Le bilan lipidique - L'Infirmière Libérale Magazine n° 244 du 01/01/2009 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 244 du 01/01/2009

 

Un examen

Cahier de formation

Le point sur

Le bilan lipidique, en évaluant le taux de graisses dans le sang, permet de révéler le risque de dépôts de ces graisses sur la paroi des artères sous forme de plaque d'athérome. Une première étape avant de prendre des mesures préventives ou thérapeutiques adaptées.

Le rôle des graisses dans l'organisme

Les lipides ont de nombreuses fonctions vitales.

→ Les lipides sont des constituants des membranes cellulaires avec les phospholipides.

→ Ils apportent à l'organisme l'énergie nécessaire à son fonctionnement. Le métabolisme de 100 grammes de lipides apporte 900 calories sous forme de chaleur.

→ Ils assurent le transport de nombreuses protéines et plusieurs hormones.

→ Le tissu adipeux graisseux situé autour des organes joue un rôle protecteur.

→ Ils participent à la fabrication des hormones produites par les glandes génitales et surrénales, et à la formation des sels biliaires. Ils sont isolants cérébraux en protégeant les neurones.

→ Leur principal rôle pathogène est de se fixer sur les parois des vaisseaux et de former ainsi des plaques d'athérome responsables de la formation de caillots.

Les différents examens du bilan lipidique

L'exploration des lipides sanguins est composée de l'observation de l'aspect du sérum, du dosage du cholestérol total, des triglycérides, du HDL, le taux d'apoprotéines et du calcul du rapport LDL/HDL.

Observation de l'aspect du sérum

Le sérum est normalement limpide. Plus il est blanc, plus il y a de graisses dans le sang.

Cholestérol total

Le cholestérol est fabriqué dans le foie à partir des graisses de l'alimentation. En cas d'alimentation riche en graisses animales, le taux de cholestérol sanguin augmente.

Certaines hypercholestérolémies sont secondaires à la prise de médicaments (cortisone, pilule, rétinoïdes, antihypertenseur) ou à l'existence d'une hypothyroïdie, de troubles hépatiques et de pancréatite.

Pour un adulte sans facteurs de risque, il doit être inférieur à 2,30 g/l de sang. S'il y a des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires, il doit être inférieur à 2 g/l.

Le taux de cholestérol est diminué en cas de maladies infectieuses, de malnutrition, d'hyperthyroïdie.

Trigycérides

Ils dépendent du métabolisme des sucres. Ils sont la principale réserve énergétique de l'organisme et sont stockés dans les tissus adipeux.

Il existe des variations physiologiques. Les valeurs sont plus faibles chez le nouveau-né et chez le sujet âgé. Il y a augmentation au troisième trimestre de grossesse et sous contraceptifs oraux. Les taux sont augmentés en cas de consommation de tabac, d'alcool ou en cas d'obésité ou lors d'alimentation riche en sucre.

Une hypertriglycéridémie peut avoir pour cause : une obésité, une consommation d'alcool ou encore le diabète et une insuffisance rénale, une hypothyroïdie. L'origine peut être médicamenteuse : contraceptif oral, dérivés de la vitamine A, diurétiques thiazidiques, bêtabloquants, corticothérapie. Plus rarement : stress, hépatite virale, sida, pancréatite.

La valeur normale ne doit pas excéder 1,50 g/l.

LDH et les HDL

Les lipides sanguins sont insolubles tels quels dans le plasma. Ils circulent liés à des protéines porteuses appelées lipoprotéines.

→ HDL (High Density Lipoproteins). Elle transporte le «bon cholestérol», qui retourne au foie pour s'éliminer sous la forme d'acides biliaires. Le taux normal de cholestérol HDL doit être supérieur à 0,40 g/l chez l'homme et, chez la femme, il est de 0,50 g/l. Son élévation diminue les risques de complications cardiovasculaires.

→ Le LDL (Low Density Lipoproteins) transporte le «mauvais cholestérol». Il est dirigé du foie vers les tissus. Il se dépose sur les parois vasculaires et aboutit à la formation de lésions d'athérosclérose. Le taux «normal» est d'environ 1,2 g/l.

→ Le rapport LDL/HDL est normal lorsqu'il est inférieur à 3,55 chez l'homme et inférieur à 3,22 chez la femme.

Réalisation du bilan

Les conditions du prélèvement

Le patient doit être à jeun depuis 10 à 12 heures mais il peut boire de l'eau. Il ne faut pas avoir fait d'excès alimentaire la veille de l'examen car cela peut accroître le taux de cholestérol.

Influence des maladies

Des affections aiguës comme une hépatite virale ou une intervention chirurgicale peuvent modifier le bilan lipidique. Il varie selon l'âge et le sexe.

Fréquence des examens

Avant d'affirmer un trouble lipidique, le bilan doit être répété 2 ou 3 fois, avec un intervalle d'un ou deux mois. Des contrôles biologiques sont recommandés tous les trois mois, tant que l'objectif du traitement n'est pas atteint. Lorsque le bilan est satisfaisant après un régime sans graisses ou un traitement, il sera réalisé tous les deux ans.

Quelles maladies sont surveillées par ce bilan ?

Recherche du risque d'athérosclérose

La complication majeure de l'excès de cholestérol est la constitution d'une athérosclérose. Les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires sont : hypertension, tabac, diabète, surpoids ou obésité, sédentarité, antécédents cardiovasculaires familiaux et âge. L'association de plusieurs facteurs augmente le risque.

Suivi des maladies liées à l'athérosclérose

En cas d'atteinte des artères coronaires, il survient l'angine de poitrine (angor) pouvant aboutir à un infarctus du myocarde. Si les artères cérébrales sont touchées, des accidents vasculaires cérébraux (AVC) par thrombose sont à craindre. Dans les membres inférieurs va s'installer une artérite oblitérante des membres inférieurs (AOMI). L'hypertension artérielle rénale est due à l'obstruction des artères et artérioles rénales. Il faut surveiller les graisses dans le sang pour évaluer les risques d'accidents cardiovasculaires.

Suivi d'une contraception

Le cholestérol s'élève légèrement sous pilule. Le bilan lipidique est recherché avant la mise sous contraceptif oral. La pilule peut être prescrite jusqu'à un niveau de cholestérolémie totale égal à 3 g/l et elle est contre-indiquée en cas d'hypertriglycéridémie supérieure à 2 g/l.

Hypothyroïdie

Les hormones thyroïdiennes favorisent la destruction du cholestérol. En cas d'hypothyroïdie, il existe un risque d'élévation du cholestérol.

L'obésité

Le risque d'accident coronarien augmente avec la surcharge pondérale. L'exercice physique protège contre l'obésité, stimule la consommation d'acides gras libres, diminue les triglycérides.

Le diabète

Il favorise les lésions artérielles. Les patients ayant un diabète non insulinodépendant ont un haut risque cardiovasculaire si le HDL-cholestérol supérieur à 0,4 g/l est associé à une hypertension artérielle. Les triglycérides sont augmentés.

Surveillance des trithérapies anti-sida

Une très forte augmentation des triglycérides lors du traitement permet de déceler la survenue d'une pancréatite.

Surveillance d'une corticothérapie

Les corticoïdes sont responsables d'hypercholestérolémie. Il faut surveiller le cholestérol des patients sous cortisone à long terme.