Prise en charge du patient - L'Infirmière Libérale Magazine n° 242 du 01/11/2008 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 242 du 01/11/2008

 

Cahier de formation

Savoir faire

Maria, 52 ans, est suivie pour une schizophrénie par le CMP qui vous appelle pour assurer une prise en charge biquotidienne en sus de la visite mensuelle de l'équipe du CMP. Qu'est-ce que le CMP ?

Un centre médico-psychologique ou CMP est une des unités intra- et extra-hospitalières que la loi de sectorisation met à la disposition d'un secteur pour organiser la prise en charge des patients en psychiatrie dans l'hôpital et à domicile.

LA SECTORISATION DE LA PSYCHIATRIE

Depuis 1960, l'ambition est de réinsérer dans la société la plupart des malades mentaux et d'assurer la continuité des soins par une même équipe soignante. Les secteurs sont conçus pour offrir, sur une aire géographique donnée, une organisation des soins cohérente. Il y a 829 secteurs de psychiatrie adultes, soit en moyenne un secteur pour 72 000 habitants. Concrètement, tout habitant dépend d'un secteur en particulier, selon son adresse de résidence.

Chaque secteur dispose d'une équipe pluridisciplinaire rattachée à un établissement de soins qui prend en charge des patients selon des modes et des lieux appropriés .

Bientôt, la psychiatrie sera intégrée totalement aux Sros (schémas régionaux d'organisation sanitaire général) dans le but de mieux articuler soins psychiatriques et somatiques et de rationaliser les ressources. On ne parlera plus de secteurs, ni de carte sanitaire, mais de territoires de santé et de pôles (environ 153 et une population moyenne de 374 000 personnes par territoire).

LE PARCOURS DU PATIENT

L'hospitalisation ne devrait être qu'une étape exceptionnelle dans le traitement de la schizophrénie. Les patients sont le plus souvent «hors les murs». Les CMP sont le pivot du dispositif de soins du secteur.

Les CMP

Le CMP est une unité de coordination et d'accueil en milieu ouvert, en général ouvert 5 jours sur sept, de 9 à 18 heures, organisant des actions de prévention, de diagnostic, de soins ambulatoires et d'interventions à domicile.

Il organise et coordonne les visites des équipes du secteur et toutes les actions extra-hospitalières, en lien avec les unités d'hospitalisation. Le plus souvent, les patients sont vus dans le cadre de consultations en CMP.

Mise en place du traitement

Le traitement d'un patient schizophrène est mis en place soit en ambulatoire par l'équipe soignante du CMP, soit à la suite d'une hospitalisation, soit par le médecin généraliste. Selon son état, le patient est vu par le CMP dont il dépend, de façon pluri-hebdomadaire ou pluri-mensuelle. Mais le CMP ne peut pas, sauf exception, recevoir ou visiter le patient plusieurs fois par jour afin de s'assurer qu'il prend correctement son traitement.

LE RECOURS À L'INFIRMIÈRE LIBÉRALE

Les CMP et donc les psychiatres du secteur peuvent recourir aux infirmières libérales.

Les patients concernés

Il s'agit de patients chroniques psychotiques pour lesquels on redoute une mauvaise observance et d'éventuelles rechutes ; ceux dont l'incurie est patente ; patients auto et/ou hétéro-agressifs, etc.

Les malades concernés ont besoin d'un cadre, apporté par les infirmières libérales, mais qui n'est pas toujours bien vécu par les patients...

Modes d'intervention

La libérale va assurer la gestion et la surveillance du traitement oral ou injectable ponctuel (en cas d'anxiété passagère, par exemple).

Nombre de passages à domicile : en général, 1 à 3 passages par jour pour une durée variable (quelques semaines à quelques années).

EN PRATIQUE

Prise de contact : le CMP contacte une libérale proche du domicile du patient et lui demande son accord pour gérer le traitement d'un patient.

La durée : variable, de quelques semaines à plusieurs années.

L'ordonnance : soit le CMP l'apporte à l'infirmière, soit cette dernière la récupère au CMP, à la pharmacie ou auprès du patient.

Les médicaments : ils sont gardés par le libéral (les injectables sont soit conservés au CMP, soit chez le patient) qui prépare les piluliers.

Changement de traitement : lorsqu'il y a une modification de traitement, l'infirmière du CMP appelle sa consoeur libérale pour l'avertir. De la même façon, cette dernière doit avertir le CMP des traitements somatiques.

À la moindre question, l'infirmière libérale doit contacter le CMP du secteur de son patient (ou le médecin généraliste s'il suit le patient) qui reste au centre du dispositif.

Le point de vue de...

« Les infirmières libérales peuvent nous solliciter »

Béatrice Guitard, Florence Roux, Marie-Hélène Demarne, Marie-Pierre Jeanjean, infirmières du CMP de la Rocade à Avignon (Vaucluse)

« L'infirmière libérale est une personne ressource et un repère pour le patient psychotique. Le traitement ne garantit pas la stabilisation du patient. Les facteurs de stress environnementaux peuvent rompre cet équilibre fragile. D'où l'intérêt d'être rapidement contacté par les libéraux, «facteurs» de sécurité. Ils peuvent nous poser toutes les questions dès la prise de contact afin de mieux connaître l'environnement du soin du patient. Une rencontre de l'équipe du CMP, au moins au début, permettrait de cibler au plus près les besoins individuels de chaque patient. Nous sommes ouverts et pourquoi ne pas se rencontrer au domicile du patient, lors du premier contact entre le libéral et le malade ? Un suivi téléphonique mensuel entre l'infirmier référent du CMP et la libérale serait idéal. En revanche, certains problèmes d'ordre matériel (manque de produits d'hygiène pour une toilette...) peuvent être gérés directement entre la libérale et le tuteur du patient. D'où l'intérêt de disposer de tous les contacts nécessaires à une prise en charge optimale. »