La prévention des infections urinaires - L'Infirmière Libérale Magazine n° 242 du 01/11/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 242 du 01/11/2008

 

La prévention

Cahier de formation

Le point sur

Première partie : prévention des infections communautaires Fréquentes, généralement bénignes mais souvent récidivantes, les infections urinaires peuvent souvent être prévenues par l'hygiène de vie et l'hygiène des soins.

Les infections urinaires représentent un des motifs les plus fréquents de consultation (plus de 5 millions par an en France) et constituent la première cause d'infection. Majoritairement féminines, leur prévalence augmente de plus de 1 % par décennie pour atteindre 10 % chez les femmes âgées de plus de 70 ans.

L'anatomie des femmes en question

Environ 40 à 50 % des femmes font une infection urinaire au moins une fois dans leur vie. La prédominance féminine de ces infections tient à leur anatomie : proximité de l'orifice vaginal et de l'anus favorisant l'exposition microbienne ; canal de l'urètre, très court (3 cm au lieu de 16 chez l'homme), favorisant la migration des germes vers la vessie ; trigone (partie située à la sortie de la vessie) favorisant la fixation des colibacilles. Seulement 10 % des germes pénètrent dans l'appareil urinaire par voie hématogène. Dans 90 % des cas, leur pénétration s'opère par voie rétrograde, le plus souvent spontanément (infections communautaires) ou encore, dans 10 % des cas, lors de la pose d'une sonde (infection nosocomiale).

Prévention des infections communautaires

En dehors des cas liés à un contexte particulier (immunodépression, traitements corticoïdes, diabète, carence en oestrogènes), les infections communautaires peuvent être prévenues par des mesures hygiéno-diététiques visant à combattre et supprimer les facteurs de risque. Ces mesures concernent :

la ration hydrique journalière : lorsqu'elle est insuffisante, l'hydratation ne permet pas d'assurer un lavage régulier du tractus urinaire et une évacuation des germes qui y séjournent. Il est donc recommandé, pour favoriser une bonne élimination, de boire au moins un litre et demi d'eau par jour, de préférence en petite quantité, souvent, pour multiplier les mictions. Ainsi les germes ne stagnent pas, ce qui limite leur prolifération. De même, une hydratation abondante (2 à 3 litres d'eau) dès l'apparition de symptômes infectieux (brûlures mictionnelles, impériosités) permet de les soulager rapidement dans 30 à 40 % des cas ;

la vidange vésicale : de nombreuses femmes, dès leur plus jeune âge, ont pris l'habitude de se retenir d'uriner, ce qui favorise la distension de la vessie, la rétention urinaire et la prolifération des germes. Ces facteurs de risque peuvent être écartés en modifiant son comportement (éviter de se retenir trop longtemps) et en veillant à bien vider sa vessie à chaque miction pour éviter les résidus mictionnels ;

les rapports sexuels : au cours des rapports sexuels, l'urètre féminin subit des «frictions» qui peuvent être à l'origine d'une inflammation rendant la muqueuse plus vulnérable aux infections. De même, le coït peut jouer un rôle septique dans la mesure où il entraîne l'extériorisation de certains micro-organismes appartenant à l'écosystème vaginal. C'est la raison pour laquelle il est conseillé aux femmes d'uriner après chaque rapport sexuel afin d'évacuer les bactéries indésirables de l'urètre ;

les troubles du transit : qu'il s'agisse de la constipation ou de la diarrhée, les troubles du transit sont fréquemment en cause dans les infections urinaires récidivantes. La constipation favorise la pullulation des germes et leur pénétration par continuité vasculaire ou périnéale dans l'appareil urinaire et les diarrhées multiplient les risques de diffusion des germes fécaux vers l'urètre. La prévention et le traitement médical et nutritionnel de ces troubles permettent d'en éviter les effets secondaires infectieux. Il est également important de préciser aux femmes qu'elles doivent, après exonération des selles, s'essuyer d'avant en arrière pour éviter toute contamination de l'urètre avec des germes fécaux ;

l'hygiène locale : sur ce point, contrairement à ce que l'on pourrait penser, un excès d'hygiène (toilettes pluriquotidiennes) et l'emploi régulier de produits désinfectants peuvent entraîner un déséquilibre de la flore protectrice locale qui favorise la pénétration des microbes, l'infection et les récidives. Au-delà des recommandations relatives à l'hygiène locale, l'usage des produits désinfectants pour l'hygiène intime doit rester ponctuel afin de ne pas fragiliser la flore du système urinaire qui constitue une barrière naturelle contre les microbes ;

la prévention nutritionnelle : certains aliments irritent la vessie et donnent l'envie d'uriner plus souvent, ce qui justifie de recommander aux femmes qui présentent une infection urinaire d'en éviter temporairement la consommation pour limiter les mictions douloureuses. Il s'agit notamment du café, de l'alcool, des boissons gazeuses contenant de la caféine, du thé, des jus d'agrumes et des mets épicés. Par ailleurs, les alcools blancs entraînent un déséquilibre acido-basique de l'urine qui favorise le développement de certains germes particulièrement sensibles aux variations brutales du pH urinaire. Certaines femmes y sont particulièrement sensibles et doivent, en présence d'une relation de cause à effet avérée, s'abstenir de consommer ces boissons. En revanche, le jus de Cranberry (vaccinium macrocarpon) semble avoir un effet protecteur. Riche en proanthocyanidines (antioxydant), ce petit fruit rouge originaire d'Amérique du Nord présente la capacité d'inhiber la fixation des bactéries aux parois de l'urètre et de la vessie. Utilisé en cure d'entretien, il permet de prévenir les récidives d'infection mais peut également s'utiliser en cure d'attaque pour en stopper la progression.

Le mois prochain : seconde partie avec les infections nosocomiales liées aux sondes vésicales

Hygiène locale : respecter certaines règles

→ Réaliser une toilette locale à l'eau et au savon de Marseille ou un produit doux respectant le pH local (5 à 7), d'avant en arrière, une à deux fois par jour maximum.

→ Pendant les règles, changer les protections hygiéniques et les tampons plusieurs fois par jour.

→ Éviter les bains moussants et les douches vaginales (elles n'ont aucun effet contraceptif et ne protègent pas des IST).

→ Éviter les vêtements trop serrés et le port régulier de protège-slips dont les additifs perturbent la flore locale.

Les infections urinaires : trois niveaux de sévérité

Bactériurie : présence asymptomatique et sans invasion des muqueuses de germes dans les urines (> 10 puissance 5). Fréquente chez les femmes ménopausées, enceintes, les diabétiques et les hommes dont la taille de la prostate est augmentée.

Cystite aiguë : infection urinaire dite basse atteignant l'urine, la vessie et les parois vésicale et urétrale. Les cystites simples sont 50 fois plus fréquentes chez la femme que chez l'homme, avec un pic entre 20 et 30 ans. Elles résultent d'une contamination bactérienne d'origine digestive dans la plupart des cas. Les colibacilles, bactéries du tube digestif, sont incriminées dans 95 % des cas, Escherichia coli représentant 75 à 80 % des germes détectés.

Pyélonéphrite bactérienne : infection urinaire dite haute. Elle concerne les reins. Fébrile, elle peut compliquer une cystite aiguë ou survenir isolément. Elle peut être banale ou grave selon que l'appareil urinaire est normal ou qu'il existe une anomalie au niveau des voies excrétrices.