L'hépatite C - L'Infirmière Libérale Magazine n° 241 du 01/10/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 241 du 01/10/2008

 

Une pathologie

Cahier de formation

Le point sur

En France, l'infection par le virus de l'hépatite C (VHC) est la cause la plus fréquente des hépatites chroniques virales. Bien que le diagnostic soit souvent tardif, le pronostic de cette maladie peut être favorablement influencé grâce au dépistage et à l'efficacité des traitements disponibles.

Définition

L'infection par le virus de l'hépatite C provoque une inflammation des cellules hépatiques. Environ 300 000 personnes sont porteuses du VHC en France ; près de la moitié l'ignore. Souvent asymptomatique, l'infection par le VHC est caractérisée par une grande latence clinique et devient chronique chez 8 patients sur 10.

Mode de transmission

Ce virus est surtout transmis par le sang.

Avant 1992, la transfusion sanguine constituait le mode majeur de contamination. Ce mode de transmission est devenu très rare, suite à la mise en oeuvre du dépistage systématique des anticorps anti-VHC sur tous les dons du sang.

Aujourd'hui, la toxicomanie par voie intraveineuse représente plus de 70 % des nouvelles contaminations.

Diagnostic

On estime que, dans 25 % des cas, la découverte de la maladie est liée à l'existence d'un facteur de risque connu mais que, dans près de 70 % des cas, le diagnostic est posé fortuitement au décours d'un bilan de santé, d'un don de sang, d'un bilan pré-opératoire pré-transfusionnel ou d'une démarche diagnostique lors de la découverte d'un cancer du foie ou d'une cirrhose.

Le dépistage

Qui dépister ?

→ Est concernée par le dépistage toute personne ayant reçu avant 1992 : une transfusion sanguine ou de facteurs dérivés du sang ; une intervention chirurgicale lourde ; un séjour en réanimation ; un accouchement difficile ; une hémorragie digestive, une pathologie néonatale grave, une exsanguino-transfusion ; une greffe de tissu ou d'organe.

→ Sont aussi concernés, quelle que soit la date : toute personne hémodialysée ou ayant utilisé une drogue par voie intraveineuse ou pernasale ; les enfants nés de mère séropositive pour le VHC.

→ La HAS engage à proposer un test de dépistage aux personnes : présentant une élévation des transaminases ALAT/SGPT ; séropositives pour le VIH ou porteurs du VHB ; ayant un antécédent d'ictère non expliqué ; présentant une asthénie prolongée inexpliquée et prolongée ; incarcérées (partage d'objets coupants, pratiques addictives) ; tatouées ou ayant des piercing ; ayant reçu des soins dans des pays à forte prévalence...

Modalités du dépistage

Chez les personnes à risque, il convient de rechercher la présence d'anticorps anti-VHC à partir d'un prélèvement de sang.

→ En cas de résultat positif ou douteux, un test de contrôle doit confirmer le résultat. Il couple la recherche des anticorps (Ac) anti-VHC et la recherche qualitative de l'ARN du VHC par PCR (Polymérase Chain Reaction).

→ En cas d'Ac anti-VHC positifs et d'ARN viral négatif, les sujets ayant été en contact avec le virus l'ont éliminé et ne nécessitent aucun suivi particulier. Cela concerne environ 30 % des sujets Ac anti-VHC positifs.

→ L'infection chronique est confirmée en cas d'Ac anti-VHC positifs et d'ARN viral positif. Il convient alors de réaliser un bilan pour juger de l'opportunité de la mise en route d'un traitement.

