qui concerne les pensionnaires grippés depuis plus de 48 heures, il est peu utile de leur prescrire des antiviraux (c'est trop tard).

À savoir

Si la grippe n'est pas en cause, il peut s'agir notamment d'une épidémie de Virus respiratoire syncytial (VRS). Ces épidémies surviennent en France avec une régularité de métronome, entre novembre et février, avec un pic au moment des fêtes de fin d'année. Dans ce cas, l'usage des antiviraux spécifiques de la grippe ne présente pas d'intérêt.