Maison de santé

Le déplacement du chef de l'État dans une maison de santé pluridisciplinaire jeudi 18 septembre a valeur de symbole : celle de Bletterans, petite commune jurassienne de 1400 habitants, fonctionne depuis sept ans sur un modèle que nos décideurs aimeraient bien voir se développer sur tout le territoire. Pas moins de six professions de santé, dont cinq infirmières, regroupées dans une même structure en plein coeur d'une zone rurale. Ressentie comme un geste fort par certains, comme une provocation par d'autres, cette visite éclair intervient à la veille de la concertation sur le projet de loi HPST «Hôpital, Patients, Santé et Territoires» programmée du 15 au 30 septembre. Cela fait toujours du bien à l'ego professionnel infirmier d'être félicité par la ministre de la Santé d'avoir eu une «démarche responsable» en signant l'avenant sur la revalorisation des tarifs et la régulation de l'offre de soins le 4 septembre dernier. Ce qui n'est d'ailleurs pas sans agacer quelque peu les médecins libéraux attendus prochainement au tournant des réformes... Pas question pour autant de se laisser endormir par de bonnes paroles. Aucune concertation n'a été prévue avec les infirmiers libéraux sur le projet HPST. Ces derniers représentent pourtant une partie non négligeable de l'offre de soins ambulatoires. Une mise à l'écart difficilement acceptable. À l'heure où la cour des Comptes épingle des dépenses en soins infirmiers qui augmentent, il y a quelques soucis à se faire tant sur les prescriptions en amont que sur les récupérations des soins par d'autres intervenants moins qualifiés. Pourtant, ce constat devrait être perçu comme un élément positif : la durée moyenne de séjour hospitalier étant de plus en plus courte, il est plutôt rassurant pour nos concitoyens de savoir qu'ils pourront bénéficier d'une continuité des soins à domicile. De qualité. Maison de santé pluridisciplinaire ou pas.