Bilan préthérapeutique

L'instauration d'un traitement antiviral repose sur différents critères :

l'augmentation des transaminases : elle oriente vers un traitement ;

la charge virale : elle est prédictive de la bonne réponse au traitement. Plus la charge virale est élevée, plus la probabilité de réponse au traitement est réduite ;

le génotype viral : le génotype conditionne la stratégie thérapeutique et permet d'établir la durée optimale du traitement (on distingue 6 principaux génotypes numérotés de 1 à 6) ;

le bilan lésionnel : il permet d'évaluer par ponction biopsie hépatique le stade de fibrose (F0 à F4 = score Métavir) et d'inflammation hépatique (A0 à A3). En cas de génotype 2 ou 3, la biopsie hépatique n'est pas justifiée si le patient accepte un traitement car celui-ci a toutes les chances d'apporter la guérison quelle que soit la sévérité des lésions hépatiques. En cas d'hépatite C liée au génotype 1 ou 4, la réponse au traitement est plus aléatoire (de l'ordre de 50 %) justifiant de traiter prioritairement les malades ayant une fibrose significative. Si la fibrose est limitée, le traitement n'est pas obligatoire.

Traitement de l'hépatite C

Objectif

Prévenir les complications de l'infection (cirrhose, cancer). La bithérapie interféron pégylé/ribavirine constitue (sauf contre-indications) le traitement de référence de l'hépatite C chronique.

Schéma thérapeutique

L'interféron pégylé est un interféron conjugué au polyéthylène glycol. La pégylation de l'interféron permet de maintenir des taux sériques stables avec une seule injection par semaine. Associé à la ribavirine, l'interféron pégylé est non seulement plus efficace mais aussi plus confortable pour le patient : l'administration passe de 3 injections sous-cutanées par semaine à une injection hebdomadaire.

Efficacité du traitement

Les études d'efficacité de cette bithérapie montrent une réponse virologique prolongée dans 40 % des cas chez les sujets porteurs d'un virus de génotype 1 et dans 80 % des cas pour les génotypes 2 et 3, soit plus 1 patient sur 2 guéri grâce à la bithérapie. En cas de contre-indication à la prescription de la ribavirine, l'interféron pégylé peut être utilisé en monothérapie avec une réponse virologique durable dans 30 % des cas.

Vie quotidienne

Psychologie

→ L'hépatite C chronique est souvent associée à la menace d'un cancer du foie. Si cette évolution est possible, elle reste faible. Par ailleurs, les effets indésirables du traitement constituent un obstacle à l'observance.

→ Encourager les malades. Les troubles dépressifs, la fatigue, voire la perte de cheveux disparaissent à l'issue du traitement.

Alimentation

→ Le patient peut manger ce qu'il veut mais il ne doit pas prendre du poids, ou en perdre en cas de surcharge pondérale (pour limiter le développement de la fibrose hépatique).

→ Une consommation d'alcool régulière est un facteur de progression de la maladie vers la cirrhose et diminue la réponse thérapeutique. Il est primordial de ne pas boire d'alcool. Une hydratation correcte est indispensable pour limiter le syndrome pseudo-grippal induit par l'interféron et la fatigue.

Activité physique

Une activité physique régulière est conseillée malgré la fatigue occasionnée par la maladie et/ou le traitement.

Injections à domicile

Pour préserver leur autonomie, certains patients préfèrent prendre en charge leurs injections à domicile. Dans ce cas, l'infirmier doit leur apprendre à préparer, voire reconstituer le produit, réaliser le geste dans les conditions d'asepsie requise et leur donner quelques conseils pratiques tels que :

varier le site d'injection (face antérieure de la cuisse, ventre, face externe du bras pour limiter les réactions d'hypersensibilité locale),

conserver l'interféron à une température inférieure à 25°, si possible entre 4 et 8° C.

Question de patient

Comment éviter de transmettre le virus à ses proches ?

La prévention consiste surtout à éviter tout contact de sang à sang. Il est notamment conseillé de ne pas partager les objets de toilette pouvant être en contact avec du sang : rasoir, ciseaux à ongles, brosse à dents et matériel d'épilation.Il est aussi recommandé de se faire dépister lorsque l'on vit ou que l'on a vécu avec une personne VHC positive.