Informer - L'Infirmière Libérale Magazine n° 244 du 01/01/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 244 du 01/01/2009

 

Cahier de formation

Savoir faire

La prise en charge des patients s'imposant de plus en plus comme le domaine des praticiens hospitaliers spécialisés, l'infirmière libérale doit se concentrer sur son rôle de coordinatrice, en informant son patient et en veillant surtout à son accompagnement.

Anne vient faire un pansement de genou à Marc R. après une intervention chirurgicale. Il lui raconte une animation qu'il a suivi au lycée au sujet de la vie affective et sexuelle. Il voudrait d'autres informations sur le sida. Anne ne sait pas par où commencer.

Les jeunes abordent l'éducation sexuelle en cours de Sciences et vie de la terre (SVT). Néanmoins, lorsqu'un adolescent s'adresse à vous, profitez-en pour l'informer qu'il n'y a pas que le sida : de nombreuses MST existent. Si ses questions se font plus précises, orientez-le vers le Fil Santé Jeunes au 01 44 93 30 74 numéro gratuit à partir d'un fixe, non surtaxé à partir d'un portable.

« Contentons-nous de faire réfléchir, n'essayons pas de convaincre », George Braque. Ces mots forment la page d'accueil du Crips, centre régional d'information et de prévention du sida.

PRÉVENTION

Aujourd'hui, en France, on assiste à une banalisation du risque VIH et un relâchement des mesures de prévention de la transmission sexuelle du VIH. Prendre conscience de ce qu'est l'infection à VIH est essentiel pour la combattre efficacement. L'information porte donc sur la physiopathologie de l'infection, son histoire naturelle, la transmission et sa prévention, et le traitement de l'infection. On insiste actuellement sur l'importance de renouveler les messages de prévention, mais d'une façon plus ciblée et prenant en compte les modes de vie et l'âge.

Les adolescents

Un document téléchargeable est disponible en pdf sur le site Internet de l'institut national de prévention et d'éducation pour la santé (. sante.fr), rubrique «Les premières fois». Il s'agit d'interrogations, témoignages et conseils. Ce livret aborde des thèmes variés comme les premières fois, les infections sexuellement transmissibles, le préservatif, que faire après une défaillance dans les pratiques habituelles de prévention, mais aussi les droits des jeunes.

Les migrants

Pour aider à aborder la prévention et le dépistage les migrants : Guide de prise en charge médico-psycho-sociale des migrants/étrangers en situation précaire, fondé sur l'expérience du Comede (Comité national pour les exilés). Ce guide vise à être un outil ressource pour les professionnels confrontés à des démarches multiples : dépistage, prise en charge médicale, soutien, accès aux soins, conseil juridique, coordonnées d'associations et d'institutions. Guide à commander gratuitement auprès de l'INPES ou PDF à télécharger à partir du site.

Les homosexuels

Depuis quelques années, on note une reprise des comportements à risque. Des actions de sensibilisation sont menées par des associations de lutte contre le sida. Ces prises de risque peuvent avoir des causes multiples : la lassitude, une mauvaise information chez les plus jeunes, une volonté délibérée de s'exposer au VIH (phénomène du barebacking). La sexualité à risque est également favorisée par la prise de drogues, d'alcool et la dépression. Enfin, les traitements par trithérapies produisent un effet faussement rassurant.

TRANSMISSION DE L'INFECTION VIH

Le VIH est un virus fragile, qui se détruit rapidement à l'air libre. Il se transmet par contact sanguin, rapport sexuel, ou de la mère à l'enfant pendant la grossesse, l'allaitement ou l'accouchement.

Les modes de contamination sont majoritairement sexuels (avec un risque plus élevé des rapports homosexuels par rapport aux rapports hétérosexuels) et, dans une moindre mesure, sanguine, par usage de drogues par voie intraveineuse, par transfusion de produits sanguins et par transmission materno-foetale.

Transmission sexuelle

La sexualité est le principal mode de contamination du VIH, avec un risque estimé de transmission du VIH par voie sexuelle de 0,04 % après un rapport oral, de 0,1 % après un rapport vaginal - avec un risque plus élevé chez les femmes -, et de 0,8 % après un rapport anal entre hommes. Le risque de transmission est majoré lorsque la charge virale est élevée, en cas de lésions des muqueuses (infections sexuellement transmissibles - IST - associées, rapports traumatiques) et lors des règles.

Le seul moyen efficace pour la prévention de la transmission du VIH est le préservatif masculin ou féminin, permettant de surcroît la protection contre les autres IST. Le préservatif masculin est très efficace - à condition d'être utilisé correctement - lors de tout rapport sexuel avec pénétration, avec tout partenaire infecté par le VIH ou dont la sérologie n'est pas connue. Il faut proscrire les lubrifiants huileux qui peuvent rendre poreux les préservatifs en latex. Le préservatif féminin est une alternative également efficace : il est constitué de polyuréthane ayant l'avantage de ne pas devenir poreux avec les lubrifiants. En revanche, le prix de ce préservatif reste un obstacle important à son utilisation large.

Transmission sanguine

Chez les usagers de drogues

La transmission est très fréquente lorsque ceux-ci consomment la drogue par voie intraveineuse (injection) ou, plus rarement, par voie intranasale (sniff), et elle est associée à la transmission des hépatites B et C. Cela s'explique par le partage de seringues, de paille, de filtre, de récipient, de produit ou d'eau ayant été en contact avec le virus.

La vente libre de seringues, la diffusion de kits stériles d'injection à usage unique (Steribox) et l'accès aux traitements de substitution par la méthadone et le buprénorphine représentent des modalités efficaces de prévention.

La transfusion sanguine

La sélection des donneurs de sang, leur dépistage par une sérologie VIH depuis 1985 et par une détection de l'ARN VIH plasmatique depuis 2001, la préparation des produits ont considérablement diminué le risque de transmission du VIH par les transfusions et par les produits dérivés du sang.

Accidents d'exposition

Les accidents professionnels requièrent une prise en charge rapide et rigoureuse, identique à celle des expositions sexuelles. Le risque d'infection à VIH après exposition professionnelle est de 0,3 %. Il dépend de plusieurs facteurs : la sévérité de l'exposition liée à la profondeur de la blessure et au type d'aiguille, la nature du liquide biologique responsable (sang et liquides biologiques contenant du sang) et le statut de la personne source. Piercing et tatouages peuvent aussi être des portes d'entrée du virusVIH et des hépatites B et C. Une prophylaxie par trithérapie antirétrovirale peut être proposée dans les 48 heures suivant l'exposition, et poursuivie pendant quatre semaines, si le risque d'infection est avéré.

Transmission materno-foetale

Une mère séropositive peut transmettre le virus à son bébé pendant la grossesse, au moment de l'accouchement ou au cours de l'allaitement. Sans prise de traitement anti-VIH pendant la grossesse, 20 % des enfants sont contaminés ; avec la prise d'un traitement antirétroviral efficace, environ 1 % d'entre eux sont infectés.

L'infection de l'enfant est prévenue par une prise en charge adaptée de toute femme enceinte infectée et comporte :

→ un traitement antirétroviral efficace de la femme pendant le troisième trimestre de la grossesse ;

→ des modalités encadrées d'accouchement ;

→ un traitement antirétroviral préventif de l'enfant pendant six semaines ;

→ l'absence d'allaitement.